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AU SUJET DE THIRD MILLENNIUM MINISTRIES
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Le Symbole des Apôtres
Leçon Cinq
L’Eglise
De nos jours, quand les gens entendent le mot « église », ils s’imaginent pour la plupart un grand bâtiment où les chrétiens se réunissent pour rendre un culte à Dieu. Ces bâtiments, ce sont tantôt de grandes cathédrales superbement ornées. Tantôt ce sont de petites chapelles relativement austères. Tantôt ce sont des entrepôts ou des magasins qui ont été transformés. Tantôt ce sont de simples maisons, ou des cabanes minuscules, ou des huttes, ou même des grottes où se réfugient les croyants pour échapper au danger. Mais dans le Symbole des Apôtres, tout comme dans la Bible, le mot « église » désigne avant tout le peuple de Dieu, la sainte communauté constituée de toute personne qui professe la foi au Père, au Fils et au Saint-Esprit.
Nous voici arrivés à la cinquième leçon de notre série consacrée au Symbole des Apôtres. Nous l’avons intitulée : « L’Église ». Dans cette leçon, nous allons nous intéresser aux affirmations du Symbole des Apôtres qui parlent de croire à cette institution sacrée.
C’est de l’Église dont il est explicitement question lorsqu’il est dit ceci dans le Symbole des Apôtres :
« Je crois la sainte Église universelle, La communion des saints.
Ces deux lignes du symbole se trouvent dans la partie un peu plus longue dédiée au Saint-Esprit et à ses domaines d’activité. La raison pour cela, c’est que l’Esprit est la personne de la Trinité qui est la plus directement impliquée dans la vie quotidienne de l’Église. On aurait donc pu parler de l’Église dans le cadre de la leçon consacrée au Saint-Esprit. Mais nous avons fait le choix de consacrer une leçon entière à l’Église parce que c’est un sujet absolument essentiel au christianisme et à notre vie en tant que disciples de Christ.
Comme nous l’avons dit dans une leçon précédente, beaucoup de protestants trouvent étrange de dire qu’ils croient à l’Église, comme si notre foi en l’Église était comparable à notre foi en Dieu. Quand le crédo dit que nous croyons à l’Église, cela ne veut pas dire que nous plaçons notre confiance en l’Église pour le salut. La foi qui sauve est en Christ et en Christ seul. Mais nous croyons quand même à l’Église, c’est-à-dire que nous croyons à ce que la Bible nous dit sur l’Église, notamment quand elle nous dit que l’Église est importante pour les chrétiens. Et on peut en dire autant pour ce qui concerne le fait de croire à la communion des saints. Nous ne plaçons pas notre confiance en d’autres croyants pour le salut. Mais nous croyons à l’idée biblique d’après laquelle
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Dieu utilise les autres croyants pour nous évangéliser, pour nous servir, et pour nous fortifier dans la foi.
Pour cette leçon sur l’Église, nous allons réfléchir à quatre idées principales qui sont exprimées dans le crédo. D’abord, nous réfléchirons au fait que l’Église est voulue par Dieu. Ensuite, nous parlerons du fait que l’Église est sainte. Troisièmement, nous parlerons de son caractère catholique ou universel. Et quatrièmement, nous réfléchirons à l’Église en tant que communion. Chacune de ces parties nous aidera à comprendre ce qu’est l’Église, dans son identité et dans sa nature, telle qu’en parle le Symbole des Apôtres. Commençons donc par réfléchir au fait que l’Église est voulue par Dieu.
De nos jours, il y a beaucoup de chrétiens qui pensent que l’Église n’est pas nécessaire, ou du moins qui agissent comme s’ils le pensaient. Bien souvent, des croyants sincères s’imaginent qu’une institution telle que l’Église n’est qu’une invention humaine qui a pour effet de s’immiscer dans notre relation personnelle avec Dieu. Mais l’Écriture enseigne un tout autre point de vue. Au sens le plus large, l’Église est le royaume de Dieu sur terre, l’assemblée de son peuple, et un moyen très important par lequel il communique la grâce à ceux qui lui sont fidèles. D’après les Écritures, l’Église joue un rôle déterminant dans l’établissement et le maintien de notre relation à Dieu.
Quand nous disons que l’Église est voulue par Dieu, nous voulons dire qu’il l’a créée dans un but précis, et qu’il lui a donné une autorité. De façon générale, les Écritures enseignent que l’Église a l’approbation de Dieu. Elle représente l’organisation qu’il a établie dans le but de réaliser sa mission dans le monde. Jésus lui-même dit ceci, dans Matthieu, chapitre 16, verset 18 :
« Je bâtirai mon Église, et […] les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. » (Matthieu 16.18)
L’Église n’a pas été inventée par des hommes déchus. C’est Jésus lui-même qui en est le fondateur.
Donc même si nous constatons que l’Église a eu de nombreux défauts au fil de l’histoire, et même si l’Église s’est parfois tellement éloignée de l’Évangile qu’elle a cessé d’être l’Église de Dieu, nous ne pouvons pas en déduire que l’Église est inutile ou superflue. Le Symbole des Apôtres reconnaît que l’Église est voulue par Dieu, en affirmant tout simplement :
« Je crois […] [l’] Église. »
Comme on a eu l’occasion de le dire dans des leçons précédentes, le Symbole des Apôtres consiste en un résumé des règles de foi en vigueur dans l’Église primitive. Et ces règles de foi, à leur tour, résument l’Écriture. Donc quand le symbole dit croire à l’Église, son but est d’affirmer ce que la Bible enseigne au sujet de l’Église. Et le moins qu’on puisse dire en ce qui concerne l’enseignement de la Bible sur l’Église, c’est que Dieu a institué l’Église pour qu’elle accomplisse ses desseins dans le monde.
Pour réfléchir au fait que l’Église est voulue par Dieu, nous allons nous concentrer sur trois idées principales. D’abord, nous parlerons de l’Église dans le contexte de l’Ancien Testament. Deuxièmement, nous parlerons de ce que Jésus a fait pour instituer l’Église pendant son ministère terrestre. Et troisièmement, nous évoquerons quelques-unes des conséquences qui découlent de ces éléments bibliques. Commençons par l’Église dans le contexte de l’Ancien Testament.
L’ANCIEN TESTAMENT
Le concept de l’Église, tel qu’on le trouve dans le Nouveau Testament, tire en fait ses racines dans l’Ancien Testament.
« Beaucoup de gens pensent que l’Église a commencé le jour de la Pentecôte lorsque Jésus est monté au ciel et qu’il a déversé son Esprit sur les disciples. Mais je pense qu’il s’agit là d’une méprise quant à la nature de l’Église. Je pense que l’Église est la continuité du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament. Dieu a appelé Abraham, et avec lui le peuple de l’Ancien Testament, et on peut facilement dire que c’est là l’Église, le commencement de l’Église. Donc c’est là que débute l’Église ; elle continue aujourd’hui, et elle continuera jusqu’à la consommation finale, jusqu’au jour où Jésus reviendra du ciel. » [Dr Riad Kassis]
Le Nouveau Testament parle souvent de l’Église en employant le mot grec « ekklesia ». Mais ce terme provient de la Septante, qui est la traduction grecque de l’Ancien Testament. Dans la Septante, le mot « ekklesia », qui traduit un mot hébreu, est souvent utilisé pour désigner le peuple d’Israël quand il est assemblé. C’est quelque chose que l’on constate dans Deutéronome, chapitre 9, verset 10, et chapitre 31, verset 30, dans Juges, chapitre 20, verset 2, dans 1 Rois, chapitre 8, verset 14, dans Psaume 22, versets 23 et 26, et dans beaucoup d’autres passages.
Même dans le Nouveau Testament, où le mot « ekklesia » est devenu un terme technique désignant l’Église, ce mot est quand même utilisé pour désigner le peuple d’Israël dans l’Ancien Testament. Par exemple, dans Actes, chapitre 7, verset 38, Étienne dit ceci, dans le cadre du discours qu’il adresse à ceux qui sont sur le point de le faire mourir :
« C’est [Moïse] qui, dans l’assemblée au désert, était avec l’Ange qui lui parlait sur le mont Sinaï ; et avec nos pères, il reçut de vivants oracles pour vous les donner. » (Actes 7.38)
Dans ce passage, le mot qui est traduit par « assemblée » est le mot grec « ekklesia », qui est généralement traduit par « église ». Cet exemple montre que l’assemblée d’Israël était, dans l’Ancien Testament, l’équivalent et le prédécesseur de l’Église du Nouveau Testament.
Et dans 1 Pierre, chapitre 2, verset 9, on voit l’Apôtre Pierre, lui aussi, qui désigne l’Église par des expressions qui, dans l’Ancien Testament, s’appliquaient à Israël. Voici ce qu’il dit :
« Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple racheté. » (1 Pierre 2.9)
Pierre est ici en train de puiser dans plusieurs passages de l’Ancien Testament qui parlent de la nation d’Israël. Et il est en train d’appliquer ces noms particuliers à l’Église du Nouveau Testament. Il révèle par là qu’il y a entre ces deux groupes d’importants éléments de continuité.
« Quand on pense à un passage tel que celui de 1 Pierre, chapitre 2, où Pierre applique à l’Église toute une liste de titres qui étaient à l’origine réservés à Israël dans l’Ancien Testament : ‘Vous êtes un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple qui appartient à Dieu’, on voit que Pierre est en train d’apprendre à ces églises, qui sont principalement composées de non-juifs, à se voir comme étant l’accomplissement des promesses que Dieu avait faites à Israël, et à reconnaître que c’est là leur identité. » [Dr Dennis Johnson]
Bien entendu, cela ne veut pas dire que l’Église du Nouveau Testament est exactement identique à l’assemblée d’Israël dans l’Ancien Testament. Il y a un lien important entre les deux, mais il y a aussi des différences. Dans Romains, chapitre 11, l’Apôtre Paul emploie deux métaphores pour parler de la relation entre l’assemblée d’Israël dans l’Ancien Testament et l’Église chrétienne. Il en parle comme d’une pâte, et comme d’un olivier.
Voyez ce qu’il écrit dans Romains, chapitre 11, verset 16 :
« Si les prémices sont saintes, la pâte l’est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. » (Romains 11.16)
D’abord, Paul dit que l’assemblée de l’Ancien Testament représente les prémices de la même pâte que celle dont l’Église du Nouveau Testament a été faite.
D’après Lévitique, chapitre 23, verset 17, Israël devait présenter en prémices à Dieu une offrande de pain. Les prémices ne constituent pas une récolte séparée. Elles font partie de la récolte entière et sont emblématiques de la récolte entière. Donc quand Paul dit qu’Israël et l’Église du Nouveau Testament sont faits de la même pâte, il est en train de sous-entendre qu’Israël et les chrétiens du Nouveau Testament font partie de la même organisation, du même peuple de Dieu, de la même Église.
Ensuite, Paul dit que l’assemblée de l’Ancien Testament représente la racine d’un arbre, et que l’Église du Nouveau Testament représente les branches de ce même arbre. En fait, Paul développe cette analogie pendant plusieurs versets. Il compare l’Église de tous les siècles à un olivier que l’on cultive. L’Église de l’Ancien Testament, constituée principalement de juifs, représente la partie la plus importante de l’arbre : les racines, le tronc, et de nombreuses branches. Et les chrétiens issus du monde non-juif représentent des branches d’olivier sauvage qui ont été greffées à l’arbre. Pour le dire tout simplement, les chrétiens d’origine non-juive ont été greffés à l’Église juive. Donc même si à l’époque de Paul, l’Église était constituée de juifs et de non-juifs, son tronc et ses racines étaient celles d’un arbre dont l’origine remonte jusqu’au début de l’Ancien Testament. Certes, le nouvel arbre comporte un certain nombre de différences. Il est devenu meilleur et il a grandi. Mais c’est toujours le même arbre. De même, l’Église de l’Ancien Testament est devenue meilleure et a grandi en devenant l’Église du Nouveau Testament. Il y a des différences entre les deux, et les deux représentent des étapes de croissance différentes. Mais elles sont toutes deux la même Église.
Nous avons donc parlé du fait que l’Église était voulue par Dieu, en considérant l’Église dans le contexte de l’Ancien Testament. Maintenant, nous allons voir que Jésus a bâti son Église en s’appuyant sur l’Église de l’Ancien Testament, mais aussi en la faisant progresser.
JÉSUS
Personne ne peut nier que le ministère terrestre de Jésus a eu un énorme impact sur le monde et sur le peuple de Dieu. C’est avec raison que de nombreux théologiens ont dit que Jésus n’avait pas seulement perpétué l’ordre ancien, et perpétué l’ancienne Église.
