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II

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Sommaire
I. INTRODUCTION1
II. DIEU2
A. L’unicité de Dieu
  1. Le polythéisme
  2. Le monothéisme
  3. Le christianisme
B. La simplicité de Dieu
III. PERE TOUT-PUISSANT
A. Le nom
B. La personne
C. Dieu est Père
  1. Créateur
  2. Roi
  3. Chef de famille
D. Sa puissance
  1. Une puissance illimitée
  2. Une puissance inégalée
IV. CREATEUR
A. L’acte de la création
B. La création est bonne
C. L’autorité du créateur
  1. Une autorité absolue
  2. Une autorité exclusive
  3. Une autorité exhaustive
V. CONCLUSION

III

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Le Symbole des Apôtres

Leçon Deux

Dieu le Père

INTRODUCTION

Dans beaucoup de religions, on rend un culte à un être qui est appelé « Dieu ». Ce qui soulève une question très intéressante : toutes ces religions rendent-elles un culte à une même entité, mais simplement sous des noms différents ? Ou bien est-ce que ce sont au contraire des dieux différents ? Et bien d’après la Bible, même si beaucoup de religions différentes emploient le même mot (à savoir : « Dieu »), elles ne lui attachent pas toutes le même sens, loin de là. L’Écriture insiste sur le fait qu’il n’y a qu’un seul Dieu : c’est le Dieu auquel les chrétiens rendent un culte. Ce qui veut dire que les dieux des autres religions sont des impostures, des idoles, des faux dieux. C’est la raison pour laquelle le christianisme a toujours beaucoup insisté sur le fait de connaître le Dieu de la Bible. C’est lui le seul vrai Dieu, le seul qui ait le pouvoir de créer, de détruire et de sauver.

Ceci est la deuxième leçon de notre série consacrée au Symbole des Apôtres, et nous l’avons intitulée : « Dieu le Père ». Dans cette leçon, nous allons étudier le premier article de foi du Symbole des Apôtres, à savoir celui qui parle de Dieu le Père, la première personne de la Trinité.

Comme on l’a vu dans la leçon précédente, le Symbole des Apôtres est apparu sous des formes quelque peu différentes au cours des premiers siècles de l’Église. Mais il a pris la forme que nous lui connaissons, en latin, autour de l’an 700. Voici une traduction courante en français :

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre.

Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, Qui a été conçu du Saint-Esprit, Et qui est né de la vierge Marie.

Il a souffert sous Ponce-Pilate,

Il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli, Il est descendu aux enfers.

Le troisième jour, il est ressuscité des morts.

Il est monté au ciel,

Il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant.

Il viendra de là pour juger les vivants et les morts.

Je crois en l’Esprit-Saint,

Je crois la sainte Église universelle,

La communion des saints,

La rémission des péchés,

-1-

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La résurrection de la chair Et la vie éternelle. Amen.

Pour cette étude, nous avons divisé le Symbole des Apôtres en cinq parties principales : les trois premières concernent les trois personnes de Dieu, à savoir le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ensuite, il y a une partie consacrée à l’Église, et une dernière consacrée au salut. Dans cette leçon-ci, nous allons étudier la première de ces cinq parties, qui se résume à un seul article de foi :

« Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,

Créateur du ciel et de la terre. »

Il y a un certain nombre de sujets qui apparaissent dans cet article de foi. Mais nous allons, dans cette leçon, nous concentrer sur trois thèmes qui ont tous les trois été essentiels en matière de théologie chrétienne : le concept de Dieu, la personne du Père tout-puissant, et son rôle en tant que Créateur du monde.

Étant donnés ces trois thèmes, notre leçon sur Dieu le Père sera divisée en trois parties. D’abord, nous parlerons du concept général de Dieu, en tenant compte de ce que la Bible enseigne concernant son existence et sa nature. Ensuite, nous étudierons l’expression « Père tout-puissant », et nous relèverons certaines qualités qui sont propres à la première personne de la Trinité. Et troisièmement, nous examinerons le rôle du Père en tant que créateur de tout ce qui existe. Commençons donc par le concept de Dieu, tel que la Bible nous le présente.

DIEU

« Ce que nous croyons sur Dieu conditionne en réalité ce que nous croyons sur tout le reste. Et donc en termes de vision du monde, ça veut dire que Dieu est au centre, et que tout le reste existe par rapport à lui. Ce genre de vision centrée sur Dieu n’est pas du tout conforme à la vision de notre culture, qui est plutôt centrée sur soi, avec moi au centre, et qui voit tout le reste, y compris Dieu, comme existant par rapport à moi. Cette façon de voir les choses est totalement contraire à la vision biblique, et j’ose même dire, totalement contraire à la vision de Dieu, telle qu’elle nous est révélée dans l’Écriture. Et donc dans le cadre du ministère aujourd’hui, il est très important de dénoncer ce genre d’égocentrisme, qui nous vient si naturellement, et d’essayer de le remplacer par le théocentrisme, par une vision du monde centrée sur Dieu. » [Dr J. I. Packer]

Pour étudier cette idée fondamentale de Dieu, telle qu’on la découvre dans l’Écriture, on va réfléchir à deux choses. Tout d’abord, nous allons porter notre attention sur ce que les théologiens appellent souvent « l’unicité de Dieu », c’est-à-dire le fait qu’il est le seul Dieu. Et d’autre part, nous étudierons la simplicité de Dieu, c’est-à-dire le fait qu’il est un seul Dieu, bien qu’il existe en trois personnes. Commençons donc par l’unicité de Dieu, la doctrine selon laquelle le Dieu de la Bible est le seul et unique vrai Dieu.

L’UNICITE DE DIEU

Au cours de notre étude de l’unicité de Dieu, nous allons tout d’abord jeter un œil au polythéisme qui prévalait dans le monde pendant les premiers siècles de l’Église. Ensuite, nous parlerons du monothéisme, qui affirme l’existence d’un seul Dieu. Et troisièmement, nous parlerons du christianisme et de sa conception de Dieu. Pour commencer, voyons le sujet du polythéisme.

Le polythéisme

Le polythéisme consiste à croire qu’il existe plusieurs dieux, plusieurs êtres surnaturels et puissants qui contrôlent l’univers. Certains de ces dieux sont considérés comme étant éternels, non-créés, tandis que d’autres sont considérés comme étant nés ou même comme ayant été créés d’une façon ou d’une autre. Dans un système polythéiste, les dieux sont généralement distincts les uns des autres, et donc ils sont uniques dans un certain sens, tout comme les êtres humains, à titre individuel, sont tous uniques. Mais dans le cadre du polythéisme, aucun dieu ne peut prétendre être la seule entité surnaturelle à exercer son pouvoir sur l’univers.

Il existe un certain genre de polythéisme, que l’on appelle « hénothéisme », où l’on voue un culte principalement à un dieu, sans nier l’existence d’autres dieux. Par exemple, certaines personnes dans l’Empire Romain adoraient Zeus en tant qu’être suprême, tout en reconnaissant qu’il y avait d’autres dieux.

Dans le contexte de l’Église primitive, la plupart des non-chrétiens étaient polythéistes. Beaucoup d’entre eux croyaient aux faux dieux des Grecs et des Romains, tandis que certains vouaient un culte aux idoles du Proche Orient ancien. Il y avait aussi des polythéistes qui croyaient à des puissances cosmiques, et d’autres qui adoraient certaines parties ou certains aspects de la création. L’athéisme, c’est-à-dire l’idée qu’il n’existait aucun dieu, était rare.

Une des raisons pour lesquelles la croyance en plusieurs dieux était si répandue, c’était que le polythéisme était souvent une obligation légale. Dans l’Empire Romain, par exemple, les autorités exigeaient qu’on adore les dieux romains. On avait instauré cette obligation afin de gagner la faveur des dieux, et d’obtenir leur protection de l’Empire. Mais la croyance en plusieurs dieux s’explique à un niveau plus basique par la condition déchue des êtres humains.

« La Bible dit que les hommes sont très enclins à s’écarter du vrai Dieu pour se rallier à des faux dieux. Ceci s’explique par la doctrine biblique du péché. Ce n’est pas tellement dû au fait que nous sommes des créatures en rapport avec un créateur, mais plutôt au fait que nous sommes des créatures pécheresses en rapport avec Dieu. Le péché a pour effet de nous rendre aveugles, même pour ce qui est de reconnaître Dieu tel qu’il se révèle dans sa création. Et donc étant livrés à nous-mêmes, nous allons en fait reconnaître comme Dieu, ou reconnaître comme qualités divines, ces choses qui ne sont pas du tout vraies en ce qui concerne Dieu. Autrement dit, nous allons nous fabriquer nos propres dieux et les substituer au vrai Dieu. » [Dr David BAUER]

Comme l’enseigne l’Écriture, tout le monde sait bien, en son for intérieur, qu’il est impossible que l’univers ait pu apparaître indépendamment d’un créateur divin. Mais à cause du péché, les hommes ne reconnaissent pas naturellement le vrai Dieu, et ne lui attribuent pas le mérite de ces choses. Au contraire, nous attribuons son œuvre à d’autres sources. Voyez la façon dont l’Apôtre Paul en parle dans Romains, chapitre 1, versets 20 à 23 :

« En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. […] Ils ont remplacé la gloire du Dieu incorruptible par des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. »

(Romains 1.20-23)

D’après Paul, l’existence du Dieu de l’Écriture est une évidence pour tout le monde ; c’est une chose clairement visible et compréhensible. Paul va jusqu’à dire que les hommes ont connu Dieu, grâce à la façon dont il se révèle dans la création. Mais nous sommes tellement pécheurs que nous avons refusé de le glorifier et de lui rendre grâces. Au lieu de cela, nous avons échangé sa gloire contre des faux dieux que nous avons inventés, et auxquels nous avons rendu un culte plutôt qu’à lui.

« La Bible dit que tout homme, toute femme, tout enfant a la connaissance de Dieu tout au fond de son cœur, de son esprit, et de sa conscience. Mais d’après Romains, chapitre 1, depuis qu’Adam et Ève ont péché, nous nous sommes détournés du vrai Dieu et nous avons adoré des idoles ou bien d’autres choses que Dieu a créées. Et donc le cœur humain est comme une usine à idoles, la source ou la racine de toutes sortes d’idoles. » [Dr Samuel Ling]

Maintenant que nous avons tracé les contours du polythéisme, nous pouvons nous intéresser au monothéisme, c’est-à-dire la croyance en un seul dieu.

Le monothéisme

À strictement parler, le monothéisme désigne toute religion qui n’affirme l’existence que d’un seul dieu. De nos jours, par exemple, le judaïsme, le christianisme et l’islam sont toutes des religions monothéistes car elles insistent toutes sur le fait qu’il n’existe qu’un seul être divin.

Il y a beaucoup de passages dans l’Écriture qui affirment l’unicité de Dieu, en disant explicitement qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Voici quelques exemples. Dans 1 Rois, chapitre 8, verset 60, c’est le Roi Salomon qui dit :

« C’est l’Éternel qui est Dieu. Il n’y en a point d’autre. » (1 Rois 8.60)

Au Psaume 86, verset 10, le Roi David chante au Seigneur :

« Toi seul, tu es Dieu. » (Psaume 86.10)

Dans 2 Rois, chapitre 19, verset 19, Ézéchias prie :

« Toi seul, Éternel, tu es Dieu. » (2 Rois 19.19)

Dans Romains, chapitre 3, verset 30, Paul insiste :

« Il y a un seul Dieu. » (Romains 3.30)

Et dans Jacques, chapitre 2, verset 19, l’Apôtre Jacques ajoute :

« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ! » (Jacques 2.19)

Il n’y a qu’un seul être divin. C’était vrai à l’époque de l’Ancien Testament. C’était vrai à l’époque du Nouveau Testament. C’était vrai à l’époque de l’Église primitive. Et c’est toujours vrai aujourd’hui.

