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III
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Le Symbole Des Apôtres
Leçon
Les Articles de la Foi
Vous êtes-vous jamais demandé ce que c’était qui faisait qu’un arbre était… un arbre ? Ou encore, qu’est-ce qui fait qu’une maison est une maison ? Ou qu’une personne est une personne ? Pour le dire autrement : quelles sont les caractéristiques propres à une chose pour qu’on appelle cette chose un arbre ou une maison ? Ce sont là des questions complexes qui ont fait l’objet d’intenses réflexions de la part des philosophes, depuis des milliers d’années. Et au moment d’aborder l’étude de la théologie chrétienne, on fait face à une question similaire. Il existe, après tout, d’innombrables églises ou communautés que d’aucuns considèrent comme étant « chrétiennes », bien qu’elles soient en désaccord les unes avec les autres sur de nombreux points. Il est donc utile de se demander : « Quelles sont, dans la théologie chrétienne, les doctrines que l’on peut qualifier de fondamentales et d’essentielles ? ».
Tout en posant cette question, il nous faut reconnaître clairement qu’il est possible, bien sûr, pour des individus d’être sauvés même s’ils ont une très mauvaise connaissance de la théologie. Il suffit d’être attaché à Christ pour être un chrétien. En même temps, il est juste de dire que pour qu’un système théologique quel qu’il soit puisse être appelé « chrétien », il faut qu’il admette plusieurs points essentiels. Et depuis les premiers siècles de l’ère chrétienne, le Symbole des Apôtres constitue un résumé utile de ces points de doctrine incontournables.
Nous entamons donc notre première étude dans le cadre de cette série consacrée à ce petit texte bien connu et souvent utilisé, qui résume ce que croient les chrétiens, et qu’on appelle Le Symbole des Apôtres. Cette leçon s’intitule : « Les Articles de la foi », parce qu’on va considérer le Symbole des Apôtres comme présentant les articles de foi, ou les doctrines, auxquels il faut impérativement souscrire si l’on veut être appelé « chrétien ». Le Symbole des Apôtres a existé sous des formes diverses pendant les premiers siècles de l’Église. C’est à peu près en l’an 700 qu’il a hérité de sa forme standard en latin. Dans les milieux protestants français, c’est sous la forme suivante que nous le connaissons habituellement :
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre.
Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, Qui a été conçu du Saint-Esprit, Et qui est né de la vierge Marie. Il a souffert sous Ponce-Pilate,
Il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli, Il est descendu aux enfers.
Le troisième jour, il est ressuscité des morts.
Il est monté au ciel,
Il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant.
Il viendra de là pour juger les vivants et les morts.
Je crois en l’Esprit-Saint,
Je crois la sainte Église universelle,
La communion des saints,
La rémission des péchés,
La résurrection de la chair Et la vie éternelle. Amen.
Notre étude du Symbole des Apôtres en tant qu’articles de foi sera divisée en trois parties. Tout d’abord, nous évoquerons les origines historiques de cette confession de foi. Ensuite, nous ferons un survol de ce qui est affirmé dans ce texte. Enfin, nous verrons quelle est l’importance de ces doctrines pour aujourd’hui. Alors commençons par un peu d’histoire.
En étudiant l’histoire du Symbole des Apôtres, nous nous attacherons principalement à deux choses. D’une part, nous verrons la façon dont cette confession de foi s’est développée, en essayant de savoir qui en est l’auteur, et à quel moment elle a été écrite. D’autre part, nous essayerons de voir quel est le but de cette confession de foi, c’est-à-dire la raison pour laquelle l’Église a estimé qu’il était important de la rédiger et de l’utiliser. Voyons tout d’abord comment le Symbole des Apôtres est apparu dans l’histoire.
Il y a une époque où l’on croyait que le Symbole des Apôtres avait été composé au 1er siècle par les douze apôtres en personne. On a même prétendu que les apôtres avaient chacun contribué une affirmation théologique différente sur les douze que contient le texte actuel. En réalité, il n’y a pratiquement aucun indice qui soutient cette idée, ni même aucune raison de croire que les apôtres ont été directement impliqués dans la rédaction de cette confession de foi. Mais si ce ne sont pas les apôtres qui l’ont écrite, alors qui ?