En même temps, il est important de reconnaître que Jésus n’a pas non plus établi une Église entièrement nouvelle. Il y a une grande continuité entre son Église et celle de l’Ancien Testament.
Jésus n’a utilisé le mot « ekklesia » pour parler de l’Église que trois fois dans les Évangiles. En fait, ce sont les seules fois où le mot « ekklesia » apparaît dans Matthieu,
Marc, Luc et Jean. Ces trois passages se trouvent tous dans l’Évangile selon Matthieu : au chapitre 16, verset 18, et deux fois au chapitre 18, verset 17. Regardons d’un peu plus près ces deux versets.
Dans Matthieu, chapitre 16, verset 18, voici ce que dit Jésus :
« Je bâtirai mon Église, et […] les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. » (Matthieu 16.18)
Le mot « oikodomeo », qui est traduit ici par « bâtir », peut aussi bien signifier le fait de construire quelque chose de complètement neuf, que le fait de reconstruire ou de restaurer quelque chose qui existe déjà. Bien que Jésus n’ait pas précisé explicitement le sens qu’il voulait donner à ce mot, ce que nous venons de voir dans Romains, chapitre 11, nous incline à penser que Jésus parle ici de reconstruire et de restaurer l’Église de l’Ancien Testament.
Ce que Jésus dit dans Matthieu, chapitre 18, verset 17, est moins ambigu. Écoutez ce qu’il dit :
« S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un péager. »
(Matthieu 18.17)
Dans ce verset, Jésus parle de la discipline ecclésiastique. Et ce qu’il est en train de dire, c’est qu’une personne impénitente doit être présentée à l’Église ou à l’assemblée. Dans le contexte initial du ministère de Jésus, la seule « église » qui existait était la synagogue juive que l’on pouvait trouver un peu partout dans la région, et le temple de Jérusalem. L’assemblée d’Israël existait sous ces deux formes, qui sont propres à l’Ancien Testament, mais que Jésus appelle néanmoins « l’Église ».
D’après l’Ancien Testament, toute dispute devait normalement être réglée par les anciens, par les prêtres et par les juges, c’est-à-dire par les représentants de l’assemblée, qui ont été nommés à la fonction d’arbitre. C’est quelque chose que l’on voit dans des passages comme Exode, chapitre 18 ; ou Deutéronome, chapitres 1 et 19. Jésus est en train de confirmer ce principe à son époque, en rappelant à ses interlocuteurs qu’ils sont toujours soumis à l’obligation de régler leurs disputes au sein de l’assemblée d’Israël. Mais l’intention de Jésus, c’est que ses paroles s’appliquent aussi à son Église, c’est-àdire à celle qu’il a mentionnée un peu plus tôt, dans Matthieu, chapitre 16. C’est la raison pour laquelle ces paroles nous sont rapportées par Matthieu. Parce que dans l’esprit de Jésus et de Matthieu, tout comme dans l’esprit de l’Apôtre Paul, l’Église du Nouveau Testament est un développement de l’assemblée d’Israël dans l’Ancien Testament. Jésus n’est pas venu pour remplacer Israël par l’Église ; il est venu pour secourir et pour restaurer Israël sous la forme de l’Église du Nouveau Testament.
Quand on considère la continuité qu’il y a entre l’Église de l’Ancien Testament et celle du Nouveau, il est important de reconnaître le rôle de central de Jésus, qui relie ces deux entités entre elles.
D’abord, de manière générale, le Nouveau Testament présente Jésus comme étant l’accomplissement des promesses que Dieu a faites à Israël. Comme on peut le voir dans Romains, chapitre 8, versets 1 à 4, et dans Galates, chapitre 3, versets 16 à 29, Jésus représente l’Israélite fidèle qui garde l’alliance de Dieu et qui hérite de tous les bienfaits que Dieu a promis à Abraham et à Moïse. Et comme nous le dit Luc, chapitre 1, verset 32, et Actes, chapitre 2, versets 31 à 33, il est le fils de David qui est venu rétablir le trône de David et qui règne sur Israël et sur Juda. Jésus n’a pas rompu avec le passé. Il est le point culminant de l’Église de l’Ancien Testament, il en est le meilleur membre et le meilleur serviteur.
Et ensuite, Jésus est le fondateur de l’Église du Nouveau Testament, celui qui rétablit, qui renouvelle, et qui transforme l’Église agonisante de l’Ancien Testament en l’Église du Nouveau Testament. L’Écriture dit que Jésus est la tête de l’Église, dans Éphésiens, chapitre 5, verset 23, et dans Colossiens, chapitre 1, verset 18. Il est l’époux de l’Église, d’après Éphésiens, chapitre 5, versets 22 à 33, et d’après Apocalypse, chapitre 19, versets 1 à 10. Et c’est Jésus lui-même qui mandate l’Église et qui lui délègue son autorité pour qu’elle accomplisse la Grande Mission, dans Matthieu, chapitre 28, versets 18 à 20. De Jésus, l’Église reçoit ainsi amour, approbation et autorité.
« Au fond, la relation de l’Église de l’Ancien Testament à Jésus-Christ est exactement la même que celle du Nouveau Testament. Certains chrétiens trouvent que l’expression ‘Église de l’Ancien Testament’ est un peu bizarre. On s’imagine parfois que l’Église est née le jour de la Pentecôte, dans Actes, chapitre 2. Mais dans la mesure où l’Église est le peuple de Dieu, le peuple avec lequel Dieu a conclu une alliance, le peuple que Dieu a racheté à travers l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ, alors l’Église de l’Ancien Testament, ce sont tout simplement les croyants qui regardent par anticipation vers le jour où Dieu accomplira le salut, lors de la venue du Messie. Et donc l’Église de l’Ancien Testament se fie à la grâce de Dieu, au sang versé par Dieu, c’est-à-dire au sang de Jésus-Christ sur la croix. Les chrétiens de l’Ancien Testament, les croyants de l’Ancien Testament, les membres de l’Église de l’Ancien Testament, regardent vers l’avenir, vers l’œuvre accomplie par le Seigneur Jésus-Christ. Ils se fient à la grâce et à la miséricorde de Dieu, souveraines et imméritées, sachant que c’est cette grâce qui leur permettrait d’être pardonnés pour leurs péchés et réconciliés avec Dieu. Donc à la base, la relation du croyant de l’Ancien Testament et de l’Église de l’Ancien Testament à Dieu est exactement la même que notre relation à Dieu en tant que croyants du Nouveau Testament et en tant qu’Église du Nouveau Testament. » [Dr
Samuel Ling]
Jusqu’ici, nous avons donc parlé du fait que l’Église était voulue par Dieu, d’abord du point de vue de l’Ancien Testament, ensuite du point de vue du ministère terrestre de Jésus. Maintenant, nous allons réfléchir à ce que cela implique.
IMPLICATIONS
Lorsque Jésus institue l’Église du Nouveau Testament, c’est donc un rétablissement et un développement de l’Israël de l’Ancien Testament ; et ce que cela implique, c’est notamment qu’il y a une continuité fondamentale entre Israël dans l’Ancien Testament et l’Église dans le Nouveau Testament. D’un point de vue pratique, nous devrions nous attendre à ce que la communauté du peuple de Dieu dans le Nouveau Testament reflète ses racines qui sont dans l’Ancien Testament. Bien entendu, certaines choses sont différentes, et le Nouveau Testament s’applique à nous montrer ces différences. Mais le Nouveau Testament nous explique aussi que l’Église ressemble beaucoup à Israël.
Les éléments de continuité sont trop nombreux pour que nous puissions tous les passer en revue. Mais trois d’entre eux méritent d’être mentionnés en particulier. D’abord, il y a une continuité importante en termes de raison d’être, entre l’Église de l’Ancien Testament et celle du Nouveau.
Les théologiens ont l’habitude de schématiser l’histoire du monde en trois étapes :
la création, la chute et la rédemption. À l’étape de la création, qui nous est décrite dans Genèse, chapitres 1 et 2, Dieu crée le monde, les plantes, les animaux et l’humanité. Et dans une partie spécifique du monde, il crée le Jardin d’Éden. Et Dieu confie à l’humanité la responsabilité de remplir la terre et de la cultiver, pour la rendre semblable au Jardin d’Éden et pour la rendre ainsi propice à la sainte présence de Dieu.
À l’étape de la chute, qui nous est racontée dans Genèse, chapitre 3, l’humanité se rebelle contre Dieu et se retrouve exclue du Jardin d’Éden. Et par la chute des hommes dans le péché, c’est toute la création qui est corrompue. C’est ce que l’Apôtre Paul explique dans Romains, chapitre 8, versets 20 à 22.
Le reste de l’histoire constitue l’étape de la rédemption, l’étape où Dieu œuvre dans le but de rendre à l’humanité sa perfection, et à travers l’humanité, de rendre à la création aussi sa perfection. Cette étape de rédemption aboutira aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre dont il est question dans Ésaïe, chapitre 65, verset 17, et au chapitre 66, verset 22, et aussi dans 2 Pierre, chapitre 3, verset 13, et dans Apocalypse, chapitre 21, verset 1. Cette rédemption de l’humanité et de la création a toujours été la raison d’être de l’Église de Dieu dans les deux Testaments.
Aujourd’hui encore, l’Église tend vers ce but, qui est le rétablissement de la création. Conformément aux priorités qui nous sont données dans le Nouveau Testament, nous le faisons avant tout à travers la proclamation de l’Évangile, en sachant que toute personne qui se confie en Christ représente un pas de plus en direction du stade final de la rédemption. Nous le faisons aussi en vivant comme chrétiens dans le monde, c’est-à-dire en manifestant l’amour de Christ à nos prochains, et en transformant la culture qui nous entoure pour qu’elle reflète la gloire, l’honneur et le caractère de Dieu. Et nous le faisons, enfin, en comptant sur, et en priant pour, le jour où Jésus reviendra pour parachever son œuvre de rédemption.
Un autre élément de continuité entre l’Église de l’Ancien Testament et celle du Nouveau Testament se trouve dans le fait que ces deux assemblées du peuple de Dieu incluent des croyants et des non-croyants.
Il ne faut jamais oublier que dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, l’Église de Dieu n’est jamais parfaite. Dans l’Ancien Testament, il y avait des Israélites fidèles qui faisaient l’objet de la bénédiction de Dieu. Mais beaucoup d’autres Israélites se sont montrés incrédules, se sont rebellés contre Dieu, et ont fait l’objet de son châtiment divin. C’est une réalité que l’on peut constater tout au long de l’Ancien Testament, mais qui apparaît peut-être le plus clairement dans les résumés des bénédictions et des malédictions liées à l’alliance, comme dans Lévitique, chapitre 26, et dans Deutéronome, chapitres 27 à 30.
On peut en dire autant de l’assemblée des disciples de Jésus, c’est-à-dire de l’Église du Nouveau Testament. Il y a toujours des non-croyants qui se mêlent aux croyants dans nos églises. Par exemple, Judas était un infidèle parmi les apôtres. Cela nous est dit explicitement dans Jean, chapitre 6, versets 70 et 71, et cela s’est clairement manifesté lorsqu’il a trahi Jésus. La nature imparfaite de l’Église est également évidente quand on considère les lettres aux églises dans Apocalypse, chapitres 2 et 3. Ces chapitres de l’Apocalypse disent que les vrais croyants persévéreront. Mais ces mêmes passages disent que ceux qui ne persévéreront pas manifesteront par là-même l’infidélité de leur cœur. Et une bonne partie de l’épître de 1 Jean s’attache à faire la distinction entre les vrais croyants dans l’Église et les faux. Et il y a encore de nombreux passages qui mettent en garde contre les faux docteurs dans l’Église, et qui encouragent ceux qui professent la foi à persévérer jusqu’à la fin dans le but de prouver l’authenticité de leur foi.
L’Apôtre Paul aussi reconnaît cette réalité, dans 2 Corinthiens, chapitre 13, verset 5, et encourage les gens à y réfléchir. Écoutez ce qu’il dit :
« Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que JésusChrist est en vous ? À moins peut-être que l’épreuve ne soit pour vous un échec. » (2 Corinthiens 13.5)
Paul voulait que tout le monde sache que certaines choses comme le fait d’être membre d’une église, d’avoir été baptisé, d’avoir fait volontairement une profession de foi, ne sont pas des signes certains de la vraie foi en Jésus-Christ. Ce sont des choses que font aussi des gens qui n’ont jamais vraiment placé leur foi en Christ. Donc Paul exhorte les gens dans l’Église à s’examiner eux-mêmes, pour s’assurer qu’ils font vraiment confiance à Christ pour leur salut.