Maintenant, il faut préciser que toutes les religions monothéistes n’adorent pas le même dieu. Comme nous l’avons dit, le judaïsme, le christianisme et l’islam sont des religions qui ne reconnaissent qu’un seul dieu. Et non seulement cela, mais ces religions reconnaissent ce dieu comme étant, au moins de nom, le Dieu d’Abraham. Mais les concepts qui sont attachés à ce nom, « Dieu d’Abraham », sont très différents. Ces trois religions ne s’accordent pas sur le caractère de ce dieu, ni sur ses actes divins, ni même sur sa nature.

Prenons le judaïsme. Le judaïsme base sa foi sur l’Ancien Testament, ce que les chrétiens font aussi. Mais les juifs rejettent le Dieu trinitaire que la Bible nous présente. En fait, ils rejettent chacune des trois personnes de la Trinité. Ils rejettent Jésus en tant que Seigneur et Dieu incarné. Ils rejettent l’idée que le Saint-Esprit puisse être une personne divine. Et en rejetant Jésus et le Saint-Esprit, ils rejettent le Père qui les a envoyés. C’est ce que Jésus a dit dans Luc, chapitre 10, verset 16 :

« Celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé. » (Luc 10.16)

Le judaïsme rejette Jésus et le Saint-Esprit, et rejette par conséquent le Père.

Le judaïsme est convaincu d’adorer Dieu tel qu’il se révèle dans l’Ancien Testament. Les juifs se réfèrent au même Ancien Testament que les chrétiens, et ils disent : « Voilà le Dieu auquel nous rendons un culte ». Donc en surface, il apparaît que nous adorons le même Dieu. Mais en réalité, leur dieu n’est pas le même que le nôtre, car ils ont rejeté la révélation plus complète de Dieu, que nous avons en Jésus.

Et quand on regarde l’islam, c’est encore plus clair : les musulmans ont un concept de Dieu qui contredit nettement la Bible.

« La question qu’il faut se poser, c’est : que dit la foi musulmane par rapport au concept d’un Dieu unique ? Il est sûr que l’islam reconnaît un genre d’unicité en Dieu, mais le christianisme attribue au Seigneur d’autres attributs et d’autres caractéristiques, que l’islam ne lui attribue pas. Nous avons les doctrines de la rédemption et de l’incarnation, et ce sont là des doctrines importantes, qui soulignent le caractère de notre Seigneur d’une façon claire et essentielle pour la vie des gens. La rédemption et l’incarnation sont des choses qui sont absentes de la compréhension qu’ont les musulmans de l’unicité de

Dieu. » [Dr Riad Kassis]

« Le concept de Dieu dans l’islam contredit effectivement la Bible, et un des exemples les plus clairs se trouve dans la façon dont l’islam affirme que Dieu est une monade non différenciée. Pour expliquer ce terme un peu technique, disons que dans l’islam, Dieu est absolument un, et il n’y a pas de pluralité en lui. En théologie chrétienne, nous sommes résolument monothéistes, c’est-à-dire que nous croyons qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Un des tous premiers crédos de la Bible, c’est : « Écoute, Israël ! L’Éternel, ton Dieu, l’Éternel est un ». Donc depuis le tout début, la tradition théologique judéo-chrétienne est vigoureusement monothéiste. Et donc les chrétiens sont monothéistes. Mais beaucoup de nos amis musulmans ne le pensent pas. Ils pensent que nous sommes tri-théistes. Et ils pensent même que nous croyons au père, à la mère et au fils, parce que le prophète Mahomet n’avait pas bien compris quelle était la doctrine chrétienne de Dieu. Mais la doctrine chrétienne de la Trinité, d’après laquelle le Dieu unique existe éternellement en trois personnes, le Père, le Fils et le SaintEsprit, qui ne sont pas simplement des modes de manifestation différents d’une même divinité, ni simplement des métaphores du Dieu unique, mais qui représentent une réelle communion entre trois personnes au sein de ce Dieu unique, cette doctrine est une conception de Dieu radicalement différente de celle que l’on trouve dans l’islam. » [Dr J. Ligon Duncan iii]

Donc le judaïsme, le christianisme et l’islam sont toutes les trois des religions monothéistes. Toutes les trois se distinguent du polythéisme car elles nient le fait qu’il y ait plusieurs dieux. Mais elles se distinguent aussi les unes des autres car elles ont chacune leur propre doctrine concernant qui est Dieu.

Nous avons évoqué le polythéisme et ensuite le monothéisme, et maintenant nous allons voir quel est le concept de Dieu qui est mis en avant par le christianisme, et qui est présent dans le Symbole des Apôtres.

Le christianisme

Ce qui est dit de Dieu dans le Symbole des Apôtres est assez simple :

« Je crois en Dieu, le père tout-puissant,

Créateur du ciel et de la terre. »

Vous remarquerez que le symbole ne dit pas explicitement qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Si nous ne connaissions pas l’origine de ce symbole, il serait possible de penser que ces paroles décrivent la foi au dieu du judaïsme ou au dieu de l’islam. Ou même la foi en un dieu parmi d’autres. Comment pouvons-nous donc savoir que le symbole parle ici du Dieu trinitaire du christianisme par opposition au monothéisme non-chrétien ou au polythéisme ?

D’une part, le symbole rejette le monothéisme non-chrétien à travers les autres choses qu’il affirme clairement au sujet de Dieu. Comme on l’a vu dans la leçon précédente, le symbole s’organise autour d’une formule trinitarienne. Le texte exprime l’idée que Dieu le Père, Jésus-Christ son Fils unique, et le Saint-Esprit sont trois personnes différentes en Dieu, partageant la même essence divine qui est unique.

Encore une fois, souvenez-vous que le symbole a été conçu comme un résumé de croyances, et non comme une déclaration de foi complète. Et quand ce texte était utilisé dans le cadre de la liturgie de l’Église, tout le monde savait qu’en mentionnant les trois personnes de Dieu de cette façon, cela sous-entendait la doctrine de la Trinité.

D’autre part, le symbole rejette le polythéisme en employant le terme générique « dieu » au singulier, en tant que nom divin.

Le mot « dieu » peut signifier beaucoup de choses. Beaucoup de religions appellent leurs divinités des « dieux ». Et la Bible elle-même emploie parfois le mot « dieu » pour désigner des démons, ou des idoles, voire même des hommes en position d’autorité. Mais ces « dieux » prétendus avaient aussi, généralement, des noms qui leur étaient propres. Par exemple, dans la religion de la Rome antique, le dieu de la guerre s’appelait « Mars », le dieu de la mer « Neptune », et le chef des dieux « Jupiter ».

De la même façon, le Dieu de l’Écriture porte des noms. La plupart de ces noms ont un rôle descriptif, comme « El Shaddaï », que l’on traduit généralement par « Dieu Tout-Puissant », c’est-à-dire le Dieu qui a tout pouvoir ; ou bien « El Elyon », que l’on traduit par « Dieu Très-Haut, c’est-à-dire le Dieu qui règne sur toutes choses ; ou encore « Adonaï », que l’on traduit par « Seigneur », c’est-à-dire le maître ou le chef.

Mais le nom que l’on aurait le plus tendance à considérer comme étant le nom approprié pour Dieu, c’est Yahvé. Dans certaines traductions, il apparaît sous la forme « Jéhovah ». Mais dans les traductions modernes, on le traduit habituellement par « l’Éternel ».

Dieu s’est révélé sous ce nom de Yahvé très tôt dans l’histoire des hommes. Par exemple, on désignait Dieu sous ce nom au moins depuis l’époque de Seth, le fils d’Adam, comme on le voit dans la Genèse, chapitre 4, verset 26. Noé utilise ce nom pour Dieu dans Genèse, chapitre 9, verset 26. Et Abraham le fait aussi dans Genèse, chapitre 12, verset 8.

« Yahvé », c’est aussi le nom sous lequel Dieu se présente à Moïse dans Exode, chapitre 3, versets 13 et 14, où nous lisons ceci :

« Moïse dit à Dieu : J’irai donc vers les Israélites et je leur dirai : le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? Dieu dit à Moïse : JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il ajouta : c’est ainsi que tu répondras aux

Israélites : Celui qui s’appelle « JE SUIS » m’a envoyé vers vous. »

(Exode 3.13-14)

Le nom « Yahvé » se rapporte au mot hébreu « ‘ehyeh », qui est traduit ici par : « JE SUIS ». C’est le nom le plus intime que Dieu ait révélé à son peuple, et le nom qui, plus que tout autre, distingue le Dieu de la Bible de tous les faux dieux.

En fait, de tous les noms qui sont employés dans l’Écriture pour désigner le Seigneur, celui de « Dieu » est le plus générique. Dans notre Ancien Testament moderne, le mot « Dieu » est normalement utilisé pour traduire les mots hébreux « el » ou « elohim ». Et dans le Nouveau Testament, c’est généralement pour traduire le mot grec « theos ». Mais à l’époque de la Bible, il y avait d’autres religions qui utilisaient ces mêmes mots pour désigner leurs propres dieux. Pourquoi donc le Symbole des Apôtres at-il choisi ce nom générique de « Dieu » plutôt qu’un nom plus précis comme « Yahvé » ?

Parce qu’en utilisant ce terme tout simple de « Dieu » pour désigner le Seigneur, le Symbole des Apôtres était en train d’affirmer que le Dieu du christianisme était le seul digne d’être appelé « Dieu ». Comme on le voit dans 1 Rois, chapitre 8, verset 60 :

« C’est l’Éternel [ou en hébreu : Yahvé] qui est Dieu. Il n’y en a point d’autre. » (1 Rois 8.60)

Oui, les autres religions croient qu’elles rendent un culte à de vrais dieux. Mais en réalité, ce qu’elles adorent, ce sont des êtres imaginaires, ou même des démons, c’est-à-dire des esprits inférieurs, qui ont été créés, et qui sont subordonnés au Dieu du christianisme. C’est quelque chose que l’Apôtre Paul a dit clairement quand il a écrit ceci dans 1 Corinthiens, chapitre 10, verset 20 :

« Mais ce qu’on sacrifie [chez les païens], on le sacrifie à des démons et non à Dieu. » (1 Corinthiens 10.20)

Les païens ne pensaient pas offrir des sacrifices à des démons ; ils pensaient les offrir à des dieux quelconques. Mais ils se trompaient.

Il y a beaucoup de religions dans le monde aujourd’hui, à part le christianisme. Il y a l’hindouisme, le shintoïsme, le paganisme, la Wicca, l’islam, le judaïsme, les religions tribales, etc. Mais leurs dieux sont des faux dieux. Certaines de ces religions rendent un culte à des démons. D’autres à la création. Et d’autres au produit de leur imagination. Mais la Bible insiste sur le fait que seul le Dieu des chrétiens est véritablement divin ; seul le Dieu des chrétiens va un jour juger le monde ; et seul le Dieu des chrétiens a le pouvoir de nous sauver.

À travers ce premier article de foi, le Symbole des Apôtres invite tous les nouveaux chrétiens à renoncer aux faux dieux auxquels ils rendaient un culte auparavant, et à reconnaître le Dieu de l’Écriture comme étant le Dieu unique et véritable. Et cet appel reflète un enseignement qui est absolument essentiel dans l’Écriture. La Bible exige de tout homme à toute époque qu’il reconnaisse que le Dieu de l’Ancien Testament et du Nouveau est le seul vrai Dieu. Et non seulement qu’il le reconnaisse, mais qu’il lui rende un culte à lui seul.

Nous avons vu l’unicité de Dieu ; maintenant nous allons réfléchir à la simplicité de Dieu, c’est-à-dire au caractère uni de sa nature ou de son essence.