« La question de savoir qui a écrit le Symbole des Apôtres est une question ouverte, car il n’y a aucun prétendant. Nous savons, en revanche, que le texte présente des affirmations qui étaient soumises sous forme de questions aux candidats au baptême depuis les toutes premières décennies de l’ère chrétienne, peut-être même depuis la fin du 1er siècle. On était donc susceptible de demander à quelqu’un : ‘Est-ce que tu crois en Dieu le Père, créateur des cieux et de la terre ?’. On peut le savoir, parce qu’un certain nombre d’auteurs qui évoquent leur expérience du baptême se réfèrent à plusieurs de ces questions. Vers l’an 200, Tertullien cite un texte connu sous le nom d’ancien symbole romain, qui est presque identique au Symbole des Apôtres, et il en parle en termes de questions baptismales : ‘Croistu…’, ‘crois-tu…’, etc. La première référence explicite au Symbole des Apôtres proprement dit se trouve chez un dénommé Rufin d’Aquilée en l’an 390. C’est lui qui raconte l’histoire selon laquelle les douze apôtres (y compris Matthias qui a remplacé Judas) ont tous contribué à la rédaction du texte, en y apportant chacun un élément différent. Cette théorie ne repose, en réalité, sur aucune preuve, mais l’idée selon laquelle les déclarations du Symbole des Apôtres remontent jusqu’aux apôtres eux-mêmes est quant à elle bien fondée. » [Dr John
Oswalt]
Dans les écrits chrétiens les plus anciens, on trouve de nombreuses listes de doctrines essentielles qui ressemblent au Symbole des Apôtres. D’une part, on a des règles de foi qui énumèrent et qui expliquent en détail certains points fondamentaux. D’après les écrits des pères de l’Église, on voit que ces règles de foi, consignées à l’écrit, étaient censées résumer les croyances et les pratiques des églises qui les avaient produites. Par exemple, Origène inclut une telle règle de foi au début de son ouvrage Traité des principes, et Irénée en inclut une également dans un paragraphe parfois appelé « Les données de la foi », au chapitre 10 du premier livre de son œuvre bien connue : Traité contre les hérésies. Ces règles de foi avaient pour but de préserver les enseignements de l’Église, et on les employait pour former les gens, notamment les conducteurs de l’Église. Il existait souvent des différences entre la règle de foi d’une assemblée et celle d’une autre. Généralement, ces documents servaient à affirmer certaines doctrines importantes, ainsi que certains enseignements moraux et certaines traditions.
D’autre part, certains résumés doctrinaux de cette époque existaient sous forme de crédos ou de symboles. C’étaient des formules assez brèves qui résumaient les aspects doctrinaux des règles de foi des églises, surtout les éléments les plus importants. On récitait souvent ces textes à l’occasion de cérémonies, comme au moment d’un baptême. Au 1er et au 2e siècle, il est possible que chaque assemblée locale ait eu son propre crédo ou symbole, c’est-à-dire sa propre manière de résumer les vérités bibliques essentielles. Au 3e et au 4 e siècle, plusieurs de ces symboles avaient acquis une certaine notoriété, et ils étaient utilisés dans de nombreuses églises.
Parmi ces symboles qui ont commencé à être couramment utilisés, il y avait le symbole qui était issu de l’église de Rome, auquel on donne souvent le nom d’« ancien symbole romain ». Celui-ci ressemble tellement au Symbole des Apôtres que de nombreux spécialistes pensent que le Symbole des Apôtres consiste simplement en une version plus tardive du Symbole romain.
Mais quelles que soient ses origines précises, ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est que le Symbole des Apôtres a fini par être utilisé de façon très généralisée, surtout dans les églises d’Occident. Pendant les premiers siècles, la façon dont il était formulé pouvait varier d’une église à une autre. Mais à partir du 8e siècle, les formules avaient été globalement normalisées, et la forme du symbole était devenue celle que nous connaissons et utilisons aujourd’hui.