Il est évident qu’en tant qu’êtres humains, nous ne pouvons pas savoir ce qu’il y a dans le cœur d’une autre personne. Tout ce que nous pouvons faire, c’est voir leurs actes et entendre leurs paroles. Il nous est donc bien souvent impossible de savoir qui est un vrai croyant. Mais le fait de savoir qu’il y a des non-croyants dans nos églises devrait quand même avoir des conséquences sur la façon dont nous nous percevons nous-mêmes et dont nous percevons les autres dans l’Église. Ainsi, il faut que nous persistions dans l’enseignement et la proclamation de l’Évangile à toute l’Église dans le but de sauver ceux qui n’ont pas encore la foi, même si nous ne savons pas exactement qui ces gens sont. Il faut que nous soyons à l’écoute de ceux qui, dans l’Église, cherchent Dieu, et que nous ne les dissuadions pas de venir à l’Église, même s’ils n’ont pas encore placé leur confiance en Christ. Et il faut que nous fassions preuve de beaucoup de patience envers les autres, en sachant qu’il y a dans l’Église beaucoup de diversité en termes de foi et de maturité, y compris parmi les gens qui ont été dans l’Église depuis longtemps.
Un troisième élément de continuité entre l’Église de l’Ancien Testament et celle du Nouveau se trouve dans le fait que les deux ont des obligations similaires envers Dieu.
Dans les deux Testaments, le peuple de Dieu est responsable d’aimer Dieu, d’étendre son royaume dans le monde, et de le glorifier. En ce qui concerne l’amour pour Dieu, Deutéronome, chapitre 6, versets 5 et 6, dit à l’Église de l’Ancien Testament qu’elle doit aimer Dieu de tout son cœur, et obéir à sa loi de tout son cœur.
De la même façon, l’Église du Nouveau Testament est elle aussi appelée à aimer Dieu et à obéir à sa loi. Jésus le dit lui-même dans Matthieu, chapitre 22, verset 37 : l’amour profond pour Dieu est le plus grand commandement de la loi. Et comme l’Apôtre Jean le dit dans 1 Jean, chapitre 5, verset 3, l’amour profond pour Dieu entraîne l’obéissance sincère à ses commandements.
« Les gens se demandent souvent si l’Église du Nouveau Testament est tenue de garder la loi de l’Ancien Testament. Et la réponse est, sans aucun doute, oui et non. Non, parce que nous avons été libérés de nos obligations vis-à-vis de ces prescriptions très spécifiques que l’on trouve dans la Torah de l’Ancien Testament. Nous ne sommes pas obligés de faire circoncire nos garçons. Nous ne sommes pas obligés de nous rendre au Temple trois fois par an. Et la liste pourrait continuer pendant longtemps. En fait, cette question était au cœur de la dispute au concile de Jérusalem, qui nous est raconté dans Actes 15. Mais quel est le but de la Torah dans l’Ancien Testament ? Dans la mesure où la Torah nous révèle le caractère et la nature de Dieu, et le caractère et la nature que nous sommes censés refléter, alors oui, la Torah est toujours d’actualité. Et c’est quelque chose que l’on voit dans les lettres de Paul. Paul dit à ses lecteurs : ‘Non, vous êtes libres ! Vous n’êtes pas obligés de faire ces choses. Mais puisque vous êtes libres, alors bien sûr que vous n’allez pas dérober, que vous n’allez pas mentir, que vous n’allez pas convoiter, que vous n’allez pas commettre l’adultère.’ Et donc : en tant que chrétiens, est-il nécessaire que nous obéissions à la Torah pour être sauvés ? Absolument pas. Mais maintenant que nous avons été gratuitement sauvés, est-il normal que nous manifestions la vie de Dieu ? Oui. »
[Dr John Oswalt]
Il faut noter également que le peuple de Dieu, aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, est censé étendre le royaume de Dieu. L’Église de l’Ancien Testament savait que Dieu, dans Genèse, chapitre 17, versets 4 et 5, avait promis à Abraham qu’il serait le père d’une multitude de nations. Et comme l’Apôtre Paul l’explique dans Romains, chapitre 4, verset 13, l’Église de l’Ancien Testament savait très bien que cette promesse de Dieu obligeait le peuple à étendre le royaume de Dieu au monde entier, par la foi. De la même façon, l’Église du Nouveau Testament est en train de poursuivre cette mission en présentant l’Évangile à toutes les nations. C’est ce que Jésus a dit à son Église de faire, dans Matthieu, chapitre 28, verset 19 :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples. » (Matthieu 28.19)
Une troisième obligation qu’Israël dans l’Ancien Testament et l’Église du Nouveau Testament ont en commun est l’obligation de glorifier Dieu. Pour l’Église de l’Ancien Testament, c’est quelque chose que l’on voit dans Psaume 86, verset 12, dans Psaume 115, verset 18, et même dans des descriptions néotestamentaires du monde de l’Ancien Testament, comme dans Actes, chapitre 17, versets 24 à 28. C’est aussi quelque chose qui est sous-entendu dans le fait que nous soyons créés à l’image de Dieu, comme le dit Genèse, chapitre 1, verset 27. Dans le monde de l’Ancien Testament, on appelait « images » les statues des rois, dont le but était de rappeler aux gens d’aimer, de suivre et de glorifier ceux qui les gouvernaient. En tant qu’images de Dieu, donc, les êtres humains ont été créés pour le glorifier.
Et de même, l’Église du Nouveau Testament doit glorifier Dieu. C’est quelque chose qui nous est enseigné dans 1 Corinthiens, chapitre 10, verset 31, dans 1 Pierre, chapitre 4, verset 11, dans Apocalypse, chapitre 4, verset 11, et dans beaucoup d’autres passages.
Les responsabilités que Dieu a confiées à l’Église ne représentent pas un fardeau, si nous sommes en Christ. Si nous devions nous tenir devant Dieu en nous appuyant sur nos propres mérites, nous serions écrasés sous le poids des obligations qui nous incombent. Mais en Christ, les vrais croyants dans l’Église sont libérés de toute condamnation, ils sont capables d’œuvrer pour l’avancement du royaume du Seigneur, d’obéir à sa loi et de le glorifier, sans craindre l’échec. En fait, cette mission est en fin de compte vouée à réussir. Bien que nous soyons temporairement confrontés à des obstacles, l’histoire est en marche et se dirige inéluctablement vers la victoire de Dieu. Et c’est à travers la vocation de l’Église que l’histoire avance dans ce sens. Donc plus nous sommes obéissants, c’est-à-dire plus nous honorons nos obligations, plus nous hâtons le triomphe glorieux du royaume de Dieu.
Étant donnée la façon dont l’Église s’est développée depuis ses premiers stades dans l’Ancien Testament, pour devenir le corps dont Jésus est le chef dans le Nouveau Testament, il est clair que l’Église, c’est quelque chose que Dieu a voulu. L’Église existe car Dieu veut qu’elle existe, et parce qu’elle sert à son dessein. Elle n’est pas une simple invention des hommes. Et elle ne représente pas une déformation de la religion biblique. Elle est l’épouse-même et le corps de Christ ; elle est aimée de Dieu, et elle existe pour son service et pour sa gloire.
Nous avons donc pu voir que l’Église était clairement voulue par Dieu. Maintenant, nous pouvons passer au deuxième volet de cette leçon, à savoir le fait que l’Église est sainte.
Dans la Bible, on trouve beaucoup de mots différents qui sont utilisés pour parler de la sainteté. Dans le Nouveau Testament, l’Église est appelée « sainte » ou
« sanctifiée ». Et les gens qui font partie de l’Église sont appelés des « saints ». Ces trois mots (l’adjectif « sainte », le participe passé « sanctifiée » et le nom commun « saint ») viennent de la même racine en grec. L’adjectif « saint » vient du mot « hagios » ; le participe passé « sanctifié » vient du verbe « hagiazo », qui veut dire : « rendre saint » ; et le nom propre « saint » vient du nom propre « hagios » en grec, qui veut dire : « celui qui est saint ».
Dans l’Ancien Testament, ces notions sont exprimées par les mots hébreux « qadosh », l’adjectif, qui veut dire : « saint » ; « qadash », le verbe, qui veut dire :
« rendre saint » ; et « qodesh », le nom propre, qui veut dire : « celui qui est saint ».
Quand on entend parler de la sainteté, beaucoup de chrétiens ont l’habitude de penser que la sainteté, c’est ce qui distingue Dieu de ses créatures. On dit souvent que la sainteté de Dieu représenté la qualité de son être qui est tout autre, c’est-à-dire qui est totalement différent de l’être de ses créatures. Mais ce n’est pas la façon dont l’Écriture emploie le terme « saint ». La Bible dit aussi de certaines créatures et de certains objets qu’ils sont « saints », lorsque ces choses ont des qualités particulières qui reflètent la sainteté de Dieu lui-même. Et c’est dans ce sens que le Symbole des Apôtre dit que l’Église est sainte.
Nous allons réfléchir à la sainteté de l’Église en deux étapes. D’abord, nous allons nous intéresser à la définition du mot « saint ». Et deuxièmement, nous nous appuierons sur cette définition pour savoir qui sont les gens qu’on appelle les « saints ». Commençons par la définition biblique de la sainteté.
DEFINITION
Dans l’Écriture, la sainteté est une notion complexe. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que quand la Bible dit que quelque chose ou quelqu’un est saint, cela veut dire au niveau le plus basique que le sujet est moralement pur, et par rapprochement, le mot « saint » peut désigner des gens ou des objets qui ont été mis à part pour être employés au service de Dieu.
Réfléchissons aux deux aspects de cette définition, en commençant par l’idée de la pureté morale. Quand on dit que quelque chose ou quelqu’un est moralement pur, cela veut dire que ce quelque chose ou ce quelqu’un est dénué de tout péché. Dans ce sens, la sainteté est ancrée dans le caractère de Dieu. L’Écriture, dans beaucoup de passages, emploie le titre de « Saint » pour Dieu, comme dans 2 Rois, chapitre 19, verset 22, dans Proverbes, chapitre 9, verset 10, dans Ésaïe, chapitre 30, versets 11 à 15, et dans 1 Jean, chapitre 2, verset 20.
« Dieu n’est pas juste plus grand que nous ; il n’est pas juste infini tandis que nous sommes limités ; mais il est moralement tout autre que nous. En lui il n’y a pas la moindre once de ténèbres. En lui il n’y a pas la moindre tendance mauvaise, ni la moindre envie ni le moindre désir de faire le mal. » [Dr J. Ligon Duncan iii]
Parce que Dieu est absolument saint, tout ce qui pénètre dans sa présence immédiate et qui est atteint par le péché devient l’objet de sa colère et de son jugement.
Cette réalité, nous la voyons dans des passages comme 1 Samuel, chapitre 6, verset 20 ; 2 Rois, chapitre 24, verset 3 ; et Hébreux, chapitre 12, verset 14. Bien que Dieu puisse retenir temporairement son jugement, sa sainte présence finira par détruire tous ceux dont le péché n’est pas effacé. Par conséquent, tout ce qui doit entrer dans sa présence doit d’abord devenir saint. Par exemple, écoutez ces paroles du prophète Ésaïe, dans Ésaïe, chapitre 6, versets 3 à 7 :
« [Les séraphins] criaient l’un à l’autre et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! […] Alors je dis : Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. Mais l’un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une braise qu’il avait prise sur l’autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche et dit : […] [T]a faute est enlevée, et ton péché est expié. » (Ésaïe 6.3-7)
Dans ce passage, Ésaïe a peur d’être détruit parce qu’il se tient dans la présence spéciale de l’Éternel qui est saint, alors que lui-même est pécheur et coupable. Donc un séraphin, c’est-à-dire un des anges qui sont là près de Dieu, purifie Ésaïe de ses péchés à l’aide d’une braise qu’il prend sur le saint autel de Dieu. Grâce à cette purification, Ésaïe est débarrassé de son péché : il est devenu saint. Et grâce à cette sainteté qu’il vient d’acquérir, il est en mesure de se tenir dans la présence de l’Éternel sans tomber sous le coup de son jugement.