LA SIMPLICITE DE DIEU

Vous vous souvenez que quand on a défini la doctrine de la Trinité dans une leçon précédente, on a dit ceci : Dieu est trois personnes, mais une seule essence. On a aussi dit que le mot « personne » désignait une personnalité distincte et consciente à part entière, et que le mot « essence » désignait la nature fondamentale de Dieu, ou sa substance. Et bien quand on parle de la simplicité de Dieu, c’est de son essence dont on parle, de sa nature fondamentale, de la substance qui constitue son être.

Il faut savoir que pour les théologiens, les termes « simple » ou « simplicité » sont des termes techniques. Nous ne sommes pas en train de dire que Dieu est simple dans le sens où il serait simple à comprendre. Ce que nous voulons dire, c’est plutôt que son essence n’est pas composée de plusieurs substances mais qu’elle est un tout unifié, qui ne consiste qu’en une seule substance.

On peut illustrer ce concept de simplicité en comparant de l’eau pure avec de la boue. D’un côté, on a de l’eau, que l’on pourrait considérer comme étant une substance unique et simple. Cette eau n’est faite que d’eau. Mais si on y ajoute de la terre, l’eau devient de la boue. La boue, c’est une substance complexe car elle est constituée de deux parties distinctes, à savoir l’eau et la terre. L’essence de Dieu ressemble à l’eau pure ; elle n’est constituée que d’une seule substance.

Mais pourquoi est-ce important de le savoir ? Pourquoi le christianisme insiste-t-il sur le fait que Dieu est simple et qu’il n’est pas constitué de plusieurs substances différentes ? Pour répondre à cette question, regardons de nouveau la doctrine de la Trinité. La doctrine de la Trinité dit que Dieu est trois personnes, mais une seule essence.

« Dans la doctrine de la Trinité, il y a une distinction essentielle à faire, c’est la distinction entre la personne et l’essence. Dieu est un en ce qui concerne son essence, mais il est trois personnes. On pourrait dire qu’avec Dieu, il y a un ‘quoi’ et trois ‘qui’. » [Dr Keith Johnson]

La Bible est tout aussi claire sur ces deux réalités : Dieu est trois personnes, à savoir le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, et il n’y a qu’un seul Dieu. Et c’est très tôt dans l’histoire de l’Église que des théologiens ont estimé qu’une façon pratique et utile de parler du fait qu’il n’y avait qu’un seul Dieu consistait à parler de son essence ou de sa substance. Donc en disant que Dieu était d’une essence simple et unifiée, ils rejetaient l’idée selon laquelle le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient trois dieux distincts qui, d’une façon ou d’une autre, s’étaient réunis pour former la Trinité. Au lieu de cela, ils affirmaient que ces trois personnes avaient toujours existé ensemble, en tant que Dieu unique.

De cette façon, l’Église a pu montrer clairement que les chrétiens ne croyaient pas en trois dieux, contrairement aux accusations que portent contre nous un certain nombre d’autres religions. Non, nous croyons en un seul Dieu, un seul être divin, qui existe en trois personnes.

« Souvent, quand on parle aux musulmans, ils disent que la doctrine chrétienne de la Trinité équivaut à croire en trois dieux, c’est-à-dire à du trithéisme. Mais personne dans l’histoire de l’Église n’a jamais prétendu cela, car tout en disant que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu, et que le Saint-Esprit est Dieu, toute la Bible, depuis la Genèse à l’Apocalypse, affirme également que Dieu est un. Il y a un seul Dieu vivant et vrai. Et donc la seule façon de rendre compte de toute la révélation de Dieu consiste à dire : il y a un Dieu, et un seul ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont ce Dieu. Le langage de l’Église a été de dire que ces trois personnes subsistent en un seul Dieu, mais en tant que trois personnes, et c’est pourquoi nous ne prétendons pas qu’il y a trois dieux. Un seul Dieu, mais en trois personnes. C’est ce que l’Écriture enseigne, c’est ce que l’Église croit, et c’est ce qui nous distingue, en fait, de toutes les autres religions. » [Dr Stephen Wellum]

Cette idée est présentée de façon explicite dans un autre symbole ancien, à savoir dans le Symbole de Nicée-Constantinople, qui dit ceci :

« Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père […] [est] d’une même substance que le Père. »

Puisque le Symbole des Apôtres a un caractère plus basique que le Symbole de Nicée-Constantinople, ce détail n’y est pas mentionné explicitement. Mais cette idée y est quand même sous-entendue dans la mesure où le Symbole des Apôtres montre que nous croyons en un seul Dieu, qui existe en trois personnes.

Le fait que les chrétiens croient en un Dieu qui existe en trois personnes comporte beaucoup de conséquences pour la vie chrétienne. Par exemple, le culte traditionnel chrétien a toujours été pleinement trinitarien : nous adorons les trois personnes de la Trinité, et nous présentons à chacune nos chants de louange et nos prières. Négliger une personne de la Trinité en faveur d’une autre, consiste à négliger Dieu lui-même. Nous devons honneur, obéissance et amour au Père, au Fils et au Saint-Esprit, car tous les trois sont un seul Dieu.

Nous avons parlé de ce qui était propre au christianisme dans le concept que nous avons de Dieu, et nous avons parlé de la nature de son être. Maintenant, nous allons pouvoir étudier l’expression « Père tout-puissant », en voyant ce que la Bible nous enseigne de particulier concernant Dieu le Père, la première personne de la Trinité.

PERE TOUT-PUISSANT

Cette partie consacrée au Père tout-puissant sera divisée en quatre. D’abord, nous observerons la façon dont le nom « Père » est utilisé pour Dieu dans l’Écriture. Deuxièmement, nous considérerons la personne de Dieu le Père dans le contexte de la Trinité. Troisièmement, nous étudierons ce que cela veut dire que Dieu est père, et quel est son rôle en tant que père. Et quatrièmement, nous parlerons de sa puissance. Voyons donc d’abord de quelle façon le nom « Père » est employé pour Dieu dans l’Écriture.

LE NOM

« La Bible emploie le terme de ‘père’ au moins dans trois sens différents. D’abord, c’est un terme qui s’applique à Dieu en tant que créateur de toutes choses. On trouve un exemple de cet usage dans le Nouveau Testament, dans 1 Corinthiens 8 :6, où Paul dit que le Père est celui de qui viennent toutes choses. Alors il est important de reconnaître qu’à chaque fois que la Bible se réfère à Dieu comme étant le Père, cela n’est pas forcément une référence à la première personne de la Trinité. Un deuxième usage du terme ‘père’ exprime la relation que les croyants ont à Dieu en vertu de leur adoption en tant qu’enfants de Dieu. Quand Paul dit, dans Romains 8 :15, que nous avons reçu un esprit d’adoption par lequel nous appelons Dieu ‘Abba, Père’, il emploie ce terme de ‘père’ dans ce sens-là. Et enfin, le terme

‘père’ est employé pour parler de la relation unique qui existe entre Jésus-Christ et son Père. On pourrait résumer ces trois usages en disant que le premier désigne Dieu en tant que créateur, le deuxième désigne Dieu en tant que rédempteur, et le troisième évoque spécifiquement la personne du Père par rapport au Fils. » [Dr Keith

Johnson]

Malheureusement, il y a des chrétiens qui croient, à tort, que chaque fois que la Bible emploie le terme de « père », cela se réfère à la première personne de la Trinité.

Mais la doctrine de la Trinité n’est pas clairement révélée avant le Nouveau Testament. On en trouve des indices, ici ou là dans l’Ancien Testament, qui pourraient suggérer une certaine notion de pluralité au sein de Dieu. Mais l’Ancien Testament insiste avant tout sur l’unicité de Dieu.

Donc quand Dieu est appelé « Père » dans l’Ancien Testament, ce mot désigne la Trinité tout entière, pas juste une personne. Alors bien sûr, dans un certain sens, l’emploi du terme « Père » met l’accent sur la personne du Père. Mais il est important de se souvenir qu’avant le Nouveau Testament, où les trois personnes de Dieu sont clairement révélées, tous les termes qui désignent Dieu, y compris celui de « père », désignent d’une manière ou d’une autre, toute la Trinité. Le terme « père » se réfère ainsi à toute la Trinité dans des passages comme Deutéronome, chapitre 32, verset 6, ou Ésaïe, chapitre 63, verset 16, ou encore chapitre 64, verset 7. Pour illustrer ce point, prenons simplement un exemple de cet usage dans l’Ancien Testament. Dans Malachie, chapitre 2, verset 10, le prophète pose les questions suivantes :

« N’avons-nous pas tous un seul père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? » (Malachie 2.10)

Ici, c’est la Trinité tout entière, Père, Fils et Saint-Esprit, qui est désignée par le terme de « père », car c’est toute la Trinité qui a pris part à la création de l’humanité. Le Nouveau Testament nous explique clairement que le Père, le Fils et le Saint-Esprit y ont chacun eu un rôle quelque peu différent. Mais ce passage de l’Ancien Testament ne fait pas ce genre de distinction entre les personnes de Dieu. Au contraire, ce texte applique le nom de « père » aux trois personnes ensemble, du fait de leur rôle dans la création du monde.

Pour compliquer les choses, lorsque les auteurs du Nouveau Testament se sont appuyés sur des passages de l’Ancien Testament, ils ont parfois aussi utilisé le nom de « père » pour désigner de façon générale la Trinité tout entière. Par exemple, il est vraisemblable que ce soit la Trinité qui est appelée « Père » dans Matthieu, chapitre 5, verset 45, et chapitre 6, versets 6 à 18, et aussi dans Actes, chapitre 17, versets 24 à 29.

Dans ces passages, la Trinité est tout entière appelée « Père » pour plusieurs raisons. Parfois, c’est parce que la Trinité tout entière a pris part à la création du monde. Parfois c’est parce que les personnes de Dieu représentent toutes les trois la norme éthique à laquelle nous sommes appelés à nous conformer. Prenons encore un seul exemple pour illustrer ce point. Dans Jacques, chapitre 1, verset 17, voici ce que nous lisons :

« Tout don excellent et tout cadeau parfait viennent d’en-haut, du

Père des lumières. » (Jacques 1.17)

Avant d’arriver à ce verset, Jacques a montré que le caractère de Dieu était pur d’un point de vue moral. Donc ce qu’il veut dire ici, c’est que tout ce qui vient de Dieu est bon, et que tout ce qui est bon vient de Dieu. Et puisque de bonnes choses viennent des trois personnes de notre Dieu trinitaire, les théologiens chrétiens ont souvent considéré que ce verset faisait référence à la Trinité tout entière. Bien sûr, comme on l’a dit pour l’Ancien Testament, on peut raisonnablement voir dans ce langage une allusion particulière au Père. Mais il est important de dire aussi que des dons excellents et des cadeaux parfaits viennent aussi du Fils et du Saint-Esprit.

Quoi qu’il en soit, il est clair que l’Écriture utilise aussi le terme de « père » dans un autre sens, à savoir pour désigner une personne de la Trinité qui est distincte du Fils et du Saint-Esprit. On le voit dans Jean, chapitre 1, versets 14 à 18 ; dans Jean, chapitre 5, versets 17 à 26 ; dans Galates, chapitre 4, verset 6 ; dans 2 Pierre, chapitre 1, verset 17. Prenons seulement deux exemples pour illustrer ce point. Dans 2 Jean, verset 9, l’apôtre fait une distinction entre le Père et le Fils, lorsqu’il écrit ceci :

« Quiconque […] ne demeure pas dans la doctrine du Christ n’a pas

Dieu ; celui qui demeure dans la doctrine a le Père et le Fils. »

(2 Jean 9)

Et dans Jean, chapitre 14, versets 16 et 17, Jésus fait une distinction entre le Père et l’Esprit, quand il fait cette promesse aux apôtres :

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur qui soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité. » (Jean 14.16-17) Maintenant que nous avons vu la façon dont le nom « Père » était employé dans l’Écriture pour désigner tantôt la Trinité tout entière, tantôt la première personne de la Trinité, nous allons considérer spécifiquement la personne de Dieu le Père telle qu’elle se distingue des deux autres personnes de la Trinité.