En gardant à l’esprit la façon dont le Symbole des Apôtres est apparu dans l’histoire, essayons de voir maintenant quel était le but de sa rédaction et de son utilisation.
BUT
De nos jours, beaucoup de chrétiens se méfient des crédos, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Bien que très peu de personnes soient prêtes à affirmer tout haut que les crédos ont la même autorité que l’Écriture, parfois des chrétiens bien intentionnés traitent certains crédos ou symboles comme s’ils étaient à un niveau d’égalité avec la Bible elle-même. Mais aucun crédo ne devrait jamais être élevé à un tel niveau, que ce soit en théorie ou en pratique.
La Bible est notre seule et unique règle de foi et de conduite, qui soit inspirée et infaillible. Les crédos ou les symboles, quant à eux, sont des outils faillibles, utiles pour l’enseignement, qui résument notre compréhension de l’Écriture. Et comme nous allons le voir dans un instant, le Symbole des Apôtres a été rédigé dans le but d’aider les chrétiens à apprendre quels sont les principaux enseignements de la Bible, et à demeurer fidèles à ces enseignements.
Nous allons étudier quel est le but du Symbole des Apôtres en trois étapes. D’abord, nous verrons que c’est l’Écriture qui, au départ, est dépositaire de la vraie doctrine. Ensuite, nous verrons que les enseignements traditionnels des églises des premiers siècles s’appuient sur l’Écriture. Et troisièmement, nous verrons que le Symbole des Apôtres avait pour but de résumer la compréhension que les églises avaient traditionnellement de l’Écriture. Commençons donc avec ce constat : c’est que les chrétiens fidèles ont toujours affirmé que l’Écriture était le fondement de notre doctrine.
Écoutez ces paroles d’un des pères de l’Église, à savoir Origène, dans la préface de son œuvre intitulée Traité des principes, qu’il a écrite au début du 3e siècle :
« Tous ceux qui croient […] ne reçoivent pas d’ailleurs que des paroles mêmes et de la doctrine du Christ la connaissance qui invite les hommes à une vie bonne et bienheureuse. Par paroles du Christ, nous n’entendons pas seulement ce qu’il a enseigné quand il s’est fait homme […] : car auparavant le Christ, Parole de Dieu, se trouvait déjà en Moïse et dans les prophètes. […] Et […] Jésus a parlé en ses apôtres, même après son assomption dans le ciel. »
Origène est en train d’expliquer que toute l’Écriture est la parole de Christ, et qu’elle est la source de toute vraie doctrine.
« Il y a un seul Dieu, que nous ne connaissons pas ailleurs, frères, que dans les Saintes Écritures. »
Les églises primitives affirmaient que la Bible tout entière était la parole de Christ, donnée aux croyants par l’intermédiaire des apôtres. Elles souscrivaient par conséquent à cette notion que les théologiens appellent souvent le sola scriptura, ou « l’Écriture seule ». C’est l’idée selon laquelle l’Écriture est la seule règle infaillible de la foi, et l’ultime juge de toute controverse théologique.
Cette idée se manifeste clairement dans un passage écrit par Basile le Grand, qui a été nommé évêque de Césarée en l’an 370. Basile était un ardent défenseur des traditions et des coutumes de l’Église, et il disait souvent que ces traditions, d’après lui, pouvaient être retracées jusqu’aux apôtres. Néanmoins, quand la légitimité des ces traditions était remise en cause, c’est à l’Écriture qu’il en appelait, en tant qu’autorité ultime. Écoutez ce qu’il dit dans sa Lettre 189, adressée à Eusthate le médecin :
« Puisse l’Écriture, qui est inspirée de Dieu, nous départager ; et la vérité se rangera du côté où seront trouvées des doctrines conformes à la parole de Dieu. »
Dans ce passage, Basile reconnaît que certaines églises mettaient en avant certaines idées à travers leur règle de foi, tandis que les coutumes d’autres églises leur étaient contradictoires. Il en appelle donc à l’Écriture comme ultime autorité pour résoudre cette affaire.