Comme on le voit dans Ésaïe, chapitre 6, la sainteté de Dieu fait partie de ses attributs communicables, autrement dit c’est un attribut qui le caractérise parfaitement et complètement, mais qui peut aussi caractériser ses créatures d’une manière limitée. C’est de cet attribut communicable dont il s’agit dans les nombreux impératifs bibliques qui disent que les croyants doivent être saints, comme dans Éphésiens, chapitre 1, verset 4, dans Hébreux, chapitre 12, verset 14, et dans 1 Pierre, chapitre 1, versets 15 et 16. Il faut que nous nous efforcions d’être aussi purs moralement que l’est Dieu. Bien entendu, par nos propres forces, nous en sommes incapables. Mais Christ, lui, est parfaitement pur moralement. Et si nous sommes en lui, sa justice nous est imputée, et Dieu nous voit à notre tour comme étant absolument purs, complètement dénués de tout mal et de tout péché.
Le second aspect de notre définition du mot « saint » faisait référence aux gens et aux objets qui sont mis à part pour être employés au service de Dieu. Dans ce sens, on peut être saint sans être moralement pur. Prenons un exemple ; voyez ce que l’Apôtre Paul dit dans 1 Corinthiens, chapitre 7, verset 14 :
« Le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme noncroyante est sanctifiée par le frère [c’est-à-dire son mari]. » (1 Corinthiens 7.14)
Ce que Paul est en train de dire ici, c’est que quand un croyant est marié avec un non-croyant, le non-croyant est sanctifié, ou pour le dire autrement, il est rendu saint. L’idée, c’est qu’un rapprochement est fait entre le non-croyant et Dieu, et que le noncroyant devient utile au service de Dieu, même si le non-croyant n’a pas été purifié moralement par Dieu en Christ.
Certains chrétiens trouvent ça étrange, de penser que Dieu puisse mettre à part des personnes imparfaites et impures pour son service. Mais quand on y pense, la Bible nous donne de nombreux exemples de non-croyants que Dieu a mis à part pour qu’ils accomplissent sa volonté. Peut-être que l’exemple le plus célèbre est celui de Judas, l’apôtre qui a trahi notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Jésus l’a dit lui-même : Judas a été choisi précisément pour cela. Et cette trahison a eu pour conséquence l’offrande la plus sainte qui ait jamais été présentée à Dieu, à savoir l’offrande précieuse de son Fils sur la croix. Si Dieu est capable d’utiliser des injustes et des incroyants pour réaliser ses desseins, à combien plus forte raison sera-t-il glorifié par tous les saints qui le servent par amour !
Nous venons donc de le voir : la notion de sainteté peut être comprise de diverses manières dans la Bible. Il faut donc faire attention à bien comprendre ce que la Bible veut dire quand elle emploie les mots « saint » et « sanctifié » et qu’elle les applique à l’Église. Parfois, la Bible est en train de dire que les croyants authentiques dans l’Église sont moralement purs en raison de la sainteté que leur a communiquée Christ. Parfois, ces termes s’appliquent à des personnes qui ont été séparées du monde pour servir Dieu, mais qui ne sont pas des croyants authentiques. Et dans d’autres passages, cette notion s’applique aux vrais croyants, qui ont tous été mis à part pour servir Dieu.
Dans tous les cas, une chose qui est sûre, c’est que tout ce qui est saint a une valeur particulière pour Dieu. Nous respectons le nom de Dieu, nous refusons de le prendre en vain, parce que son nom est saint. Nous acceptons l’autorité de la Bible car elle est la sainte parole de notre Dieu, qui est saint. Nous cherchons à vivre dans la pureté morale à tous points de vue, car le Seigneur nous appelle à une vie sainte. Et nous prenons part à sa sainte Église et nous nous soumettons à elle. Dans tout ce qui est saint, il nous faut voir la main de Dieu, et c’est avec beaucoup de respect qu’il nous faut recevoir et traiter ces choses.
Gardons à l’esprit cette définition du mot « saint », et à partir de là, voyons qui sont les gens qu’on appelle « saints ».
LES GENS
De manière très générale, la Bible désigne les gens comme étant « saints » quand ces personnes ont été séparées du reste du monde dans le but de servir Dieu d’une façon particulière. Par exemple, toute la nation d’Israël dans l’Ancien Testament est régulièrement appelée « sainte », en raison de l’alliance que Dieu a conclue avec le peuple. C’est quelque chose qu’on voit dans des passages comme Exode, chapitre 19, versets 5 et 6 ; Deutéronome, chapitre 7, versets 6 à 9, et chapitre 28, verset 9 ; et Ézéchiel, chapitre 37, versets 26 à 28.
Cette idée perdure dans le Nouveau Testament au sujet de l’Église. Par exemple, Luc, chapitre 1, verset 72, dit que Jésus est venu réaliser les termes de la « sainte alliance » de Dieu. Et puisque l’Église représente l’Israël renouvelé et restauré, l’Israël de la nouvelle alliance, et bien l’Église aussi est appelée sainte. C’est ce qu’on voit dans Colossiens, chapitre 3, verset 12, dans Hébreux, chapitre 10, verset 29, et dans d’autres passages. À titre d’exemple, prenons ce que l’Apôtre Pierre dit concernant l’Église du Nouveau Testament, dans 1 Pierre, chapitre 2, versets 9 et 10 :
« Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple racheté, […] le peuple de Dieu. » (1 Pierre 2.9-10)
Dans ce passage, Pierre cite plusieurs passages de l’Ancien Testament qui parlent de la sainteté d’Israël, mais il les applique ici à l’Église. Ce qu’il est en train de dire, c’est que l’Église dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau ne représente qu’un seul et même groupe de personnes, un peuple saint.
Mais comme on l’a dit, les membres d’Israël et ceux de l’Église du Nouveau Testament ne sont pas tous de vrais croyants. Malgré cela, ils sont quand même considérés comme étant saints parce qu’ils font partie de la communauté de l’alliance, c’est-à-dire du peuple avec lequel Dieu a conclu son alliance.
Pour ce qui est des croyants dans la communauté de l’alliance, leur sainteté dépasse celle des non-croyants. Les non-croyants de la communauté ne sont saints que dans la mesure où ils ont été mis à part pour Dieu. Mais les croyants sont saints, non seulement parce qu’ils ont été mis à part, mais aussi parce qu’en Christ, ils sont moralement purs et ils obéissent à Dieu. Évidemment, le but recherché, c’est que toute la communauté de l’alliance ait la foi ; c’est que tout le monde soit fidèle à Dieu et vive dans la pureté morale.
Il existe une manière utile de se représenter ce concept : c’est la distinction que l’on fait traditionnellement entre l’Église visible et l’Église invisible. Voyons ce que désignent ces deux expressions, à commencer par l’Église visible.
« L’Église visible désigne l’Église que l’on peut voir, celle que l’on peut observer. L’Église visible, c’est donc tous ceux qui disent être l’Église dans le monde. C’est-à-dire toutes les dénominations qui disent être attachées à Jésus-Christ, qui disent suivre les desseins de Dieu et sa parole, dans le monde aujourd’hui. Ça inclut donc de nombreuses dénominations, mais aussi tous ceux qui ne se reconnaissent dans aucune dénomination mais qui se considèrent comme disciples de Christ. » [Dr Mark Strauss]
L’Église visible inclut donc toutes les personnes qui font régulièrement partie de l’assemblée des chrétiens, quelle que soit la condition de leur cœur. Pour considérer que quelqu’un fait partie de l’Église, il y a plusieurs choses qu’on peut prendre en considération. Par exemple, on peut manifester extérieurement son appartenance à l’alliance, à travers le baptême dans le Nouveau Testament, ou la circoncision dans l’Ancien. Ou bien on peut avoir la foi en Christ, ou professer la foi en Christ. Dans des églises qui n’ont pas de statut officiel de membre, ou qui ne pratiquent pas de rites d’appartenance à l’alliance, comme le baptême, la présence régulière au culte et le fait de recevoir l’enseignement de l’église suffisent peut-être à identifier quelqu’un comme étant un membre de l’alliance. Ou encore, comme l’Apôtre Paul le dit dans 1 Corinthiens, chapitre 7, verset 14, une personne peut être considérée comme appartenant à l’Église visible en raison tout simplement d’un conjoint ou d’un parent croyant.
Dans l’Ancien Testament, par exemple, tout Israël faisait partie de l’Église, bien que les Israélites n’aient pas tous la foi qui sauve. Mais ils faisaient tous partie de la nation. De plus, conformément à ce que Dieu a ordonné dans Genèse, chapitre 17, ils avaient tous été extérieurement reconnus comme membres de l’alliance avec Dieu du fait de la circoncision des hommes.
Dans le Nouveau Testament, la situation est similaire. Toutes les personnes qui participent aux assemblées de l’Église sont considérées comme faisant partie de l’Église. C’est-à-dire toutes les personnes qui font profession de foi, toutes celles qui sont baptisées, les enfants et les conjoints des croyants, et même, bien souvent, les serviteurs et les esclaves de la maison. Par exemple, quand l’Apôtre Paul écrivait une lettre à l’une ou l’autre des églises, il comptait sur le fait que sa lettre serait lue à tous ceux qui étaient associés à l’église en question. Et comme on peut le voir d’après les exhortations qu’il adresse aux chrétiens à s’examiner eux-mêmes pour voir s’ils ont vraiment la foi, Paul présume qu’il y a des non-croyants dans l’Église. C’est ce qu’on voit dans des passages comme celui de 2 Corinthiens, chapitre 13, verset 5. Jésus n’en pense pas moins, comme on le voit dans sa parabole du blé et de l’ivraie, dans Matthieu, chapitre 13, versets 24 à 30, où il dit qu’il ne faut pas retirer les non-croyants de l’Église. On le voit aussi dans les lettres aux églises dans Apocalypse, chapitres 2 et 3, où Jésus encourage fortement ses destinataires à surmonter l’incrédulité et à persévérer jusqu’à la fin. Et ces mêmes accents, nous les retrouvons dans les avertissements adressés à ceux qui seraient tentés de se montrer infidèles à la nouvelle alliance, comme dans Hébreux, chapitre 6, versets 4 à 8, et chapitre 10, verset 29.
À titre d’exemple, écoutez justement ce qui est dit dans Hébreux, chapitre 10, verset 29 :
« Combien pire, ne pensez-vous pas, sera le châtiment mérité par celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ! » (Hébreux 10.29)
Dans ce verset, l’auteur de l’Épître aux Hébreux affirme qu’il est possible de rejeter Christ après avoir été sanctifié et intégré dans l’alliance avec Dieu. À la lumière du reste du chapitre, il est évident que le châtiment dont il est question ici désigne les peines éternelles de l’enfer.
« Il est important de se rappeler que dans l’Église visible, il y aura toujours du blé et de l’ivraie, comme l’a dit Jésus. Il y a le vrai peuple de Dieu ; il y a aussi ceux qui ont l’air d’être le peuple de Dieu. De même qu’il y avait les disciples qui étaient fidèles à Jésus, et il y avait Judas avec eux. Paul aussi a eu son Démas parmi ses collaborateurs. Il y aura toujours des gens comme ça dans les églises locales. »
[Dr Donald Whitney]
Le fait que l’Église visible soit constituée de croyants et de non-croyants nous incite à nous méfier constamment de l’incrédulité et de l’erreur qui peuvent s’infiltrer dans l’Église. En même temps, l’Église demeure sainte même quand des non-croyants ont la charge de certains ministères. Ainsi, nous continuons d’honorer les sacrements, c’est-àdire les saintes ordonnances de Dieu. Nous continuons de respecter la sainte Parole de Dieu, même si elle est mal enseignée ou prêchée par hypocrisie. C’est ce que l’Apôtre Paul nous dit dans Philippiens, chapitre 1, versets 14 à 18. Le fait que l’Église soit sainte nous dissuade de placer en elle notre foi au lieu de la placer en Dieu, mais cela nous rappelle aussi que Dieu œuvre à travers l’Église de manière efficace, malgré le péché et l’incrédulité des hommes.
Maintenant que nous avons vu ce qu’était l’Église visible, voyons ce qu’est l’Église invisible.
L’Église visible inclut donc toutes les personnes qui font partie de la communauté de l’alliance, mais l’Église invisible, quant à elle, n’est constituée que des personnes qui ont été unies à Christ pour le salut. Pour cette raison, on l’appelle parfois « l’Église véritable ». On pourrait se représenter l’Église invisible comme étant un groupe de personnes plus restreint au sein de l’Église visible. En général, nous nous comportons avec la plupart des gens dans l’Église visible comme s’ils étaient véritablement sauvés,
en leur accordant le bénéfice du doute. Mais en réalité, il n’y a que Dieu qui puisse juger les cœurs, comme on le voit dans des passages de l’Écriture tels que Psaume 44, verset 22, et Actes, chapitre 15, verset 8. C’est pourquoi, au stade où nous en sommes de l’histoire, il n’y a que Dieu qui puisse savoir exactement qui fait partie de l’Église invisible. Nous allons, ici, parler principalement de l’Église invisible telle qu’elle existe sur terre à un moment précis de l’histoire, mais il ne faut pas oublier que l’Église invisible, en réalité, inclut tous les croyants qui ont jamais existé, qu’ils aient vécu avant la venue de Christ ou après.