LA PERSONNE

Le rapport du Père avec le Fils et avec le Saint-Esprit peut être décrit de diverses manières. Mais dans l’histoire de la théologie, il y a eu deux approches principales. Ces deux approches, plus précisément, consistent à parler de la Trinité ontologique, et de la Trinité économique. Dans ces deux perspectives, il s’agit de la même Trinité, à savoir le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, mais ce sont différents aspects de la relation entre les trois personnes de la Trinité, qui sont mis en évidence.

D’une part, on parle habituellement de la Trinité ontologique quand on veut se concentrer sur l’être de Dieu. Le mot « ontologique » se réfère à l’être. Donc quand on parle de la Trinité ontologique, on parle de la Trinité au niveau de son être ou de son essence. On parle de la façon dont les trois personnes de la Trinité sont conjointes et partagent une seule et même essence.

Dans cette perspective, qui est celle de l’ontologie, les trois personnes de Dieu sont infinies, éternelles et immuables. Les trois ont les mêmes attributs essentiels en termes de sagesse, de puissance, de sainteté, de justice, de bonté et de vérité.

Par ailleurs, on parle habituellement de la Trinité économique quand on veut parler de la façon dont les personnes de Dieu interagissent les unes avec les autres, c’està-dire la relation qu’elles ont les unes aux autres en tant que personnes distinctes. Le terme « économique », étymologiquement, se réfère à « l’administration d’un foyer ». Donc quand on parle des aspects économiques de la Trinité, on est en train de décrire la façon dont le Père, le Fils et le Saint-Esprit se comportent les uns vis-à-vis des autres en tant que personnalités individuelles distinctes.

Quand on considère la Trinité sous cet angle économique, on voit que chaque personne de la Trinité a des responsabilités différentes, un degré d’autorité différent, et un rôle différent qui lui est attribué, avec des tâches différentes à accomplir. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit communiquent entre eux. Ils concluent des accords entre eux. Ils agissent les uns sur les autres. Il y a entre eux beaucoup d’interaction.

Sous l’angle ontologique comme sous l’angle économique, on dit du Père qu’il est la première personne. Le Père est appelé la première personne de la Trinité ontologique car il est dit du Fils qu’il est né du Père, et il est dit du Saint-Esprit qu’il procède du Père.

Écoutez ce qui est écrit dans 1 Jean, chapitre 4, verset 9, concernant l’idée selon laquelle le Père a engendré le Fils :

« Voici comment l’amour de Dieu a été manifesté envers nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. »

(1 Jean 4.9)

Dans ce verset, l’adjectif « unique » vient du mot grec « monogenes », qui veut dire étymologiquement : « le seul venu à l’existence ». Malheureusement, il y avait des gens dans l’Église primitive qui pensaient que cela voulait dire que le Fils avait été créé et donc qu’il n’était pas pleinement divin. Même aujourd’hui, il y a des sectes qui nient la divinité du Fils à cause de ce terme « monogenes ».

Pour contrer ce faux enseignement, les chrétiens ont pris l’habitude de dire que le Fils était éternellement engendré par le Père. Cette façon de parler souligne le fait qu’il n’y a jamais eu de moment où le Fils n’existait pas. Écoutez ce que dit Jésus concernant l’endroit d’où procède le Saint-Esprit, dans Jean, chapitre 15, verset 26 :

« Quand sera venu le Consolateur que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui provient du Père, il rendra témoignage de moi. » (Jean 15.26)

Le verbe qui est traduit ici par « provient » est le mot grec « ekporeuomai », que l’on traduit parfois par « procède ». Historiquement, on a estimé que ce verset faisait référence à la source de l’existence du Saint-Esprit.

Malheureusement, des passages comme celui-ci ont conduit certaines personnes à croire que le Saint-Esprit n’était pas éternel, ni pleinement divin. Donc la théologie chrétienne historique a pris soin d’insister sur le fait que le Saint-Esprit est un membre à part entière de la Trinité, et qu’il est pleinement divin, même si dans sa personne, il procède éternellement du Père.

Le Père est donc appelé la première personne de la Trinité ontologique, mais il est aussi la première personne de la Trinité économique. Du point de vue économique, le Père est appelé la « première personne » car il a autorité sur les deux autres, un peu comme un père humain a autorité sur son foyer.

Le Père a autorité sur le Fils à différents égards. Par exemple, le Fils fait la volonté du Père, comme on le voit dans Jean, chapitre 6, verset 40. Et le Fils reçoit son autorité et son royaume du Père, d’après des passages comme Éphésiens, chapitre 1, versets 20 à 22. En fait, l’Écriture nous dit à de multiples reprises que la royauté du Fils est subordonnée à la royauté du Père. On le voit par exemple dans le fait que Jésus est assis à la droite du Père, c’est-à-dire à la droite du trône de Dieu, comme dans Psaume 110, verset 1, et dans Hébreux, chapitre 1, verset 3. La droite de Dieu représente un formidable statut d’honneur et de puissance, mais ce n’est pas le trône lui-même ! Et en fin de compte, on sait que le Fils va remettre son royaume au Père, comme le dit Paul dans 1 Corinthiens, chapitre 15, verset 24. Bref, dans la Trinité économique, le Père a autorité sur le Fils.

« La question de la relation entre le Père, le Fils, et l’exercice de l’autorité, est une question complexe. Il faut y penser en termes de la distinction des rôles qu’ont le Père et le Fils au sein de la Trinité, et du fait que le Fils, dans son rôle, se soumet volontairement au Père. Il est venu sur terre pour se soumettre à la volonté du Père, qui exerce toute autorité. Mais en même temps, cette relation est caractérisée par l’amour : le Père aime le Fils, et le Fils aime le Père, et chacun cherche à satisfaire et à honorer l’autre au sein de la Trinité. Il faut donc tenir compte à la fois des rôles respectifs qu’ils ont, mais aussi de l’amour qui caractérise leur relation. » [Dr Simon Vibert]

De même, le Père a autorité sur l’Esprit. Par exemple, il est souvent dit que c’est le Père qui envoie l’Esprit, comme on le voit dans Luc, chapitre 11, verset 13, et dans Éphésiens, chapitre 1, verset 17. On apprend aussi que c’est le Père qui a oint le Fils d’Esprit-Saint, dans Actes, chapitre 10, verset 38. Tout au long de l’Écriture, le SaintEsprit est présenté comme l’agent du Père dans le monde, qui reçoit ses instructions du Père, et qui accomplit la volonté du Père. Dans la Trinité économique, le Père a autorité sur le Saint-Esprit, tout comme il a autorité sur le Fils

« L’autorité du Père est toujours caractérisée par l’amour. L’autorité du Père, c’est une autorité qui aime le Fils, qui veut que le Fils soit glorifié, tout comme le Fils veut que le Père soit glorifié. Et en fin de compte, s’il y a entre eux un même amour, entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, alors l’idée même qu’il puisse y avoir un conflit de volonté entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit devient quelque peu comique, car si le Fils de toute éternité, et le Saint-Esprit de toute éternité, ont le désir de faire la volonté du Père, et si le Père de toute éternité a le désir de glorifier et d’honorer le Fils et l’Esprit, alors au sein de Dieu il y a essentiellement une volonté unanime, un amour unanime, parce que la communion de la Trinité représente un être unanime. » [Dr Steve Blakemore]

Maintenant qu’on a vu la façon dont le nom de « Père » était employé dans l’Écriture, et qu’on a étudié la personne de Dieu le Père en rapport avec la Trinité, on va pouvoir se pencher sur ce que cela veut dire que Dieu est père, par rapport à la création et aux hommes.

DIEU EST PERE

Avant de parler du fait que Dieu est père, il faut bien noter qu’un grand nombre de passages de l’Écriture où il est question de Dieu comme Père sont des passages qui proviennent de l’Ancien Testament, avant que Dieu ait clairement révélé sa nature trinitaire. Dans ces passages, le mot « père » désigne avant tout la Trinité dans son intégralité, et pas juste la personne du Père.

Ceci dit, le Nouveau Testament, quant à lui, associe le caractère paternel de Dieu principalement à la personne du Père. Donc il est légitime de voir dans ces passages de l’Ancien Testament une certaine allusion à la personne du Père.

Le fait que Dieu soit père est une notion que l’on pourrait étudier sous de nombreux angles. Mais nous allons nous concentrer sur trois idées principales que nous trouvons dans l’Écriture. D’abord, nous verrons le rôle du Père en tant que créateur. Ensuite, nous verrons qu’il est Père en raison de son statut de roi vis-à-vis de sa création et de son peuple. Et troisièmement, nous nous attacherons à l’idée selon laquelle il est Père en tant que chef de famille pour son peuple. Commençons par son rôle de père en tant que créateur.

Créateur

Au sens le plus large du terme, l’Écriture désigne parfois Dieu comme étant le père de tout ce qu’il a créé. C’est une idée que l’on trouve, par exemple, dans des passages comme Deutéronome, chapitre 32, verset 6, dans Ésaïe, chapitre 43, versets 6 et 7, et chapitre 64, verset 7, dans Malachie, chapitre 2, verset 10, et dans Luc, chapitre 3, verset 38.

À titre d’exemple, écoutez ce que dit l’Apôtre Paul aux Athéniens dans Actes, chapitre 17, versets 26 à 28 :

« Il a fait que toutes les nations humaines, issues d’un seul homme, habitent sur toute la surface de la terre ; il a déterminé les temps fixés pour eux et les bornes de leur demeure […]. C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : Nous sommes aussi de sa race. » (Actes

17.26-28)

Dans ce passage, Paul cite les poètes Cléanthe et Aratus, qui avaient dit que Zeus était le père des êtres humains parce que c’est lui qui les avait créés. Bien sûr, Paul est en train de dire que c’est le Dieu de la Bible qui est le véritable créateur, et pas Zeus. Mais en même temps, Paul est en train de reconnaître que quand on crée quelque chose, on en est le père.

« La Bible a été écrite dans un langage humain. La relation que nous avons, en tant qu’hommes, avec Dieu en tant que créateur, est parfois décrite comme étant la relation d’enfants avec leur père. Dans ce contexte, l’idée que Dieu est père nous parle de notre origine et de l’autorité de Dieu. » [Dr Paul Chang]

De la même façon que les hommes qui sont pères sont patients avec leurs enfants, le fait que Dieu soit père, dans un sens général, l’incline à faire preuve d’une grande patience envers notre monde déchu et envers l’humanité en particulier. Cela ne veut pas dire qu’il va retenir pour toujours le jugement qu’il réserve à sa création. Mais cela explique pourquoi il est si lent à la colère et si riche en miséricorde. Comme nous le voyons au Psaume 145, versets 8 et 9 :

« L’Éternel fait grâce, il est compatissant, lent à la colère et rempli de bienveillance. L’Éternel est bon envers tous, et ses compassions s’étendent sur toutes ses œuvres. » (Psaume 145.8-9)

Nous avons vu le rôle de Dieu en tant que créateur ; maintenant nous allons voir en quoi le fait que Dieu soit père est lié à son rôle de roi.