L’Église primitive s’appuyait fortement sur l’Écriture, qu’elle considérait comme étant la base de toute sa doctrine. Mais on comptait aussi sur les enseignements traditionnels de l’Église pour pouvoir être en mesure de résumer et de protéger les enseignements de l’Écriture.
Alors évidemment, on peut se demander pourquoi l’Église trouvait nécessaire de préserver ses enseignements traditionnels. Pourquoi ne pas simplement préserver la Bible, et laisser la Bible s’exprimer par elle-même ?
« Et bien il est important de pouvoir formuler de manière claire et concise ce que croit l’Église, notamment parce qu’il y a des faux docteurs qui enseignent des choses qui sont en contradiction avec l’enseignement des apôtres et de la Bible. Et donc, pour répondre en particulier à ces faux enseignements, l’Église avait besoin de pouvoir résumer clairement ce qu’elle croyait. » [Dr Erik K. THOENNES]
« À la base de sa foi, l’Église avait les Écritures ; mais évidemment, les Écritures représentaient beaucoup de lecture, et l’illettrisme était important. Il était donc utile que l’Église puisse résumer les doctrines fondamentales sous la forme d’un crédo, afin que les gens aient la possibilité de comprendre et d’assimiler la foi sans avoir à lire toute la
Bible. » [Dr Riad Kassis, traduction]
« Le Symbole des Apôtres était très utile, et même indispensable, au début de l’histoire de l’Église, car il a fallu attendre l’an 397, environ, pour que le canon de l’Écriture soit officiellement établi. Quelle était donc la foi normative de l’Église ? On la trouvait, sous la forme d’un résumé, dans le Symbole des Apôtres. Mais on a bien fini par avoir la Bible, alors pourquoi continuer d’utiliser le symbole ? Parce qu’on ne peut pas exiger des gens qu’ils comprennent toute la Bible pour qu’on puisse les considérer comme des chrétiens. Le Symbole des Apôtres constitue toujours un résumé des enseignements essentiels de la Bible, sous une forme simple. Et pour cette raison, il nous faut continuer de l’utiliser, même aujourd’hui. » [Dr Paul Chang]
Les faux docteurs ont créé beaucoup de problèmes dans l’Église. Certains d’entre eux allaient jusqu’à nier certains éléments essentiels de l’Évangile. En réponse à cette situation, certains responsables chrétiens fidèles ont formulé des textes courts qui résumaient les enseignements principaux de l’Écriture, dans le but de permettre à tout chrétien de connaître et de professer le contenu fondamental de la foi. Voici comment Origène décrit le problème dans une autre partie de la préface de son Traité des principes :
« Puisqu’il y en a beaucoup qui croient avoir les sentiments du Christ, alors que certains pensent différemment des autres, on doit garder la prédication ecclésiastique, transmise à partir des apôtres par ordre de succession et conservée dans les Église jusqu’à présent ; et seule doit être crue la vérité qui n’est pas en désaccord avec la tradition ecclésiastique et apostolique. »
Notez bien ce qu’Origène est en train de dire ici. Il ne dit pas que l’enseignement de l’Église est infaillible, ni que cet enseignement sera toujours parfait. Il dit plutôt que l’enseignement de l’Église doit être reconnu comme vrai, puisque (ou parce que) cet enseignement a été transmis à partir des apôtres par ordre de succession, et conservé jusqu’à son époque. Autrement dit, à l’époque d’Origène, l’enseignement de l’Église était encore l’expression fidèle des paroles de Christ dans l’Écriture. Et pour cette raison, l’Église à cette époque était en mesure d’utiliser cet enseignement comme « norme » ou comme « règle de foi » pour évaluer toute doctrine. Mais l’autorité ultime se trouvait dans le Nouveau Testament, pas dans l’Église.