Habituellement, l’Écriture s’adresse à l’Église visible et non à l’Église invisible, mais en même temps, elle accorde souvent le bénéfice du doute à ses destinataires en ce qui concerne leur salut. Il y a quelques exceptions notables à ce principe, comme dans 1 Corinthiens, chapitre 5, et dans 1 Timothée, chapitre 1, versets 19 et 20. Et quelques-unes des lettres adressées aux églises dans le livre de l’Apocalypse, chapitres 2 et 3, ne sont pas très optimistes quant à leurs destinataires. Mais en général, les auteurs de l’Écriture s’attendent à ce que leurs lecteurs aient foi en Dieu et lui obéissent fidèlement. Le but recherché, c’est que tous les destinataires se révèlent fidèles, c’est-à-dire que toute l’Église visible fasse partie de l’Église invisible.
Quand Jésus reviendra, il purifiera complètement son Église. Il en éliminera tous les non-croyants, de sorte que l’Église invisible deviendra identique à l’Église visible. La Bible en parle dans des passages comme Matthieu, chapitre 7, versets 21 à 23, et chapitre 13, versets 24 à 30 ; 1 Corinthiens, chapitre 3, versets 12 à 15 ; et 1 Pierre, chapitre 4, versets 17 à 19. Mais en attendant ce jour, l’identité de ceux qui appartiennent à l’Église invisible n’est connue avec certitude que par Dieu.
Le fait qu’il y ait actuellement une Église invisible au sein de l’Église visible a des conséquences importantes pour tous ceux qui se disent chrétiens. Une des conséquences les plus importantes, c’est que l’Église a besoin d’entendre l’Évangile régulièrement. Nous savons qu’il y a des non-croyants dans l’Église visible. Ce qui veut dire que le fait d’être membre d’une église ne suffit pas à garantir le salut. Et pour cette raison, il nous faut continuer à enseigner et à prêcher l’Évangile de la rédemption, non seulement aux autres, mais aussi à nous-mêmes. Nous devons nous assurer que les noncroyants dans nos églises soient invités à s’approcher de Christ et à intégrer l’Église invisible.
Quand le Symbole des Apôtres affirme que l’Église est sainte, ce que cela veut dire c’est que l’Église est dans une alliance avec Dieu, qu’elle est séparée du monde en tant que peuple qui appartient à Dieu, et qui est consacré à son service. Cela veut aussi dire que le but ultime que l’Église doit rechercher est la pureté morale, et aussi que les croyants véritables qui font partie de l’Église sont eux-mêmes couverts par la pureté morale de Christ. De plus, en nous soumettant continuellement aux commandements de Dieu, nous sommes constamment purifiés des péchés que nous commettons, et nous nous approchons petit à petit du but que Dieu nous a fixés, qui est la sainteté parfaite.
Nous avons donc parlé, d’une part, du fait que l’Église était voulue par Dieu, ce qui confère à l’Église son importance et son autorité, et d’autre part nous avons parlé du fait que l’Église était sainte aux yeux de Dieu. Maintenant, nous allons aborder le troisième volet de cette leçon, à savoir le fait que l’Église soit catholique ou universelle.
Nous allons parler de ce terme, « catholique », en trois étapes. D’abord, nous proposerons une définition du mot « catholique ». Ensuite, nous examinerons le caractère catholique (ou la catholicité) de l’Église visible. Et troisièmement, nous parlerons du caractère catholique de l’Église invisible. Commençons par la définition du mot « catholique ».
DÉFINITION
Comme on l’a dit dans une leçon précédente, le mot « catholique » signifie
« universel », c’est-à-dire qui inclut les chrétiens de toute assemblée locale. Le mot « catholique » vient du latin « catholicus », qui à son tour vient de deux mots grecs, la préposition « kata » et l’adjectif « holos » qui veut dire « le tout », c’est-à-dire ce qui est complet. Ce n’est donc pas une référence à l’Église catholique romaine. C’est plutôt une description de l’unité qui existe entre toutes les églises qui suivent Christ fidèlement.
Vous vous souvenez certainement, comme on l’a vu dans des leçons précédentes, que le Symbole des Apôtres tel que nous le connaissons aujourd’hui s’est développé à partir de crédos primitifs destinés aux liturgies de baptême. À l’époque où ces crédos primitifs sont apparus, les différentes églises dans le monde ne s’étaient pas encore réunies pour former une institution unique avec un gouvernement unique. Donc quand le Symbole des Apôtres parle du caractère catholique de l’Église, cela ne sous-entend pas une organisation qui fédèrerait toutes les assemblées locales. Il s’agit bien plutôt de l’unité du Saint-Esprit, qui existe entre toutes les églises chrétiennes légitimes, malgré nos différences de type organisationnel. À cette époque-là, le terme « catholique » était un terme inclusif. Son but était de placer sous le titre « d’église » toute assemblée chrétienne.
Cette idée est conforme à ce que l’Apôtre Paul enseigne dans 1 Corinthiens, chapitre 1, verset 2, où il commence sa lettre en disant ceci :
« À l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Christ-Jésus, appelés à être saints, et à tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur
Seigneur et le nôtre […]. » (1 Corinthiens 1.2)
Dans ce passage, Paul est en train de dire que les différentes assemblées chrétiennes de Corinthe, auxquelles il fait référence en les appelant toutes ensemble : « l’Église […] qui est à Corinthe », font partie d’une Église plus large, qui inclut tous ceux qui invoquent le nom de Christ, quel que soit le lieu de leur résidence.
Vers le milieu du troisième siècle, Cyprien de Carthage a commencé à mettre l’accent sur le rôle des évêques et des prêtres pour ce qui était de la définition de l’Église. Voici ce qu’il dit dans la Lettre 68 :
« [L’Église] est le peuple uni à son évêque […]. [L]’Église qui est catholique n’est point divisée, mais à tous ses membres unis par le moyen des évêques qui étant joints ensemble font comme le lien de cette union. »
Pour Cyprien, l’unité de l’Église s’ancre dans l’unité du clergé et dans l’unité du ministère. Lorsque ce point de vue a commencé à se répandre, les chrétiens ont également commencé à baser l’unité de l’Église sur l’unité de son gouvernement. L’Église est devenue une organisation unique présente partout dans le monde, car ses évêques et ses prêtres étaient présents partout dans le monde.
Pourtant, même à ce stade, le mot « catholique » avait un sens inclusif puisqu’il incluait toutes les personnes et toutes les assemblées qui invoquaient le nom de Christ et qui étaient fidèles à l’enseignement historique de l’Église.
Mais plus tard, l’Église s’est divisée. En l’an 1054, par exemple, l’Église catholique romaine a excommunié les églises orthodoxes d’Orient, et les églises orthodoxes d’Orient ont excommunié l’Église catholique romaine.
À partir de ce moment-là, ces églises ont commencé à employer le terme de « catholique » dans un sens nouveau et exclusif. Elles insistaient sur le fait que leurs églises étaient catholiques ou universelles, à l’exclusion des autres, ce qui revenait à dire qu’elles étaient à elles seules la véritable Église, tout en condamnant les églises rivales.
Plus tard, au lendemain de la Réformation, qui a eu lieu au XVIe siècle, la plupart des églises protestantes a eu une approche différente. Globalement, elles sont revenues au sens originel du terme dans le crédo et ont mis en avant la dimension inclusive du mot « catholique ». Conformément à ce que dit l’Écriture et à ce que dit le Symbole des Apôtres, les églises protestantes ont affirmé l’unité de l’Esprit qui rassemble toutes les églises chrétiennes sous l’autorité de Christ. Et elles ont reconnu que cette unité pouvait être maintenue malgré l’absence de solidarité en termes de gouvernement de l’Église, et sans renoncer aux spécificités positives que chaque dénomination pouvait avoir.
Reconnaître le caractère catholique, ou la catholicité, de l’Église aujourd’hui, signifie reconnaître la validité de toute église qui défend les doctrines contenues dans le Symbole des Apôtres. Tout chrétien de toute église fidèle se trouve dans l’alliance, sous l’autorité de Christ, et tout véritable croyant a reçu des dons du Saint-Esprit. Et pour cette raison, nous devrions nous réjouir de pouvoir profiter des dons de tout chrétien véritable issu de toute église fidèle, et nous devrions être prêts à servir à leurs côtés autant que possible.
Nous avons donc examiné la définition du mot « catholique » ; maintenant voyons dans quelle mesure on peut dire que l’Église visible est catholique.
L’ÉGLISE VISIBLE
Quand on tient compte à la fois de ce qu’est la catholicité de l’Église et de ce qu’est l’Église visible, la définition que l’on pourrait donner à l’Église catholique visible serait la suivante : la communion mondiale de toutes les personnes qui sont dans l’alliance avec Dieu, sous l’autorité de Christ. Évidemment, cette communion est spirituelle et non pas institutionnelle. Il n’existe pas de dénomination dont le gouvernement s’étend sur toutes les assemblées chrétiennes. L’unité de l’Église visible est bien plutôt basée sur le fait que toutes les églises sont dans l’alliance avec le même Dieu, et ont pour représentant, dans cette alliance, le même Christ.
Historiquement, l’Église visible a appuyé son caractère catholique sur des choses différentes. Selon certaines traditions, la catholicité repose sur la continuité du gouvernement de l’Église. L’Église grandit en se multipliant, et les personnes qui accèdent nouvellement au ministère sont consacrées, avec imposition des mains, par les personnes qui sont déjà ministres.
Mais en général, les protestants affirment que l’unité de l’Église repose sur la foi en Christ et sur l’œuvre de l’Esprit, plutôt que sur la succession des ministres consacrés. C’est pour cette raison que des nouvelles assemblées peuvent apparaître partout où il y a l’unité de l’Esprit, partout où des personnes qui sont dans l’alliance avec Dieu se réunissent au nom de Christ. Les protestants disent que l’Église visible est catholique, car elle existe partout où des personnes sont dans l’alliance avec Dieu, sous l’autorité de Christ, dans l’unité de l’Esprit.
Un des problèmes les plus communs auxquels de nombreux chrétiens font face aujourd’hui, c’est celui de savoir quelles églises ils doivent reconnaître comme faisant partie de l’Église catholique ou universelle. Dans beaucoup de régions du monde, il y a tellement d’églises différentes qui se disent chrétiennes que les chrétiens risquent de tomber dans deux extrêmes. Soit ils font preuve d’une ouverture trop grande, et accueillent à bras grands ouverts toute église qui se dit chrétienne, soit ils excluent tout le monde à l’exception de leur propre assemblée ou de leur propre dénomination bien délimitée.
Pour se sortir de cette difficulté, on peut s’appuyer sur les trois marques traditionnelles de l’Église. Ces marques de l’Église ont été formulées au XVIe siècle par John Knox, en Écosse, mais elles représentent l’opinion de nombreuses églises protestantes de cette époque. Ces marques ont pour but, essentiellement, de permettre aux chrétiens de faire la différence entre les assemblées appartenant réellement à l’Église catholique visible et les autres.
« Il était absolument nécessaire de connaître ces marques de l’Église pour pouvoir savoir où se trouvait l’Église, parce qu’en réalité, n’importe quoi peut s’appeler ‘église’. À l’occasion d’une crise théologique très importante, comme lors de la Réformation au XVIe siècle, la question est : ‘Où est la vraie Église ?’. Et donc les réformateurs, en l’occurrence, ont soigneusement défini les marques de l’Église, en disant : ‘Ce n’est pas le panneau à l’entrée. Ce n’est pas l’architecture du bâtiment. C’est plutôt là où il y a, avant tout, la prédication de la parole de Dieu’. Là où la parole de Dieu est correctement prêchée, il y a l’Église. Là où les sacrements, ou les ordonnances, sont droitement administrées, il y a l’Église. Plus tard, on a ajouté comme marque, tout particulièrement, l’exercice de la discipline ecclésiastique ; car sans l’exercice de la discipline, c’est la pureté de l’Église qui est compromise, et du coup c’est l’Église ellemême qui est compromise en termes de son intégrité et de son identité. » [Dr R. Albert Mohler]
Réfléchissons un instant à ces trois marques traditionnelles de l’Église catholique visible, à commencer par la prédication de la parole de Dieu.