Roi

Dans le Proche-Orient ancien, les gens parlaient souvent des rois comme étant leurs pères, et les rois parlaient souvent de leur peuple comme étant leurs enfants. C’est un langage que l’on retrouve aussi dans l’Écriture. Par exemple, les Israélites appelaient le Roi David leur père parce qu’il avait été leur roi. Bien sûr, il y avait certains Israélites qui étaient des descendants directs de David, donc pour eux, il était leur père dans un sens plus littéral. Mais quand les Israélites tous ensemble se référaient à David comme à leur père, l’idée qui était sous-entendue, c’était qu’il était leur roi. Écoutez par exemple les acclamations de la foule dans Marc, chapitre 11, verset 10 :

« Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre Père ! » (Marc

11.10)

Dans ce verset, l’idée de David comme père est explicitement liée à sa royauté. De façon similaire, dans Actes, chapitre 4, versets 25 et 26, l’Église loue Dieu en ces mots :

« C’est toi qui as dit par l’Esprit-Saint, de la bouche de notre père, ton serviteur David : Pourquoi les nations se sont-elles agitées, et les peuples ont-ils eu de vaines pensées ? Les rois de la terre se sont dressés et les chefs se sont ligués contre le Seigneur et contre son

Oint. » (Actes 4.25-26)

Ici encore, David est appelé le « père » d’Israël parce que c’était lui qui avait été oint par Dieu, c’était lui le roi qui était assis sur le trône du Seigneur et qui conduisait Israël dans la guerre contre les nations ennemies. Mais pourquoi les anciens disaient-ils de leurs rois qu’ils étaient leurs pères ?

« Dans le monde antique, les rois s’adjugeaient le nom de ‘père’, parce qu’ils estimaient avoir un rôle paternel vis-à-vis de leur peuple, c’està-dire qu’ils prenaient soin de leur peuple, qu’ils pourvoyaient aux besoins du peuple, qu’ils le protégeaient, etc. En réalité, c’était là tout simplement un genre de propagande, puisque la plupart des rois, à cette époque-là, ne s’intéressaient qu’à eux-mêmes et ne s’occupaient pas tellement de leur peuple. Mais en même temps, quand Dieu se révèle à Israël, il utilise cette façon de penser habituelle, qui fait du roi un père. En l’occurrence, le fait que Dieu soit notre père, qu’il soit notre père royal, notre père impérial, ce n’est pas de la propagande ; c’est la vérité. Dieu prend soin de nous. Il pourvoit à nos besoins. Il nous protège comme le ferait un père. Il est donc le père de son empire tout entier, le père de son royaume. » (Dr Richard Pratt, Jr]

Tout comme les rois humains étaient appelés les pères de leurs nations respectives, Dieu était lui aussi appelé « Père » parce qu’il était le grand roi qui régnait au-dessus de tous les rois du monde, et qui régnait de façon particulière sur son peuple élu, la nation d’Israël.

Écoutez la façon dont Ésaïe, chapitre 63, versets 15 et 16, parle du fait que l’Éternel est un père :

« Regarde du ciel, et vois de ta demeure sainte et splendide : où sont ta jalousie et ta vaillance ? Le frémissement de tes entrailles et tes compassions se refusent à moi. C’est toi, cependant, qui es notre Père […] ; c’est toi, Éternel, qui es notre Père, qui, dès l’éternité, t’appelles notre rédempteur. » (Ésaïe 63.15-16)

Dieu est appelé « Père », ici, parce qu’il siège sur le trône céleste, il règne sur l’ensemble de la création, et plus spécifiquement sur Israël et sur Juda. Plus précisément, cette requête a pour objet l’intervention du roi divin, pour qu’il conduise ses armées dans la bataille, et qu’il rachète son peuple à travers la défaite de leurs ennemis.

Quand on sait que notre roi divin se préoccupe de nous de la même façon qu’un père se préoccupe de ses enfants, cela devrait nous rassurer et nous remplir de confiance. Seuls, nous sommes incapables d’affronter le mal tout autour de nous. Mais notre roi divin nous aime comme un père, et il est disposé à nous aider.

C’est là, en fait, une des idées que Jésus a enseignées à travers le Notre Père, lorsqu’il a dit à ses disciples de s’adresser à Dieu en ces termes : « Notre Père qui es aux cieux ». Dans cette parole du Notre Père, Dieu est reconnu comme étant notre Père qui est dans le ciel. Et tout au long de la Bible l’image du ciel, ou des cieux, représente la même chose, à savoir la salle du trône de Dieu, le lieu où il siège et depuis lequel il exerce son règne. Donc quand Jésus enseigne à ses disciples de dire dans leurs prières : « Notre Père qui es aux cieux », ce qu’il voulait dire c’était que les disciples devaient s’adresser à Dieu comme à leur père royal, comme au père divin qui est assis sur son trône au ciel. Nous pouvons être sûrs que Dieu va nous donner notre pain quotidien, qu’il va nous pardonner nos péchés, qu’il ne va pas nous soumettre à la tentation, et qu’il va nous préserver du mal, précisément parce qu’en tant que roi qui nous aime, il a à la fois la puissance et le désir de faire ces choses.

Dieu est donc père parce qu’il est créateur, et parce qu’il est roi. Maintenant voyons en quoi il est aussi un chef de famille.

Chef de famille

« Ce que je trouve intéressant, c’est que la théologie a toujours des implications pratiques au niveau pastoral. Ce que nous croyons conditionne ce que nous devenons, et cela est vrai en ce qui concerne l’idée que Dieu est un père. Je crois que ça marche dans les deux sens, autant pour les gens qui ont eu un bon père que pour ceux qui n’en ont pas eu. J’ai eu la chance d’avoir un bon père, et donc je n’ai jamais eu trop de mal à penser à Dieu comme étant mon Père Céleste. Tout ce que mon père a pu me dire, et tout ce qu’il a pu faire pour moi, toute la relation que nous avions lui et moi, tout cela a été très important pour moi, et me permet de penser à Dieu le Père de façon très positive. Mais au cours des années, j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens et de travailler avec des gens pour qui la l’idée du père était quelque chose de très négatif, de très douloureux. Mais je me souviens d’une étudiante, un jour, qui m’a dit : ‘Dieu est devenu pour moi le Père que je n’ai jamais eu’. Et donc je pense que lorsqu’on réfléchit au concept de Dieu en tant que Père, même lorsqu’on le fait à partir d’une idée déficiente de ce qu’est un père, on découvre que le cœur de Dieu est un cœur qui est bien disposé envers nous, quel que soit le père terrestre qu’on ait pu avoir. » [Dr Steve Harper]

Tout le monde sait ce qu’est un chef de famille. D’habitude, c’est un parent, ou bien un grand-parent, ou bien un autre membre de la famille qui conduit le foyer et qui prend des décisions qui engagent les autres. Et bien souvent, c’est précisément en ces termes que l’Écriture décrit la relation de Dieu avec son peuple.

Parfois, dans l’Ancien Testament, nous voyons Dieu comme étant le chef de famille de la race humaine. Par exemple, dans Genèse, chapitre 5, versets 1 à 3, Moïse fait un parallèle entre la relation de Dieu à Adam et celle d’Adam à son fils Seth.

Mais ce qu’on voit plus souvent, dans l’Ancien Testament, c’est Dieu qui est décrit comme étant le chef de famille du peuple d’Israël. Nous le voyons dans la façon dont Dieu prend soin de son peuple dans des passages comme Deutéronome, chapitre 1, verset 31, Psaume 103, verset 13, et Proverbes, chapitre 3, verset 12. Prenons pour exemple les paroles du Seigneur dans Osée, chapitre 11, verset 1 :

« Quand Israël était jeune, je l’aimais, et j’ai appelé mon fils hors d’Égypte. » (Osée 11.1)

Dans ce passage, le Seigneur se présente comme un parent qui a aimé Israël depuis son enfance. Dieu est aussi présenté comme étant le chef de famille d’Israël dans Nombres, chapitre 12, verset 7, où le Seigneur parle de Moïse, en disant :

« Mon serviteur Moïse est fidèle dans toute ma maison. » (Nombres

12.7)

Le mot qui est traduit par « maison », ici, est le mot hébreu « bayit ». C’est le mot qui, habituellement, désigne non seulement une maison en tant qu’édifice, mais encore tous ceux qui l’habitent. Ici, Moïse est présenté comme un fils ou un serviteur qui occupe la fonction de responsable des gens et des affaires qui appartiennent au chef de la maisonnée, ce qui sous-entend que Dieu lui-même est le chef de famille du peuple d’Israël.

Cette idée de Dieu comme chef de famille de son peuple, on la retrouve évidemment dans le Nouveau Testament. Dans Matthieu, chapitre 7, versets 9 à 11, et dans Luc, chapitre 11, versets 11 à 13, Jésus dit que le Père répond à nos prières tout comme les pères terrestres pourvoient aux besoins de leurs enfants. Dans Jean, chapitre 1, versets 12 et 13, tout comme dans 1 Jean, chapitre 2, verset 29, et chapitre 3, verset 1, nous voyons que le Père nous aime parce que avons été faits membres de sa famille. Et dans Hébreux, chapitre 12, versets 5 à 10, nous voyons que le Seigneur nous corrige pour notre bien, de la même façon que les pères terrestres corrigent leurs enfants. Et dans des passages comme 1 Timothée, chapitre 3, verset 15, et 1 Pierre, chapitre 4, verset 17, nous voyons que l’Église est appelée la « maison de Dieu », c’est-à-dire la famille de Dieu.

« À mon avis, le fait que Dieu soit un père a des implications immenses au niveau pastoral. Une des choses qu’on voit tout de suite, c’est : ‘Dieu, égale un Père’. C’est un aspect très important du caractère de Dieu. Et donc on découvre très vite que la famille, ça doit être quelque chose de très, très important pour Dieu. On peut en être sûr, rien qu’à partir de Deutéronome 6, où Dieu dit : ‘Écoutez, voici comment je vais perpétuer la loi et l’amour de Dieu ; ce sera à travers les familles’. Ce sera à travers les interactions des parents avec leurs enfants ; c’est dans ce contexte qu’il se passe beaucoup de choses, et des choses importantes. La famille, c’est extrêmement important pour Dieu. Je crois qu’on peut aussi voir que les pères ont un rôle crucial dans la famille. Et il y a là des implications au niveau pastoral, que l’on peut observer partout dans le monde. Là où les pères sont solides, la culture est solide ; là où les pères faiblissent, il y a une dynamique négative qui s’installe dans la culture, et les mères ne peuvent tout simplement pas remplacer les pères. Bien sûr qu’il nous faut aussi des mères solides, mais les pères ont un rôle tout-à-fait déterminant. Et je pense que c’est une dynamique que l’on voit dans le fait que Dieu est père. Ce que je constate, c’est que là où il y a un manque de pères, il y a davantage de maltraitance, il y a une perte en éducation, il y a une criminalité plus importante. La culture devient globalement dysfonctionnelle quand on a une idée assez pauvre de ce qu’est un père, et c’est ce qui arrive quand on a une idée assez pauvre de Dieu en tant que Père. » [Dr Matt Friedeman]

Nous avons parlé du nom de « père », de la personne du Père, et du rôle de Père en ce qui concerne le Père tout-puissant : maintenant, nous allons examiner la puissance illimitée qu’il a et qui lui permet d’accomplir sa volonté.

SA PUISSANCE

Regardons de nouveau le premier article de foi du Symbole des Apôtres. Il est dit :

« Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,

Créateur du ciel et de la terre. »

Quand le Symbole des Apôtres dit que Dieu le Père est tout-puissant, cela veut dire qu’il a une puissance illimitée et inégalée. En théologie, on parle habituellement de la puissance de Dieu en termes d’omnipotence. Le préfixe « omni » veut dire « tout », et le mot « potence » vient d’un mot latin qui veut dire « puissant ».

La puissance du Père est illimitée, car il a la capacité et la force d’accomplir tout ce qu’il veut. Et sa puissance est inégalée, car il est le seul à posséder ce genre de puissance.

Nous allons réfléchir à ces deux aspects de la puissance du Père que nous venons de mentionner, à savoir le fait qu’elle est illimitée, et qu’elle est inégalée. Commençons par le caractère illimité de sa puissance.