Pour illustrer cette idée, on peut imaginer une chaîne qui serait composée de plusieurs maillons. L’Église primitive voulait rester fidèle aux enseignements de Christ, tels qu’on les trouve dans l’Écriture. Le premier maillon de la chaîne, c’est donc Christ. Les apôtres ont connu Christ personnellement, et ont été enseignés directement par lui. Leur ministère constitue donc le deuxième maillon de la chaîne. Ensuite, les apôtres ont consigné leur connaissance de Christ dans l’Écriture, ce qui fait de l’Écriture le troisième maillon de la chaîne. Ces maillons sont tous les trois parfaits et infaillibles car ils ont été conduits par le Saint-Esprit.
Mais en ce qui concerne le quatrième maillon, à savoir les enseignements traditionnels de l’Église, il y a une différence. La transmission de ces coutumes n’était pas infaillible ; le Saint-Esprit n’a pas garanti leur véracité. En fait, comme on l’a vu, les coutumes de certaines églises contredisaient les coutumes d’autres églises.
Certains de ces enseignements concernaient des sujets secondaires relatifs à la pratique : des choses dont l’Écriture ne traitait pas directement. Mais d’autres traditions cherchaient à résumer le sens original de l’Écriture, notamment en ce qui concernait les points principaux de la foi, comme ceux qui figurent dans le Symbole des Apôtres.
Pour ce qui est de ces doctrines fondamentales, les traditions avaient été confirmées par un grand nombre de responsables de l’Église, dans beaucoup d’endroits au fil du temps. De plus, on pouvait en vérifier la véracité d’après l’Écriture. C’est pourquoi Origène pouvait présenter les enseignements traditionnels de l’Église comme étant une règle de foi, et cela avec beaucoup d’assurance.
Ceci étant dit, ce maillon de la chaîne n’était pas infaillible. Les églises, les synodes et les chrétiens en tant qu’individus pouvaient encore se tromper. Écoutez ce que dit Cyprien, l’évêque de Carthage, au 3e siècle, dans sa Lettre 74 contre les doctrines d’Étienne, évêque de Rome :
« La coutume, qui s’est peu à peu établie chez quelques-uns, ne doit pas empêcher la vérité de prévaloir et de triompher. Car la coutume sans la vérité n’est qu’une erreur qui est vieille. »
Ce que Cyprien veut dire, c’est que certaines idées et certaines pratiques chrétiennes de l’antiquité n’étaient pas fondées sur la vérité qui avait été transmise par les apôtres. Au contraire, ces coutumes représentaient « de vieilles erreurs », c’est-à-dire des erreurs qui s’étaient immiscées dans l’Église longtemps auparavant. En fait, c’était précisément ce problème de la faillibilité des hommes qui avait poussé l’Église à mettre par écrit sa règle de foi. Origène et d’autres pères de l’Église ont mis sur papier la règle de foi de l’Église, afin que les chrétiens de par le monde puissent comparer leurs doctrines aux doctrines traditionnelles. Les synodes de l’Église eux aussi ont entériné et enregistré les enseignements traditionnels, pour les rendre utiles aux chrétiens en divers lieux et à différentes époques.
Dans tous les cas, si on cherchait à préserver les enseignements traditionnels de l’Église, c’était pour s’assurer que les églises ne s’écartent pas du sens originel de l’Écriture, de sorte que les croyants puissent comprendre correctement l’enseignement des apôtres, et qu’ainsi, ils reçoivent la parole de Christ et vivent en accord avec elle.