Il n’y a pas une église ou une dénomination qui peut prétendre détenir à elle seule la parole de Dieu, ni savoir à elle seule comment l’interpréter, l’appliquer et la proclamer. Certaines églises et certaines dénominations prétendent être seules en droit d’interpréter et d’enseigner l’Écriture. Certaines prétendent avoir été spécialement éclairées de sorte que leur compréhension de la Bible est plus juste que celle des autres. Mais en fait, aucune église n’est parfaitement caractérisée par aucune des trois marques, à commencer par la prédication de la Parole. Dieu a donné la Bible à l’Église visible tout entière. Et il a donné à l’Église visible tout entière son Saint-Esprit pour nous aider à comprendre la Bible. Cette réalité est mentionnée dans des passages comme 1 Timothée, chapitre 3, verset 15 ; Hébreux, chapitre 4, versets 11 à 13, et chapitre 6, versets 4 à 6. De plus, l’Écriture exhorte l’Église visible tout entière à lire, à étudier et à enseigner la parole de Dieu, comme on le voit dans Matthieu, chapitre 28, verset 20, dans 1 Timothée, chapitre 4, verset 17, et dans 2 Timothée, chapitre 2, verset 15, et chapitre 3, versets 14 à 17.
La deuxième marque de l’Église, c’est l’administration correcte des sacrements que sont le baptême et la sainte-cène. Ces sacrements appartiennent à l’Église visible tout entière, pas juste à telle ou telle dénomination.
Toute assemblée au sein de l’Église visible a le privilège et la responsabilité d’administrer les sacrements selon les Écritures. Dans le cadre de la Grande Mission, en effet, l’ordre est donné de baptiser, dans Matthieu, chapitre 28, verset 19, et c’est quelque chose qui apparaît aussi dans les remarques de l’Apôtre Paul concernant le baptême, dans 1 Corinthiens, chapitre 1, versets 13 à 17. On le voit aussi dans la façon dont Jésus a institué la sainte-cène, dans Luc, chapitre 22, versets 15 à 20, où Jésus dit que la saintecène est destinée à tout son royaume, c’est-à-dire à tous ceux dont il est le représentant dans l’alliance. C’est en raison de ce type de passages que les églises protestantes, pour la plupart, reconnaissent les sacrements qui sont administrés dans d’autres églises et dans d’autres dénominations.
La troisième marque traditionnelle de l’Église catholique visible est l’exercice officiel de la discipline, comme par exemple la pratique de l’excommunication.
Les chrétiens ne prennent jamais de plaisir à exercer la discipline ecclésiastique, surtout l’excommunication. Les églises ont donc souvent eu tendance à éviter d’avoir recours à ce type de discipline. Évidemment, la tempérance et la magnanimité ont toujours été encouragées par la Bible, comme on le voit dans la parabole du blé et de l’ivraie, dans Matthieu, chapitre 13, versets 24 à 30. Et pourtant, la discipline a une place. Parfois, le péché d’une personne cause tellement de trouble qu’il faut intervenir par le moyen de la discipline, surtout si la situation met en péril l’Église et sa réputation. Dans ce cas, la discipline a pour but de protéger l’Église et d’inciter le pécheur à la repentance. L’Écriture nous parle de l’importance de la discipline dans des passages comme
Matthieu, chapitre 16, verset 19, et chapitre 18, verset 18 ; Jean, chapitre 20, verset 23 ; et Tite, chapitre 3, verset 10. On peut aussi constater l’exercice de cette discipline dans des passages comme 1 Corinthiens, chapitre 5, versets 1 à 13. Puisque l’Église visible tout entière appartient à Christ et le représente sur terre, il est important que l’Église visible, partout où elle se trouve, agisse pour protéger le peuple de Christ et pour défendre l’honneur de Christ, à travers l’exercice approprié de la discipline ecclésiastique.
Aujourd’hui encore, il est important pour nous de considérer les marques de l’Église. Ces marques nous aident à faire en sorte que nos propres assemblées se maintiennent à l’intérieur de l’Église catholique visible, dans l’alliance avec Dieu, sous l’autorité de Christ. Ces marques nous aident aussi à identifier les imposteurs et les ennemis de l’Église, afin de mettre en garde les chrétiens contre de tels groupes et de proclamer au monde que ces fausses églises ne représentent pas notre Seigneur ni son Évangile. Ces marques peuvent aussi nous inciter à œuvrer dans le ministère de façon
« interdénominationnelle ». À partir du moment où nous reconnaissons que le corps de
Christ ne se limite pas à notre église ou à notre dénomination, mais qu’il s’étend de manière universelle, dans le monde entier, partout où l’Évangile de Christ est proclamé, nous pouvons accueillir fraternellement tous ceux qui font partie de l’Église visible.
Nous avons donc parlé du caractère universel de l’Église visible ; maintenant, nous allons voir dans quelle mesure l’Église invisible est elle aussi catholique ou universelle.
L’ÉGLISE INVISIBLE
Quand on tient compte à la fois de ce qu’est la catholicité de l’Église et de ce qu’est l’Église invisible, la définition que l’on pourrait donner à l’Église catholique invisible serait la suivante : toutes les personnes de toutes les époques qui ont été unies à Christ pour le salut. Comme on l’a dit, l’Église invisible est une sous-partie de l’Église visible, donc il est également vrai que toute personne dans l’Église invisible est dans l’alliance avec Dieu, sous l’autorité de Christ. Mais pour distinguer l’Église invisible de l’Église visible, notre définition doit souligner ce qui est propre à l’Église invisible.
On pourrait réfléchir au caractère catholique de l’Église invisible de toutes sortes de façons, mais nous allons nous limiter à deux choses. D’abord, nous allons voir que l’Église invisible est universelle car il n’y a qu’un seul Sauveur. Et deuxièmement, nous verrons que l’Église invisible est universelle car il n’y a qu’une seule religion véridique qui nous fasse connaître ce Sauveur. Commençons par l’idée qu’il n’y a qu’un seul Sauveur.
L’Écriture enseigne clairement que Jésus-Christ est le seul Sauveur des hommes. Il est le seul à avoir le pouvoir de nous sauver ; personne d’autre n’a jamais eu ce pouvoir ni ne l’aura jamais. C’est ce que dit l’Apôtre Pierre avec insistance, dans Actes, chapitre 4, verset 12 :
« Le salut ne se trouve en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4.12)
Il n’y a jamais eu d’autre Sauveur pour les hommes que Jésus. Notre Seigneur lui-même l’a affirmé, dans Jean, chapitre 14, verset 6, quand il a dit :
« Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.6)
« Pourquoi Jésus est-il le seul à pouvoir nous sauver ? Et bien il fallait que le Sauveur soit à la fois un homme parfait, et parfaitement Dieu, et Jésus a été cet homme parfait dans le but de prendre notre place, dans le but de s’offrir en sacrifice pour nous, dans le but d’être notre substitut, et donc Jésus était le seul à pouvoir accomplir cela. Et bien sûr, c’est ce que Dieu avait prévu depuis le début de l’histoire de la rédemption, quand Dieu a choisi David pour être le grand Messie de Dieu, pour être son Oint. Et Jésus est ce grand roi qui devait venir après David, et Jésus a accompli son office, et donc tout l’Ancien Testament nous prépare à la venue de Jésus. Jésus est le seul qui remplisse tous les critères et qui soit capable de sauver complètement son peuple de ses péchés. » [Dr John Frame]
Jésus est reconnu comme sauveur par les réformés, par les baptistes, par les anglicans, par les méthodistes, par les presbytériens, par les luthériens, par les catholiques romains, par les orthodoxes, et par tous ceux qui font partie d’une dénomination appartenant à l’Église visible.
Il n’y a qu’une seule Église invisible, parce que toutes les personnes qui sont sauvées sont unies au même Christ, au même Sauveur. Il est la raison de notre unité. Et puisqu’il n’y a pas de division en lui-même, il n’y a pas de division non plus entre nous.
Une deuxième chose qui fait que l’Église invisible est catholique ou universelle, c’est le fait qu’il n’y a qu’une seule religion véridique qui nous fasse connaître Christ.
Il est important de faire remarquer que le christianisme n’est pas d’abord un système qui permet d’être sauvé, mais une relation d’alliance avec Dieu. Autrement dit, contrairement à d’autres religions, le christianisme ne consiste pas d’abord en une méthode pour obtenir le salut. C’est plutôt une relation entre Dieu et son peuple. Oui, la foi est déterminante en tant que moyen par lequel on est réconcilié avec Dieu. Mais la vraie question est : Quelle est votre identité aux yeux de Dieu ? Êtes-vous un citoyen fidèle de son royaume ? Quand Dieu vous regarde, voit-il une personne qui est couverte du sang de l’alliance, du sang de Christ ? Ou bien êtes-vous un citoyen du royaume ennemi ? Vous tenez-vous devant Dieu sur la base de vos propres mérites, étant destiné par conséquent à payer vous-mêmes le prix de vos péchés ?
Malheureusement, les gens qui appartiennent à d’autres religions appartiennent au royaume ennemi. Ils ne font pas partie du peuple de l’alliance, du peuple de Dieu, et par conséquent, ils n’appartiennent pas à Christ. C’est impossible. Seul le christianisme nous fait connaître le Sauveur. Voilà pourquoi le christianisme biblique réfute l’idée selon laquelle on pourrait être sauvé à travers d’autres religions, même si ces religions semblent être très bien intentionnées.
« Nous le savons : il existe beaucoup de religions non-chrétiennes, notamment celles qu’on appelle ‘les grandes religions du monde’ en raison de leur taille et de leur influence. Et les gens se demandent parfois, au sujet de ces gens qui ne sont pas des chrétiens mais qui pratiquent fidèlement une de ces autres grandes religions, et qui en suivent les doctrines avec beaucoup de consécration et de sincérité, si ces personnes iront au ciel bien qu’elles ne reconnaissent pas Christ. Peut-être même qu’elles n’ont jamais entendu parler de Christ. Et bien la réponse de la Bible est claire. Jésus a parlé explicitement de ce cas de figure dans Jean 14.6. Il dit ceci au sujet de lui-même : ‘Je suis le chemin, je suis la vérité, je suis la vie’, et au cas où cela ne serait pas très clair, il ajoute : ‘et personne ne vient au Père que par moi’. »
[Dr Donald Whitney]
« En raison de la grâce commune de Dieu, nous voyons des choses bonnes et justes dans la vie de beaucoup de gens, quelle que soit leur religion. Mais il y a aussi, dans la vie de tout le monde, beaucoup de mal. Et si nous reconnaissons que Dieu est saint et que les êtres humains sont déchus, il faut bien admettre qu’avant de pouvoir s’approcher de Dieu et avoir une relation personnelle avec lui, il faut beaucoup plus que juste un bon comportement. Dans notre condition pécheresse, il n’y a rien que nous puissions faire qui plaise à Dieu. Nous avons donc besoin d’un rédempteur et d’un sauveur, pas juste d’une pratique religieuse. Et Jésus est le seul qui nous présente ce chemin permettant d’être réconcilié avec Dieu. »
[Dr Erik K. Thoennes]
Comme on l’a déjà dit, les membres de l’Église invisible qui sont encore vivants font normalement partie de l’Église visible. C’est pour cette raison que beaucoup de théologiens ont dit qu’il n’y avait pas de salut possible, ordinairement, en-dehors de l’Église visible. Autrement dit, si une personne ne fait pas partie de l’Église visible, cette personne ne se trouve pas dans la situation ordinaire d’être sauvée.
Le père de l’Église Cyprien de Carthage, qui a vécu de l’an 200 à 258, en parle ainsi, dans sn traité De l’unité de l’Église :
« [Quiconque] se sépare de l’Église s’unit à une femme adultère, il ne pourra pas obtenir ce que l’Église promet. Celui qui abandonne l’Église du Christ ne recevra pas les récompenses du Christ. C’est un étranger, un adversaire et un ennemi. On ne peut pas avoir Dieu pour
Père quand on n’a pas l’Église pour mère. »
Dans ce passage, Cyprien est en train de s’opposer à ceux qui ont quitté l’Église visible. Et ce qu’il est en train de dire, c’est qu’on ne peut pas faire partie de l’Église invisible et recevoir les récompenses du Christ, à moins de faire aussi partie de l’Église visible. Cet argument rejoint ce qu’on a dit sur le fait que l’Église visible se trouvait dans une relation d’alliance avec Dieu.