Une puissance illimitée

L’Écriture présente le Père comme ayant la puissance de faire tout ce qu’il veut. Cette puissance illimitée se manifeste de toutes sortes de différentes manières. L’Écriture dit de Dieu qu’il a la puissance de créer l’univers et de le détruire. Elle dit qu’il est capable de maîtriser la nature, de vaincre ses ennemis, de conduire et de contrôler les régimes politiques, de réaliser de puissants miracles, et de sauver son peuple. Écoutez la façon dont le prophète Jérémie parle du Seigneur, dans Jérémie, chapitre 10, versets 10 à 16 :

« L’Éternel est Dieu en vérité, lui le Dieu vivant et le roi éternel. La terre tremble devant sa colère, et les nations ne supportent pas sa fureur. […] Il a fait la terre par sa puissance, il a fondé le monde par sa sagesse, il a étendu les cieux par son intelligence. Lorsqu’il donne de la voix, les eaux s’amassent dans le ciel ; il fait monter les nuages du bout de la terre, il produit les éclairs pour la pluie, il fait sortir le vent de ses réserves. […] C’est lui qui façonne tout, et Israël est la tribu de son héritage. L’Éternel des armées est son nom. » (Jérémie 10.10-16)

En fin de compte, c’est Dieu qui contrôle tout aspect du monde créé. Il a le pouvoir de faire tout ce qu’il veut. Dans Ésaïe, chapitre 46, versets 11 et 12, Dieu lui-même récapitule ce qu’il est capable de faire :

« Mon projet tiendra bon, et j’exécuterai tout ce que je désire. […] Ce que j’ai dit, je le fais arriver ; ce que j’ai conçu, je l’exécute. » (Ésaïe

46.10-11)

« L’omnipotence de Dieu nous rappelle à nous, croyants, que quand on a l’impression que le monde est en train de dérailler, que le monde est en train de s’enfoncer dans le chaos, et bien ce n’est pas vrai. Il est impossible que Dieu soit lié par une force ou une puissance qui lui soit supérieure. Le monde, malgré ce qu’on peut penser, ne déraille pas ; Dieu est souverain, et nous pouvons être certains que sa puissance n’a pas été renversée. Nous pouvons tirer de cette doctrine la force de marcher par la foi quand les circonstances nous paraissent troublantes, du fait de notre intelligence limitée. Quand on ne voit pas tout ce que Dieu voit, il est bon de savoir que rien ni personne n’a pu dérober Dieu de sa puissance. Quel que soit l’avenir, quoi qu’il m’arrive, tout cela est subordonné à l’autorité de Dieu et à sa main bienveillante. Et je peux être assuré que même si je ne peux pas expliquer la raison des circonstances que je traverse, je connais le Dieu qui me soutiens et qui marche à mes côtés. » [Dr Robert G.

Lister]

Tout au long de la Bible, on découvre que la manifestation par excellence de la puissance de Dieu, c’est la rédemption qu’il acquiert pour son peuple. Dans l’Ancien Testament, il est souvent dit que Dieu a prouvé sa puissance à travers les événements de l’Exode, lorsqu’il a frappé les Égyptiens par le moyen des plaies, lorsqu’il a libéré les Israélites de l’esclavage, lorsqu’il a nourri son peuple pendant quarante ans dans le désert, et lorsqu’il leur a permis de conquérir la Terre Promise. Dans l’esprit des Israélites de l’Ancien Testament, l’Exode représentait le meilleur exemple de la puissance rédemptrice de Dieu.

Il y a des références à la puissance de Dieu manifestée dans l’Exode, tout au long des livres de la Loi, dans des passages comme Exode, chapitre 14, verset 31 ; Nombres, chapitre 14, verset 13 ; et Deutéronome, chapitre 9, versets 26 à 29. C’est aussi un thème que l’on retrouve dans les autres parties de l’Ancien Testament. Il en est question dans les livres historiques, comme dans 2 Rois, chapitre 17, verset 36 ; dans les livres de sagesse comme dans Psaume 66, versets 3 à 6 ; et dans les livres prophétiques comme dans Ésaïe, chapitre 63, verset 12.

Tout cela ne veut pas dire que les Israélites de cette époque n’avaient pas conscience qu’il y avait quelque chose de meilleur et de supérieur, à savoir la rédemption spirituelle qu’ils pouvaient recevoir par grâce, par le moyen de la foi au Seigneur. Ils pouvaient en toute légitimité dire : « Je crois à la puissance de Dieu par la foi ». Mais beaucoup d’auteurs de l’Ancien Testament ont trouvé plus efficace de dire : « Dieu a prouvé sa puissance en délivrant, à lui tout seul, notre nation tout entière de l’esclavage ». Et cela ne devrait pas nous surprendre. Après tout, la manifestation visible de la puissance de Dieu dans les événements de l’Exode était tellement irréfutable que même les non-croyants, les Égyptiens, ont été convaincus.

On vient de voir que la puissance de Dieu était illimitée, mais avant d’aller plus loin, il faut préciser qu’il y a des choses que Dieu ne peut pas faire, ou ne fera pas, malgré sa puissance illimitée. Voici pourquoi : c’est parce que la nature du Père conditionne tout ce qu’il fait. Par conséquent, il ne fait jamais rien qui soit contraire à sa nature.

Ce terme de « nature » est assez large, et il inclut à la fois les attributs essentiels du Père et ses attributs personnels. À la place, on pourrait parler de son caractère foncier, ou encore des aspects vraiment fondamentaux de son être. Pour ce qui est du Père, sa nature ne comprend pas seulement son être et son caractère, mais aussi sa relation avec les autres personnes de la Trinité. Et la nature du Père est absolument immuable et immutable, de sorte qu’elle va le conduire à exercer sa puissance toujours d’une façon cohérente. Jacques, chapitre 1, verset 17, parle du caractère immuable de la nature de Dieu :

« Chez [le Père des lumières] il n’y a ni changement, ni ombre de variation. » (Jacques 1.17)

La nature du Père ne limite pas la capacité de celui-ci à faire des choses, tant qu’elles sont compatibles avec sa nature. Mais c’est la garantie qu’il n’exercera sa puissance que d’une façon qui sera toujours conforme à ses attributs. Par exemple, il ne cessera jamais d’être éternel. Il ne renoncera jamais à son autorité sur le Fils et sur le Saint-Esprit. Il ne fera jamais rien de mal. Et il gardera toujours ses promesses.

« Je trouve qu’il est très intéressant de remarquer qu’un des facteurs qui a favorisé le développement de la science moderne, c’est l’idée que Dieu agit aujourd’hui de la même façon qu’autrefois. À l’inverse de cette idée, on a l’animisme : l’idée qu’il y a de nombreux dieux et que les dieux habitent dans les éléments de ce monde, et que Dieu est donc totalement imprévisible. Et si Dieu est totalement imprévisible, il est impossible d’étudier le monde, parce qu’on ne sait pas si le monde va fonctionner d’une certaine façon aujourd’hui, et puis d’une autre demain. Mais si Dieu est immuable, alors on peut vraiment se mettre à étudier le monde et à chercher à comprendre comment Dieu l’a fait et comment ça marche. Et donc c’est le fait de croire à l’immuabilité de Dieu qui a permis le développement de la science moderne. Et bien tout comme ça a permis le développement de la science moderne, ça permet aussi à tout chrétien de connaître la confiance, le réconfort et la paix lorsque les circonstances sont incertaines, parce qu’on n’a pas besoin de tout comprendre. On n’a pas besoin de savoir ce qui va arriver. Tout ce qu’il faut savoir, c’est que notre Dieu a parfaitement les moyens de s’occuper des difficultés que nous traversons. On peutêtre sûr que ce qu’il va faire dans cette situation sera conforme à qui il est, tout comme il l’a promis à David, à Abraham, à Adam, et à Jésus, et à Paul : car il est fiable, il est fidèle, il n’est pas capricieux, il ne change pas d’un jour à l’autre, et il a en lui-même le pouvoir d’intervenir dans toutes les circonstances que nous traversons. »

[Dr J. Ligon Duncan iii]

Nous venons de parler du caractère illimité de la puissance de Dieu, et nous allons maintenant parler du fait que sa puissance est inégalée, c’est-à-dire que Dieu seul est omnipotent.

Une puissance inégalée

Écoutez la façon dont la puissance inégalée de Dieu est décrite dans Ésaïe, chapitre 14, versets 24 à 27 :

« L’Éternel des armées l’a juré, en disant : Oui, il en sera comme j’en ai l’intention, il arrivera ce que j’ai résolu : je briserai l’Assyrien dans mon pays, je le piétinerai sur mes montagnes ; son joug leur sera ôté, et son fardeau sera ôté de leurs épaules. Voilà la résolution prise contre toute la terre, voilà la main étendue sur toutes les nations. L’Éternel des armées a pris cette résolution : qui l’annulera ? Sa main est étendue : qui la détournera ? » (Ésaïe 14.24-27)

Notez bien dans ce passage que la description de la puissance illimitée de Dieu est suivie d’une parole qui affirme que lui seul est omnipotent. Il n’y a personne qui puisse le contrecarrer, personne qui puisse résister à sa main.

Le fait que la puissance du Père soit inégalée découle logiquement du fait qu’il n’y a qu’un seul vrai Dieu. C’est sûr que s’il existait une autre entité qui ait une puissance illimitée, le statut de Dieu en tant que seul Dieu pourrait être remis en cause. Après tout, un être qui aurait une puissance illimitée, ou bien serait un être divin, ou bien pourrait se rendre divin en vertu de sa propre puissance.

C’est essentiellement ce que Dieu a dit à Job dans Job, chapitre 38, lorsqu’il dit que Job serait en mesure de se justifier lui-même si, d’abord, il était capable de réaliser des actes aussi puissants que ceux de Dieu, comme le fait de créer l’univers, de l’organiser, et de le régir providentiellement.

Mais la réalité, c’est qu’il n’y a que Dieu qui soit véritablement divin. Et par conséquent, il n’y a que Dieu qui ait un pouvoir illimité.

Malheureusement, de nos jours, il y a beaucoup de chrétiens bien intentionnés qui nient la toute-puissance de Dieu. Ils se méprennent sur le sens des Écritures, et s’imaginent que Dieu fait tout ce qu’il peut pour sa création. Mais l’omnipotence de Dieu représente, dans l’Écriture, un enseignement merveilleusement pratique. Quand le peuple est en difficulté, il en appelle au secours de Dieu parce que les gens savent que Dieu a le pouvoir de sauver. Quand on a l’impression que le monde est en proie au mal, on peut avoir l’assurance que Dieu a tout pouvoir sur le mal. Si l’on ne croit pas à l’omnipotence de Dieu, nous n’avons pas de raison de croire avec certitude que Dieu va vaincre ses ennemis, ni que ses enfants vont recevoir les bénédictions éternelles qu’il leur a promises.

C’est incroyable de voir toute la richesse théologique qui est contenue dans cette expression : « Père tout-puissant ». Nous sommes au service d’un Dieu puissant, personnel, paternel, qui nous aime et qui se préoccupe de nous, ce qui est vraiment prodigieux ! Et nous pouvons avoir l’assurance que sa protection ne va jamais échouer, car lui-même n’échoue jamais. Il sera à jamais notre créateur, notre roi et notre chef de famille. Il aura toujours un pouvoir illimité et inégalé. Et il ne changera jamais. Il sera toujours là pour nous sauver, et le salut qu’il nous offre durera aussi longtemps que lui, c’est-à-dire pour l’éternité.

Jusqu’ici, dans cette leçon, nous avons parlé de la nature de notre Dieu trinitaire, et nous avons parlé des caractéristiques de la personne divine que nous appelons le Père Tout-Puissant. Maintenant, nous allons nous intéresser à notre troisième thème, c’est-àdire au rôle du Père en tant que Créateur du ciel et de la terre.