La réalité, c’est que le salut lui-même est un bienfait propre à l’alliance de Dieu.
C’est ce qu’on voit d’après Jérémie, chapitre 31, versets 31 à 34 ; Luc, chapitre 1, versets 69 à 75 ; Romains, chapitre 11, verset 27 ; Hébreux, chapitre 7, versets 22 à 25 ; et dans beaucoup d’autres passages. Prenons par exemple ce que dit Jésus dans Luc, chapitre 22, verset 20, au moment où il institue la sainte-cène :
« Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. » (Luc 22.20)
Le soir de son arrestation, Jésus a dit que le sang qu’il verserait pour expier nos péchés constituerait une alliance. Autrement dit, le salut qui vient du sang de Christ, nous est offert uniquement dans son alliance.
Et puisque c’est l’Église visible qui est dans cette alliance avec Dieu, le salut n’est offert ordinairement qu’à travers l’Église visible. C’est ce qui se passe lorsque des personnes de l’Église visible viennent à la foi, ou lorsque l’Église visible gagne des convertis par le moyen de l’évangélisation. Bien entendu, il y a aussi des gens qui sont sauvés indépendamment de toute interaction avec l’Église. Mais quand cela se produit, il est important de reconnaître que c’est quelque chose d’inhabituel, quelque chose qui n’est pas ordinaire.
Puisque l’Église invisible est universelle, il n’y a que les gens qui sont fidèles à l’alliance de Dieu qui peuvent être sauvés. Il n’y a aucun espoir que les gens qui appartiennent à une autre religion accèdent au ciel en vivant selon les normes morales de leur religion. L’évangélisation est une nécessité. Nous devons présenter à ces gens celui qui est le seul Sauveur. Nous devons les intégrer dans la communauté de l’alliance, dans le royaume terrestre de Dieu, et leur enseigner à aimer et à suivre celui qui en est le Seigneur et le Roi. Le caractère catholique de l’Église invisible constitue pour nous tous qui sommes sauvés un grand encouragement : c’est notre solidarité en Christ. Mais cela constitue aussi un sérieux avertissement pour tous ceux qui n’appartiennent pas encore à Christ.
Jusqu’ici, dans cette leçon, nous avons donc parlé du fait que l’Église était voulue par Dieu, puis du fait que l’Église était sainte, et maintenant du fait qu’elle était catholique, ou universelle. Maintenant, nous allons nous intéresser à notre dernière partie, à savoir au fait que l’Église est la communion des saints.
Quand nous avons parlé de la signification du mot « saint », nous avons constaté que ce terme faisait référence de façon générale à tous ceux qui sont dans l’Église visible, et de façon plus particulière à tous ceux qui sont dans l’Église invisible. Donc maintenant que nous allons parler de la communion des saints, nous allons nous intéresser plus particulièrement au terme que nous n’avons pas encore abordé, c’est-à-dire au terme de « communion ».
Dans les versions grecques anciennes du Symbole des Apôtres, le mot qui est traduit en français par « communion » est le mot « koinonia ». L’Écriture emploie couramment ce mot pour désigner la relation fraternelle qui existe entre les membres de l’Église, notamment en vertu de leur union avec Dieu. Nous voyons cet usage dans des passages comme Actes, chapitre 2, verset 42 ; 2 Corinthiens, chapitre 13, verset 14 ; et 1 Jean, chapitre 1, verset 3.
Le Nouveau Testament emploie aussi le mot « koinonia » en référence au partage et à la solidarité, notamment en termes de biens matériels et d’argent. C’est ce qu’on voit par exemple dans Romains, chapitre 15, verset 16, dans 2 Corinthiens, chapitre 9, verset 13, et dans Hébreux, chapitre 13, verset 16. C’est un mot qui est aussi employé par parler du partage de l’Évangile, pas juste en termes d’évangélisation, mais en termes de partage réciproque au sein de l’Église, comme dans Philippiens, chapitre 1, verset 5, et dans Philémon, verset 6.
Étant donné cet usage, on a traditionnellement considéré que le mot « communion » dans le crédo désignait à la fois la communion fraternelle entre les membres de l’Église, et le fait qu’ils avaient certaines choses en commun, et par implication, le fait qu’ils dépendaient les uns des autres.
Pour examiner cette notion de communion des saints, nous allons revenir à une distinction qui, maintenant, devrait nous être familière. D’abord, nous allons réfléchir à la communion qui existe dans l’Église visible. Et deuxièmement, nous réfléchirons à la communion qui existe dans l’Église invisible. Commençons par la communion des saints dans l’Église visible.
L’EGLISE VISIBLE
La communion de l’Église visible comporte beaucoup d’aspects, mais nous allons nous contenter d’en mentionner trois : d’abord, les moyens de grâce ; ensuite, les dons spirituels ; et troisièmement, les biens matériels. Commençons par les moyens de grâce.
Les moyens de grâce sont des outils ou des mécanismes que Dieu utilise ordinairement pour communiquer sa grâce à son peuple. John Wesley, un des fondateurs de l’Église méthodiste, propose une définition des moyens de grâce qui reflète bien ce que croient de nombreuses traditions chrétiennes. Voici ce qu’il écrit dans son Sermon numéro 16, qui est basé sur le passage de Malachie, chapitre 3, verset 7 :
« Par moyens de grâce j’entends des signes, des paroles, ou des actes que Dieu a institués et établis expressément en vue d’en faire le canal par lequel il communiquerait habituellement aux hommes sa grâce qui prévient, qui justifie, qui sanctifie. » [John Wesley]
« Les moyens de grâce, c’est ce que certains appellent les ‘disciplines spirituelles’ ou encore les ‘œuvres de la piété’, selon les différentes traditions. On me demande parfois : ‘Comment ces moyens de grâce agissent-ils ?’. Mais ce que je veux répondre à chaque fois, c’est : ‘Ils n’agissent pas. C’est Dieu qui agit ; c’est la grâce de Dieu qui est agissante.’ Mais les moyens de grâce constituent pour nous l’occasion de recevoir et de bénéficier de cette grâce. Ils fournissent des moments et des lieux où nous pouvons être particulièrement attentifs à la grâce de Dieu qui œuvre dans notre vie. Je me les représente parfois comme des tuyaux. Il ne s’agit pas de confondre le tuyau avec l’eau qu’il transporte. C’est l’eau de la vie que nous voulons recevoir. Mais ce sont les tuyaux qui nous amènent cette eau. Les moyens de grâce nous sont donc utiles en ce qu’ils nous permettent de recevoir l’eau de la vie. » [Dr Steve Harper]
Concrètement, il y a beaucoup de moyens que Dieu utilise pour nous communiquer sa grâce, y compris des choses comme l’adversité et la souffrance, la foi, la charité, et la communion fraternelle. Mais traditionnellement, les théologiens ont mis en valeur trois moyens de grâce en particulier : la Parole de Dieu, les sacrements du baptême et de la sainte-cène, et la prière. Ces trois moyens de grâce sont destinés à l’Église visible tout entière, à ses membres croyants comme à ses membres non-croyants.
Le Petit catéchisme de Westminster, un document protestant historique qui résume la doctrine chrétienne, décrit ainsi les moyens de grâce, à la 88e question :
« Q : Quels sont les moyens extérieurs par lesquels le Christ nous communique les bienfaits de la rédemption ?
R : Les moyens extérieurs et ordinaires par lesquels le Christ nous communique les bienfaits de la rédemption sont ses ordonnances, spécialement sa Parole, les sacrements et la prière, qui sont toutes efficaces pour le salut des élus. »
L’Écriture parle du bienfait de ces moyens de grâce dans des passages comme Romains, chapitre 10, verset 14 ; 1 Corinthiens, chapitre 10, verset 17 ; et 1 Pierre, chapitre 3, versets 12 et 21.
Certes, les bienfaits de la rédemption ne sont destinés qu’à ceux qui sont sauvés, c’est-à-dire à l’Église invisible, mais les ordonnances elles-mêmes sont destinées à toute l’Église visible. Souvenons-nous que l’Église invisible est… invisible, précisément ! On ne sait pas qui en fait partie. Elle n’organise pas son propre culte. Elle n’a pas ses propres pasteurs ou ministres. Elle n’est pas gouvernée à part. Ces choses-là sont caractéristiques de l’Église visible. Et de la même façon, tous les moyens de grâce (la prédication, le baptême, la sainte-cène, la prière) sont des moyens visibles. Tout le monde peut les observer. Ce sont des choses qui sont communes à toute l’Église visible, et à ce titre, ces moyens de grâce caractérisent la communion de l’Église visible.
Les moyens de grâce ont toujours été des ordonnances importantes au moyen desquelles Dieu applique ordinairement les bienfaits de la rédemption à notre vie, et nous devrions par conséquent en tirer avantage autant que possible. Nous devrions prêcher l’Évangile qui convertit, et enseigner la parole qui donne la sagesse et la maturité. Nous devrions faire usage des sacrements qui nous présentent l’Évangile de manière visible, et qui nous scellent dans l’alliance de Dieu. Et nous devrions prier pour la grâce de Dieu et pour son pardon, pour des conversions et pour la maturité, pour l’aide de Dieu face à la tentation, pour sa protection contre le mal, et pour son secours dans la détresse. À cause de tout cela, et de bien plus encore, les moyens de grâce représentent des ministères très précieux de l’Église visible.
En plus des moyens de grâce, l’Église visible a aussi en commun les dons spirituels.
Alors attention : lorsque nous disons que les dons spirituels ont été donnés à toute l’Église visible, nous ne sommes pas en train de dire que toutes les personnes dans l’Église visible ont été remplies du Saint-Esprit. Ce n’est pas le cas. Seuls les croyants sont remplis du Saint-Esprit. Néanmoins, le Saint-Esprit utilise tous les dons spirituels dans le but d’édifier toute l’Église visible. Pour certains de ses membres, cela signifie croître dans la sanctification et dans la maturité chrétienne. Pour d’autres, cela signifie venir à la foi. Mais dans tous les cas, toutes les personnes qui sont dans l’Église visible sont exposées à l’exercice des dons spirituels, et y participent même jusqu’à un certain point. Et donc, pour cette raison, nous pouvons dire que les dons spirituels ont été donnés à toute l’Église visible.
Le fait que les dons spirituels aient été donnés à toute l’Église visible se voit de différentes manières. D’abord, ils sont exercés dans le cadre du culte public. On le voit de façon explicite dans 1 Corinthiens, chapitre 14, versets 13 à 26. Ensuite, ils ont été donnés dans le but d’édifier toute l’Église. C’est ce qu’on voit dans des passages comme 1 Corinthiens, chapitre 12, versets 4 à 7, ou dans Éphésiens, chapitre 4, versets 3 à 13. Troisièmement, l’Apôtre Paul dit clairement que les langues sont un signe, même pour les non-croyants dans l’Église, comme on le voit dans 1 Corinthiens, chapitre 14, versets 21 et 22. Et quatrièmement, les non-croyants dans l’Église sont condamnés pour n’avoir pas tiré profit des dons spirituels, comme on le voit dans Hébreux, chapitre 6, versets 4 à 6. Ainsi, l’Écriture nous montre clairement que les croyants et les non-croyants ensembles sont au bénéfice des dons spirituels de l’Église.
Tout comme les moyens de grâce, les dons spirituels représentent encore aujourd’hui un grand bienfait pour l’Église visible. Les dons spirituels sont utiles pour la proclamation de la vérité et pour la conversion des perdus. Ils sont utiles pour la croissance des croyants, dans la foi et dans la maturité. Et de nombreux dons tels que la miséricorde et l’hospitalité sont utiles pour le secours matériel des membres du peuple de Dieu qui sont dans le besoin. Lorsque le Saint-Esprit accorde ses dons à son peuple, nous devons encourager chacun à faire usage de ces dons au profit de tous, sans faire de discrimination dans l’Église visible.
La communion de l’Église visible se voit aussi dans la façon dont ses membres partagent leurs biens matériels.
Une des facettes de la communion, ou de la « koinonia », dans la Bible et dans l’Église primitive, c’était le fait que les chrétiens partageaient leurs biens matériels avec les personnes les plus nécessiteuses dans l’Église visible. Le mot « koinonia » était souvent utilisé pour désigner le secours matériel offert au pauvres, comme dans Romains, chapitre 15, verset 26, dans 2 Corinthiens, chapitre 8, verset 4, et chapitre 9, verset 13, et dans Hébreux, chapitre 13, verset 16.
Même quand le mot « koinonia » n’est pas utilisé, cet aspect de la communion se révèle dans la pratique des premiers chrétiens. Beaucoup d’entre eux, par exemple, vendaient ce qu’ils possédaient et en offraient le produit à l’Église, comme on le voit dans Actes, chapitre 2, versets 44 et 45, et au chapitre 4, versets 34 et 35. À l’époque de l’Église primitive, certains chrétiens héroïques se sont même vendus eux-mêmes comme esclaves dans le but d’en libérer d’autres, ou pour récolter de l’argent et ainsi subvenir aux besoins des pauvres.
Le père de l’Église Clément de Rome, qui a vécu de l’an 30 à l’an 100, parle de cette pratique dans une lettre connue sous le nom de 1 Clément, qu’il a écrite aux Corinthiens. Écoutez ce qu’il dit au chapitre 55 de cette lettre :
« Nous savons que beaucoup des nôtres se sont mis volontairement dans les fers pour en racheter d’autres ; un grand nombre aussi se sont vendus comme esclaves pour en nourrir d’autres avec le prix. »
[Clément de Rome]
Ce sentiment de communion était si fort dans l’Église primitive, et les croyants estimaient les autres comme étant si supérieurs à eux-mêmes, qu’ils n’étaient pas seulement disposés à partager ce qu’ils possédaient, mais même à sacrifier leur liberté dans le but de donner aux autres.
Cette façon de penser nous est expliquée dans 2 Corinthiens, chapitre 8, versets 3 à 5. Voyez ce que dit l’Apôtre Paul dans ce passage :
« [Ils ont donné] selon leurs possibilités, je l’atteste, et même au-delà de leurs possibilités […]. Ils nous ont demandé avec beaucoup d’insistance la grâce de participer à ce service en faveur des saints. […] Ils se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur et à nous, par la volonté de Dieu. » (2 Corinthiens 8.3-5)
Dans ce passage, Paul est en train de décrire la générosité des églises de la Macédoine. Et il explique que c’est leur consécration au Seigneur qui pousse ces croyants à donner de manière sacrificielle à son Église, à l’Église visible.
Le fait de partager ses biens matériels avec ceux qui sont dans le besoin constitue un aspect important de la vie de l’Église visible. L’Église tout entière est le peuple de Dieu, la communauté de l’alliance. Dieu se préoccupe de tous ceux qui en font partie, et il nous appelle à faire de même. Pour le dire simplement, tout ce que nous possédons appartient au Seigneur. Il a seulement fait de nous des gestionnaires de ce qui lui appartenait. Et cela veut dire que par notre charité et notre libéralité c’est le Seigneur qui pourvoit aux besoins de son peuple, et c’est son témoignage à l’Évangile dans le monde. Donc si nous voulons lui être fidèles, nous ne devons pas refuser les biens du Seigneur au peuple du Seigneur, qui en a besoin.
Nous avons donc parlé de la communion des saints du point de vue de l’Église visible ; maintenant, nous allons en parler du point de vue de l’Église invisible.
L’EGLISE INVISIBLE
Nous allons nous intéresser à deux idées principales en ce qui concerne la communion des saints dans l’Église invisible. D’abord, nous allons parler du fait que tous les croyants sont unis à Christ. Et deuxièmement, nous parlerons du fait que les croyants sont unis les uns aux autres. Commençons par le fait que nous sommes unis à Christ.
Le Nouveau Testament mentionne souvent le fait que les croyants sont unis à
Christ. Le plus souvent, cette idée apparaît lorsqu’il nous est dit que les croyants sont « en Christ », ou « en Jésus », ou « en lui ». D’une part, cette union signifie que Jésus représente les croyants auprès du Père, notamment dans sa mort et dans sa résurrection. Mais d’autre part, cela signifie que les croyants sont unis à Jésus de façon mystique et vitale. Jésus demeure en nous, et nous demeurons en lui.
« Je pense qu’une des idées les plus centrales dans l’enseignement de l’Apôtre Paul en particulier, c’est que nous sommes unis à JésusChrist ; nous lui appartenons. Quand on considère l’ensemble de la révélation biblique, je crois que la Bible nous dit que nous sommes soit en Adam, soit en Christ. Adam, bien sûr, c’était le premier être humain. Tous les êtres humains sont nés en tant que fils et filles d’Adam. Et par conséquent, ils entrent dans le monde en tant que pécheurs. Ils ont une nature pécheresse. Ils sont séparés de Dieu. Donc être sauvé et être racheté et se confier en Christ, ça signifie être incorporé à Christ et lui appartenir. Être uni à Christ veut dire faire partie de sa personne. » [Dr Tom Schreiner]
« C’est en étant unis à Christ que nous recevons tous les bienfaits de Christ. Historiquement, nous savons que ces bienfaits sont la justification, la sanctification, l’adoption…, c’est-à-dire toutes les choses qui sont attachées à notre salut. Ces choses, nous les recevons uniquement en Christ. Et donc il est important pour nous, et même essentiel, d’être unis à Christ pour pouvoir recevoir ces bienfaits. Et comment reçoit-on ces bienfaits ? Comment est-on uni à Christ ? On lui est uni par la foi, et par la foi seule. La foi est le moyen par lequel nous sommes unis à Christ ; et il s’agit de ce don de la foi qui vient de Dieu. » [Dr Jeffrey Jue]
Les théologiens parlent souvent de cette union vitale entre Jésus et les croyants comme d’une union mystique, car la Bible n’explique pas exactement comment ça marche. Mais l’Écriture dit clairement, en tout cas, que cette union implique à la fois notre corps et notre esprit. C’est ce qu’on voit dans Jean, chapitre 15, versets 4 à 7, dans Romains, chapitre 8, versets 9 à 11, et dans beaucoup d’autres passages. À titre d’exemple, écoutons ce que dit l’Apôtre Paul dans 1 Corinthiens, chapitre 6, versets 15 à 17 :
« Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Christ ? […]
Celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit. » (1 Corinthiens 6.15-17)
Charles Spurgeon, le célèbre prédicateur baptiste qui a vécu de 1834 à 1892, parle du fait que nous sommes unis à Christ dans son sermon intitulé Un mystère incomparable, basé sur Éphésiens, chapitre 5, verset 30. Écoutez ce qu’il dit :
« Nous sommes unis par un lien vital à Christ. […] Ce n’est pas une question d’unité mais d’identité. Il ne s’agit pas juste d’être attaché, mais de devenir participant, d’être une partie essentielle du tout. […]
Christ veut son peuple ; son peuple lui est indispensable. » [Charles
Spurgeon]
Il est incroyable de penser que nous sommes unis à Christ par un lien qui est si vital que Christ lui-même en souffrirait si nous lui étions arrachés. Il nous aime, et il est mort pour que nous soyons son partage, son héritage. Puisque nous sommes unis à lui, tout croyant devrait se sentir en parfaite sécurité, être certain de son salut, avoir l’assurance de son pardon, et être puissamment encouragé par son statut devant Dieu. Nous devrions puiser nos forces dans cette union, étant nourris par Christ et soutenus par son Esprit. Et nous devrions vivre hardiment notre relation à Dieu, sachant que nous sommes cachés en Christ, et par conséquent, que nous sommes parfaits aux yeux du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Cela ne veut pas dire que Dieu ne va pas nous corriger à cause de nos péchés. Mais ce que cela veut dire, c’est que lorsqu’il le fera, il le fera par amour, dans le but de nous conduire à la maturité et de nous rendre parfaitement dignes d’être unis à lui pour l’éternité.
Nous avons donc parlé du fait que les croyants étaient unis à Christ ; maintenant, parlons du fait que nous sommes unis aux autres croyants.
Puisque tout membre de l’Église invisible est uni à Christ, cela veut dire que tout croyant, en Christ, est également uni aux autres croyants. C’est ce qu’on voit dans des passages comme Romains, chapitre 12, verset 5 ; Galates, chapitre 3, versets 26 à 28 ; Éphésiens, chapitre 4, verset 25, et dans un certain nombre d’autres passages. Écoutez ce que dit Jésus, par exemple, dans sa prière au Père, lorsqu’il parle de cette communion, dans Jean, chapitre 17, versets 22 et 23 :
« Et moi, je leur ai donnée la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un – moi en eux, et toi en moi –, afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés, comme tu m’as aimé. » (Jean 17.22-23)
D’un côté, notre communion dans l’Église visible relève des relations et de l’expérience ; mais de l’autre côté, notre communion dans l’Église invisible est d’ordre spirituel et ontologique. Nos êtres-mêmes sont tissés ensemble en Christ et en son Esprit. Il en résulte que nous avons tous une dignité égale en Christ, comme nous l’explique l’Apôtre Paul dans 2 Corinthiens, chapitre 5, versets 14 à 16, dans Galates, chapitre 3, verset 28, et dans Colossiens, chapitre 3, verset 11. Nous partageons même les joies et les peines des uns et des autres, comme on le voit dans 1 Corinthiens, chapitre 12, verset 26.
Et la communion de l’Église invisible ne se limite pas à l’Église sur terre ; elle s’étend aussi à l’Église au ciel, à ces croyants qui sont déjà décédés et qui ont rejoint le Seigneur. De la même façon qu’il y a entre les croyants sur terre une communion mystique en Christ et par Christ, cette même communion existe aussi avec toutes les personnes qui sont unies à Christ, c’est-à-dire aussi avec les croyants qui sont maintenant au ciel. L’Écriture enseigne ce principe dans des passages comme Hébreux, chapitre 11, verset 4, et chapitre 12, versets 22 à 24.
L’Écriture emploie une image frappante pour nous parler de tout cela ; c’est l’image de l’Église comme épouse de Christ. Dans un certain sens, c’est l’Église visible qui est considérée comme épouse de Christ, mais ce qui est en vue, c’est toujours le perfectionnement de l’épouse qui, une fois parfaite, représente alors l’Église invisible. Cette idée, nous la trouvons dans l’Ancien Testament, dans Ésaïe, chapitre 54, versets 5 à 8, dans Osée, chapitre 2, versets 21 et 22, et dans Éphésiens, chapitre 5, versets 26 et 27. Ces analogies se réalisent avec la révélation de l’Église invisible et parfaite, dans Apocalypse, chapitre 19.
Écoutez la façon dont l’Apôtre Jean raconte sa vision, dans Apocalypse, chapitre 19, versets 6 à 8 :
« Et j’entendis comme la voix d’une foule nombreuse, comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de forts tonnerres, disant : Alléluia ! Car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, a établi son règne. Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse et donnons-lui gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, et son épouse s’est préparée. Il lui a été donné de se vêtir de fin lin, éclatant et pur. Le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints. » (Apocalypse 19.6-8)
Nous voyons dans ce passage que l’épouse de Christ se compose de tous les rachetés de toutes les époques, en communion les uns avec les autres. Nous sommes tous un, revêtus d’une seule robe éclatante constituée des œuvres bonnes de tous les croyants.
D’après l’Écriture, le fait que les croyants soient unis les uns aux autres a beaucoup de conséquences pratiques. Cela veut dire, par exemple, que tout croyant est précieux, et même indispensable aux yeux de Christ. Cela veut dire aussi que nous devons nous respecter les uns les autres et nous mettre au service les uns des autres. Nous devons aussi faire preuve de compassion les uns envers les autres, nous montrer aimables, doux, et patients, et nous pardonner réciproquement. Nous devons traiter les
autres comme nous voudrions être traités, et comme nous nous traitons nous-mêmes. Car comme ils sont unis à nous en Christ, ils font autant partie de nous que notre propre corps !
Dans cette leçon consacrée au Symbole des Apôtres, nous avons réfléchi à la doctrine de l’Église. Nous avons vu que l’Église était voulue par Dieu en tant que communauté particulière. Nous avons parlé du fait que l’Église était sainte, c’est-à-dire à la fois mise à part et pure. Nous avons également parlé de son caractère catholique, ou universel. Et nous avons vu dans quelle mesure elle était la communion des saints.
En tant que chrétiens modernes, l’expérience que nous faisons de l’Église est bien souvent très différente de celle qu’on en faisait à l’époque de la Bible ou même à l’époque où le Symbole des Apôtres a été rédigé. Mais les réalités sous-jacentes, propres à la vie de l’Église, n’ont jamais changé. L’Église, c’est toujours le peuple de Dieu, le peuple de l’alliance. C’est toujours le canal que Dieu a choisi pour communiquer son Évangile au monde, et pour faire avancer son royaume sur la terre. Nous, l’Église, nous sommes saints pour le Seigneur. Nous sommes son royaume. Nous sommes son peuple, unis les uns aux autres en lui. Et le Seigneur lui-même œuvre à travers nous.