CREATEUR

Notre réflexion sur Dieu en tant que Créateur du ciel et de la terre va porter sur trois aspects de son œuvre créatrice. D’abord, nous parlerons de l’acte de la création. Ensuite, nous parlerons du fait que la création est bonne. Et troisièmement, nous parlerons de l’autorité que le Père a sur la création.

L’ACTE DE LA CREATION

La création du monde, c’est l’acte que le Symbole des Apôtres attribue spécifiquement au Père. Vous vous souvenez sans doute que le premier article de foi dit :

« Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,

Créateur du ciel et de la terre. »

L’Écriture nous présente toutes sortes de choses que fait le Père. Mais l’acte de la création, c’est l’acte auquel le christianisme historique a estimé que tous les chrétiens devaient croire.

La plupart des chrétiens connaissent bien l’idée selon laquelle Dieu a créé l’univers, et selon laquelle il le soutient, et cela, en grande partie parce que les Écritures en parlent si souvent. En fait, si on ouvre la Bible à la première page, et qu’on commence à lire, la première chose qu’on découvre c’est que Dieu est le créateur du ciel et de la terre. C’est ce qu’on voit dans Genèse, chapitre 1, verset 1 :

« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. » (Genèse 1.1)

Après ce verset introductif, le reste de Genèse, chapitre 1, raconte que Dieu a créé l’univers, et qu’il a mis de l’ordre dans l’univers, en l’espace de six jours.

Il est vrai que tout au long de l’histoire de l’Église, il y a eu de nombreuses théories différentes concernant l’interprétation du récit de la création, que l’on trouve dans Genèse, chapitre 1. Pratiquement tous les théologiens ont été d’accord pour dire que Dieu a créé l’univers ex nihilo, c’est-à-dire à partir de rien. Ce que cela veut dire, c’est qu’avant que Dieu crée le ciel et la terre, il n’y avait rien qui existait à part Dieu. Il n’y avait pas de matière préexistante à partir de laquelle Dieu a façonné l’univers. Et beaucoup de théologiens estiment que Dieu a même créé le temps et l’espace.

Mais les théologiens ont souvent été en désaccord pour ce qui est de la manière précise dont Dieu a créé l’univers, et surtout en ce qui concerne la nature des six jours de la création. Plusieurs pères de l’Église, comme Clément d’Alexandrie, Origène et Saint Augustin, pensaient que ces jours représentaient un langage figuratif pour parler d’un acte créationnel qui avait vraisemblablement eu lieu en un seul instant. D’autres pères de l’Église, comme Irénée et Tertullien, y voyaient des jours ordinaires de 24 heures. Plus tard, lorsque la science a commencé à suggérer l’idée d’un univers très ancien, beaucoup de théologiens ont commencé à avoir une lecture nouvelle du récit de la création. Certains ont dit que les six jours étaient des jours ordinaires de 24 heures mais qu’entre chacun de ces jours où Dieu a créé, il y a eu de très longs intervalles de temps. D’autres ont interprété les jours de la création comme étant des jours métaphoriques désignant de longues périodes.

« Il est certain que la question des jours de la création dans Genèse, chapitre 1, est une question délicate, qui a fait l’objet de bien des polémiques. Je pense qu’un des problèmes consiste à savoir de quel genre de littérature il s’agit. Est-ce que c’est un genre littéraire destiné à nous rapporter des faits sensibles, c’est-à-dire des faits qui ont un rapport avec nos sens, ou bien est-ce destiné à nous enseigner un fait spirituel ? Alors c’est sûr qu’il ne faut pas faire comme si ces deux aspects étaient incompatibles. Dieu est le créateur de ce monde, et donc les deux aspects devraient être complémentaires. Mais si on lit Genèse 1 comme un texte scientifique, on ne va pas l’interpréter de la même façon que si on le lit comme une présentation du sens et de la nature de la création. » [Dr John Oswalt]

Pour l’Église primitive et pour les chrétiens qui récitaient le Symbole des Apôtre, ce qui semble avoir été le plus important, c’est de savoir que Dieu, et Dieu seul, sous la direction de la personne du Père, a créé l’univers tout entier, et soutient l’univers tout entier, ce qui inclut les réalités matérielles et les réalités spirituelles, avec tout ce qui leur est propre en termes de substance et de créatures.

C’est précisément sur cette idée que les Lévites ont insisté, dans Néhémie, chapitre 9, verset 6. Écoutez bien ce qu’ils disent :

« C’est toi, Éternel, toi seul, qui as fait les cieux, les cieux des cieux et toute leur armée, la terre et tout ce qui est sur elle, les mers et tout ce qu’elles renferment. À tout cela, tu donnes la vie, et l’armée des cieux se prosterne devant toi. » (Néhémie 9.6)

Comme on le voit ici, c’est Dieu seul qui a créé l’univers. Et c’est Dieu seul qui continue de donner la vie à tout ce qui existe ; il soutient l’univers qu’il a créé.

Alors il est important de préciser que même si c’est le Père qui a dirigé la création du ciel et de la terre, et qui dirige leur existence aujourd’hui, ces actes impliquent toute la Trinité, et cela de plusieurs façons. Par exemple, le Fils a été en quelque sorte l’instrument par lequel le Père a créé le monde, et par lequel il continue de soutenir le monde.

Voyez la façon dont l’Apôtre Paul décrit cette réalité dans 1 Corinthiens, chapitre 8, verset 6 :

« Il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes. » (1 Corinthiens 8.6)

Ici, Paul explique que le Père est à l’origine de la création. La création vient de lui. Mais elle vient par le Fils. Nous subsistons parce que le Père soutient notre vie par le Fils.

Le rôle du Saint-Esprit est moins explicite dans l’Écriture. Son rôle est sousentendu dans des passages de l’Ancien Testament qui font référence à l’œuvre de l’Esprit de Dieu. À l’époque de l’Ancien Testament, le Saint-Esprit n’avait pas encore été clairement révélé comme étant une personne distincte au sein de Dieu. Néanmoins, le Nouveau Testament nous apprend qu’il agissait déjà dans le monde pour accomplir la volonté de Dieu. C’est quelque chose que nous voyons dans des passages comme celui de Marc, chapitre 12, verset 36, qui parle du Saint-Esprit qui inspire les auteurs de l’Ancien Testament, ou encore Actes, chapitre 2, versets 2 à 17, où Pierre fait comprendre à son auditoire que le Saint-Esprit était à l’origine de la prophétie et des dons spirituels même dans l’Ancien Testament.

Donc quand on lit des passages de l’Ancien Testament qui mentionnent l’Esprit de Dieu, il est raisonnable d’en déduire que ces passages anticipent la révélation plus complète du Saint-Esprit en tant que personne divine distincte. Par exemple, dans Genèse, chapitre 1, versets 2 et 3, nous lisons ceci :

« La terre était informe et vide ; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, mais l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit :

Que la lumière soit ! Et la lumière fut. » (Genèse 1.2-3)

Dans ce passage, l’expression « l’Esprit de Dieu » désigne Dieu dans toutes ses personnes. Mais avec l’éclairage du Nouveau Testament, on peut y voir une allusion particulière à la personne du Saint-Esprit et à son activité.

Nous avons donc parlé du Père en tant que Créateur, et cela du point de vue de l’acte de la création. Maintenant, nous allons en parler par rapport au fait que la création est bonne.

LA CREATION EST BONNE

Beaucoup de religions et de philosophies enseignent que l’univers matériel est amoral, c’est-à-dire qu’il n’est ni bon ni mauvais. D’autres disent que le monde est mauvais. Par exemple, les philosophies païennes de l’époque de l’Église primitive enseignaient, pour un grand nombre d’entre elles, que l’univers matériel était corrompu, et que pour être véritablement sauvé, il fallait que l’homme soit délivré de son propre corps. Cette vision négative du monde est une des raisons pour lesquelles le Symbole des Apôtres insiste sur le fait que Dieu a créé le ciel et la terre. D’après la Bible, l’univers est la création de Dieu, une création bonne qui reflète le caractère de Dieu qui est lui-même bon.

Dans Genèse, chapitre 1, le texte affirme que la création est bonne, aux versets 4, 10, 12, 18, 21, 25 et 31, soit sept fois en tout. Et la septième fois, l’Écriture dit que la création tout entière n’est pas juste « bonne » mais « très bonne ». C’est ce qu’écrit Moïse dans Genèse, chapitre 1, verset 31 :

« Dieu vit alors tout ce qu’il avait fait, et voici : c’était très bon. » (Genèse 1.31)

Malheureusement, peu de temps après que Dieu ait créé le monde, Adam et Ève ont péché contre Dieu lorsqu’ils ont mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Et le péché des hommes a eu pour conséquence de placer toute la création sous la malédiction de Dieu. Il y a un texte qui en parle, qui se trouve dans Genèse, chapitre 3, versets 17 à 19, où Dieu dit ceci à Adam :

« Le sol sera maudit à cause de toi ; c’est avec peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des chardons et des broussailles, et tu mangeras l’herbe de la campagne. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain. » (Genèse 3.17-19)

À cause du péché d’Adam, Dieu a maudit le sol, si bien que l’agriculture est devenue difficile, ce qui a obligé Adam et le reste de l’humanité à travailler dur pour obtenir leur nourriture. Et cette malédiction du sol n’était pas limitée à l’agriculture. Elle a touché le monde entier, sous tous ses aspects. L’Apôtre Paul parle de ce problème dans Romains, chapitre 8, quand il explique que la rédemption des croyants par Jésus-Christ entraînera en fin de compte le rétablissement de la création tout entière. Écoutez ce que dit Paul dans Romains, chapitre 8, versets 20 à 22 :

« Car la création a été soumise à la vanité […] avec une espérance : cette même création sera libérée de la servitude de la corruption […].

[L]a création tout entière soupire et souffre les douleurs de

l’enfantement. » (Romains 8.20-22)

Paul enseigne que la malédiction du sol touche tous les éléments de la création.

Ceci dit, malgré cette malédiction, il ne faut pas penser que la création n’est plus bonne. Certes, la chute de l’humanité a eu un effet néfaste sur la création. Mais ce monde est toujours le monde de Dieu, et c’est toujours un monde fondamentalement bon. Paul fait référence à cette idée lorsqu’il écrit au sujet de la validité du mariage et au sujet de la liberté qu’ont les chrétiens de manger toute sorte de nourriture. Écoutez ce qu’il dit dans 1 Timothée, chapitre 4, verset 4 :

« Tout ce que Dieu a créé est bon. » (1 Timothée 4.4)

Notez bien ce que dit Paul ici. Il ne dit pas que tout ce qui a été créé « était » bon, mais que tout ce que Dieu a créé « est » bon.

— « Le fait que le monde physique soit bon, le fait que Dieu l’ait déclaré bon, a beaucoup de conséquences pratiques pour nous. D’une part, il faut que nous prenions soin de l’environnement. Nous sommes des gérants de la création. D’autre part, Dieu va, en fin de compte, préserver sa création. Il va recréer ; il va y avoir un rétablissement de la création, plutôt qu’une destruction de la création. Nous allons vivre un jour sur une nouvelle terre et sous un nouveau ciel. Le monde physique que Dieu a créé est une bonne chose. Notre corps physique, notre présence physique, est une bonne chose. » [Dr Mark STRAUSS]

Donc que l’on parle de mariage ou de nourriture ou de quoi que ce soit d’autre que Dieu a créé, nous pouvons êtres certains que ces choses sont bonnes, parce que le Père qui les a créées est lui-même bon. C’est la raison pour laquelle l’Apôtre Paul pouvait aussi dire, dans Romains, chapitre 1, que la bonté de Dieu est encore visible pour toute l’humanité, dans les choses qu’il a faites. Voilà pourquoi le Psaume 19 affirme que les cieux racontent la gloire de Dieu.

John Wesley parle du fait que la création est bonne, dans un livre datant du dixhuitième siècle, consacré à l’observation de la sagesse de Dieu telle qu’elle se révèle dans la création. Il écrit ceci :

« L’univers tout entier est un tableau où sont rendues visibles les perfections de Dieu. On y voit non seulement qu’il existe, mais encore qu’il est unique, puissant, sage, libre et bon. »

L’univers manifeste la bonté de Dieu à travers le fait que l’univers lui-même est intrinsèquement bon. Il est bon car il a été créé par un Dieu bon.

« La création de Dieu reflète la bonté de Dieu. Ça veut dire tout d’abord que la création n’est pas, en elle-même, quelque chose de mauvais. Le mal n’est pas inhérent à la matière. Mais ça veut aussi dire que quand Dieu a créé le monde, il l’a créé ‘très bon’. Il y a de la beauté dans la création. Alors bien sûr, cette beauté est quelque peu gâchée à cause de la chute. Il y a des ronces, et des chardons, et la sueur du visage, ces choses qui montrent que la création a été déformée, mais en tant que chrétiens, nous avons commencé, ou du moins Dieu a commencé à travers nous, à restaurer cette création. Nous sommes une nouvelle création en Jésus-Christ, et pour reprendre les paroles d’un certain cantique, nous les chrétiens, nous voyons quelque chose que ceux qui sont sans Christ n’ont jamais vu. Nous voyons la création comme étant l’ouvrage de Dieu. Et donc en tant que chrétiens, nous voyons, dans la création elle-même, une dimension d’art, de beauté, de structure, de cohérence, d’harmonie. Et c’est ce que nous allons voir lorsqu’il y aura une nouvelle terre et de nouveaux cieux, lorsque la création de Dieu aura été entièrement renouvelée et que nous pourrons profiter de la création exactement comme Dieu souhaite que nous en profitions. » [Dr Derek W. H.

Thomas]

Gardant à l’esprit ce qu’on vient de voir concernant l’acte de la création et le fait que la création est bonne, attachons-nous maintenant à la question de l’autorité du Père sur la création, une autorité qui lui revient en tant que créateur.

L’AUTORITE DU CREATEUR

Il y a beaucoup de choses qu’on pourrait dire concernant l’autorité du Père en tant que créateur. Mais nous allons nous concentrer sur trois idées principales : l’autorité du Père est d’abord absolue, ensuite exclusive, et troisièmement exhaustive. Nous allons examiner ces trois aspects, en commençant par le caractère absolu de l’autorité du Père en tant que créateur.

Une autorité absolue

L’autorité du Père est absolue dans le sens où il a la liberté totale de faire ce qu’il veut de sa création. Souvent, l’Écriture compare l’autorité absolue de Dieu à l’autorité qu’a le potier sur son argile. Nous trouvons ce genre de comparaison dans des passages comme Ésaïe, chapitre 29, verset 16, Ésaïe, chapitre 45, verset 9, Jérémie, chapitre 18, versets 1 à 10, et Romains, chapitre 9, versets 18 à 24. Écoutez la façon dont l’Apôtre Paul parle de l’autorité de Dieu dans Romains, chapitre 9, versets 20 et 21 :

« Le vase modelé dira-t-il au modeleur : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire ave la même pâte un vase destiné à l’honneur et un vase destiné au mépris ? » (Romains

9.20-21)

Bien sûr, Paul est en train de poser des questions rhétoriques auxquelles les réponses sont évidentes. Puisque Dieu est le créateur de toutes choses, il a la liberté et le droit d’en faire ce qu’il veut.

« À mon avis, lorsque certaines personnes entendent ce que la Bible dit concernant l’autorité suprême que Dieu a sur tout ce qui se passe dans le monde, ces gens-là se sentent peut-être menacés ; ils ont du ressentiment. Mais nous les chrétiens, franchement, lorsque nous pensons à qui est Dieu, nous devrions être remplis de reconnaissance. Notre vie est entre les mains d’un Père infiniment sage et puissant, qui nous aime, et qui a donné son Fils pour nous sur la croix. Cette réalité représente un incroyable réconfort lorsque nous traversons notamment des périodes de souffrance, des moments où nous nous demandons ce qui est en train de nous arriver. » [Dr Dennis Johnson]

« Même si nous ne comprenons pas tout ce qui se passe, si vous appartenez à Jésus-Christ, alors Dieu est votre Père et il vous aime. Et il vous garde en sécurité et il veille sur vous, quelles que soient les circonstances que vous traversez. Et c’est sûr que parfois, il nous arrive des choses incroyablement douloureuses ici-bas. Mais quoi qu’il vous arrive, Dieu garde le contrôle. Ces circonstances, il les a même (et est-ce que vous pouvez l’accepter au point où vous en êtes ?), il les a même décrétées pour votre bien, pour votre sanctification. Les adversaires auxquels nous sommes confrontés dans la vie, Dieu en fait en quelque sorte nos amis, de sorte que nous en sortions plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Nous ne sommes pas juste vainqueurs, mais plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Donc Dieu prend nos épreuves et nos difficultés et il les utilise pour nous sanctifier, pour nous faire ressembler de plus en plus à Jésus-

Christ. Il utilise ces circonstances dans notre vie pour nous rendre

plus comme Christ. Hébreux, chapitre 12 : il nous corrige comme un père qui est bon, juste et sage. Je pense que le combat de la foi se trouve exactement là, bien souvent. Nous avons besoin de nous souvenir encore et encore que nous avons une grande valeur aux yeux de Dieu, et que même si nous ne comprenons pas tout, il est en train d’utiliser ces choses douloureuses pour notre bien, pour notre édification, pour notre sanctification. » [Dr Tom Schreiner]

Une autorité exclusive

Le Père a donc une autorité absolue, mais il a aussi une autorité exclusive sur tout ce qu’il a créé. Quand on dit que l’autorité du Père, en tant que créateur, est exclusive, cela veut dire qu’aucune créature n’a une autorité absolue. L’autorité absolue n’appartient qu’au créateur ; et le seul créateur, c’est Dieu. Non seulement cela, mais quand on considère la Trinité sous l’angle économique, le Père a aussi autorité sur les deux autres personnes de la Trinité. Écoutez par exemple ce que dit Jésus dans Jean, chapitre 5, versets 26 et 27 :

« En effet comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même, et il lui a donné le pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est Fils de l’homme. » (Jean 5.26-27)

Jésus explique que l’autorité qu’il a de juger le monde lui a été déléguée par le Père. Cette autorité, en fin de compte, dépend du Père, et elle lui appartient exclusivement. Mais le Père a mandaté le Fils pour qu’il exerce ce jugement de sa part. Il y a une idée semblable dans 1 Corinthiens, chapitre 15, verset 24, où l’on voit que le règne de Jésus sur l’univers est subordonné au règne suprême du Père.

On est dans le même cas de figure en ce qui concerne le Saint-Esprit. Des passages comme Jean, chapitre 16, verset 13, Romains, chapitre 8, verset 11, et 1 Pierre, chapitre 1, verset 2, nous montrent que le Saint-Esprit lui aussi fait la volonté du Père.

Et tout comme l’autorité du Fils et l’autorité du Saint-Esprit leur ont été déléguées par le Père, de même l’autorité de tout être créé est une autorité déléguée. Les anges, les dirigeants terrestres, et même les êtres humains ordinaires, ont tous une certaine autorité. Mais cette autorité, quelle qu’elle soit, leur est déléguée par le Père, si bien que l’autorité du Père est toujours supérieure à celle des êtres créés.

Une autorité exhaustive

Non seulement l’autorité du Père sur l’univers est-elle absolue et exclusive, mais elle est aussi exhaustive. Dire que l’autorité du Père est exhaustive signifie que son autorité s’étend sur tout ce qu’il a créé, jusqu’au moindre détail. Cette réalité implique au moins deux choses importantes. D’abord, que tout le monde est soumis à l’autorité de Dieu. Il n’y a ni homme ni aucun être créé, qui ne soit pas dans l’obligation d’obéir à Dieu.

Les anges et les hommes qui sont fidèles au Père reconnaissent son autorité et se soumettent volontairement à lui. Mais les démons et les hommes infidèles se rebellent contre lui et refusent de suivre ses commandements. Malgré cela, le jugement moral de Dieu s’applique à tout le monde. Où que nous soyons et qui que nous soyons, et quelle que soit notre culture ou notre religion, nous avons tous des comptes à rendre à Dieu.

Et deuxièmement, toute chose est soumise à l’autorité de Dieu. Son autorité s’étend au moindre détail de tout ce qu’il a créé. Puisque Dieu a créé toutes choses, il n’y a aucun élément de la création qui soit moralement neutre. Il a tout créé dans un but, et lui a donné une qualité morale. Ce qui veut dire que quel que soit le sujet, quel que soit l’élément de la création dont il est question, il n’y a pas de neutralité morale. Soit les éléments de la création assument la place et le fonctionnement que Dieu leur a destiné, ce qui est bon, soit ces choses se rebellent contre Dieu, et dans ce cas c’est mal.

De nos jours, beaucoup de chrétiens sont enclins à faire une distinction, dans la vie, entre ce qui est sacré et ce qui est profane. La plupart d’entre nous avons conscience que des choses « sacrées » comme l’Église, le culte, l’évangélisation, l’étude de la Bible sont sous l’autorité de Dieu. Nous nous efforçons aussi de respecter les commandements de Dieu dans nos familles et dans nos choix éthiques, considérant que ces choses sont sacrées elles aussi. Mais beaucoup de chrétiens ont tendance à penser que les commandements de Dieu ne s’appliquent pas aux domaines soi-disant « profanes » que sont la politique, l’éducation, ou le travail. Alors que des passages comme Proverbes, chapitre 3, verset 6, Ecclésiaste, chapitre 12, verset 14, et 2 Timothée, chapitre 3, versets 16 et 17, montrent que Dieu a des choses à dire concernant tous les aspects de la vie humaine, et que son autorité s’étend sur tout ce que nous faisons.

« Dans ce monde où le concept de l’autorité a souvent une connotation négative, croire à l’autorité de Dieu est une chose formidable pour les chrétiens, car Dieu continue d’aimer le monde, Dieu continue de garder le contrôle, Dieu connaît la fin depuis le début, c’est Dieu qui sera le juge de tout homme. Avoir conscience de cela, ça devrait nous faire du bien, car nous pouvons être sûrs qu’il y a quelqu’un qui sait ce qu’il fait, et c’est là notre confiance et notre meilleure assurance pour l’avenir. » [Dr Simon Vibert]

CONCLUSION

Dans cette leçon sur Dieu le Père, nous nous sommes intéressés au premier article de foi du Symbole des Apôtres. Nous avons parlé du concept de Dieu qui est présenté dans cet article. Nous avons parlé du Père Tout-Puissant comme étant la première personne de la Trinité. Et nous avons étudié le rôle du Père en tant que Créateur du ciel et de la terre.

Avoir une idée juste de qui est Dieu le Père est un élément fondamental de la théologie chrétienne. Ceux qui ne connaissent pas le vrai Dieu, c’est-à-dire le Dieu trinitaire de l’Écriture, et qui ne lui rendent pas un culte, ont pour objet de leur adoration un faux Dieu. Mais le fait de reconnaître et d’honorer la personne que l’Écriture appelle le Père constitue un élément essentiel de la vraie adoration. C’est au Père que le Fils et le Saint-Esprit obéissent, et c’est lui qu’ils veulent honorer, c’est lui dont ils veulent manifester de plus en plus la gloire. Et donc c’est à lui aussi que nous devrions obéir, c’est lui que nous devrions honorer, et c’est sa gloire que nous devrions rechercher.