« La Bible est un livre très épais, et donc dans un sens, on ne peut pas juste la laisser parler par elle-même ; il faut pouvoir en faire un bon résumé. Même à l’époque du Nouveau Testament, la doctrine qui concerne la personne de Christ a été sérieusement remise en cause. Et donc on peut voir les apôtres qui se défendent et qui disent : ‘non, la vérité est comme ça’. Et c’est un enjeu qui perdure au deuxième siècle. La doctrine de la personne de Jésus est contestée, ainsi que la nature de la Bible. Il a donc fallu résumer ce qui constituait la foi biblique, de la façon la plus concise possible. Et voilà comment est apparu le Symbole des Apôtres. Ce qui est important de comprendre, c’est qu’on n’a pas cherché à ajouter à la Bible ; on a plutôt cherché à en faire ressortir le sens. » [Dr Peter Walker]
C’est ce que dit Basile dans son Traité du Saint-Esprit en l’an 374 :
« Ce que nos pères ont dit, c’est ce que nous disons […]. Mais nous ne nous fions pas seulement au fait que ce soit la tradition des pères ; car ils suivaient aux aussi le sens des Écritures. »
Alors il faut bien mentionner le fait qu’en cherchant à préserver ses enseignements traditionnels, l’Église primitive ne s’est pas beaucoup préoccupée des doctrines que l’on pourrait considérer comme peu importantes. L’Église s’est concentrée sur les croyances et les pratiques qui étaient les plus importantes et les plus fondamentales. C’est quelque chose qui apparaît clairement d’après les arguments qui ont été mis en avant dans les écrits de l’époque, et d’après le genre d’éléments qui ont été retenus dans les règles de foi.
Par exemple, les pères de l’Église ont écrit contre les docétistes, qui niaient la nature humaine de Christ. Ils ont écrit contre les gnostiques, qui affirmaient que le Dieu de l’Ancien Testament était méchant, et qui autorisaient toutes sortes de péchés charnels. Et ils ont écrit contre toutes sortes d’autres faux enseignements qui contredisaient les affirmations de base de l’Écriture.
Maintenant qu’on a parlé du rapport entre l’Écriture et les enseignements traditionnels de l’Église, on va étudier la façon dont le Symbole des Apôtres résume les enseignements traditionnels de l’Église dans le but de servir à chaque croyant.
Comme nous l’avons vu, on utilisait principalement le Symbole des Apôtres pour confirmer la foi des nouveaux chrétiens, s’assurant ainsi qu’ils croyaient bien aux enseignements fondamentaux de la Bible. Tout comme les églises modernes forment les chrétiens nouvellement convertis par le moyen de cours spéciaux ou d’études bibliques, l’Église primitive, elle, utilisait des crédos pour enseigner aux nouveaux croyants les bases de la foi.
Saint Augustin, le fameux évêque d’Hippone, qui a vécu de l’an 354 à 430, parle de l’importance des crédos dans une prédication adressée à des catéchumènes, c’est-àdire à des nouveaux croyants qui se préparent à recevoir le baptême. Dans cette prédication, le crédo auquel pense Saint Augustin est le Symbole de Nicée, mais ce qu’il dit exprime aussi bien le but et l’utilité de toutes sortes de crédos qui étaient en circulation pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne. Dans sa Prédication aux catéchumènes, sur le symbole, Saint Augustin écrit ceci :
« Ces paroles que vous avez entendues se trouvent disséminées dans les divines Écritures ; elles ont été recueillies et rédigées en un seul ensemble, pour ne pas épuiser la mémoire des hommes lents et pour que tout homme puisse dire et posséder ce qu’il croit. »
Comme le dit Saint Augustin ici, les enseignements principaux du christianisme sont disséminés dans l’Écriture. Les églises anciennes ont donc voulu résumer les doctrines centrales de l’Écritures à travers des crédos ou des symboles. Grâce à cela, tout croyant, y compris (comme le dit Saint Augustin) celui qui est « lent » ou peu éduqué, peut retenir et professer les enseignements fondamentaux de l’Écriture.
Évidemment, puisque beaucoup d’assemblées locales avaient des crédos différents, on pouvait aussi dire que ces assemblées avaient des normes différentes en ce qui concernait la foi. Certaines églises n’exigeaient pas une très grande connaissance de la part des nouveaux croyants, tandis que d’autres églises excluaient certains croyants qui avaient une foi authentique mais dont le savoir théologique n’était pas assez grand. Par conséquent, on pouvait être considéré comme un croyant dans certaines assemblées et pas dans d’autres. À cause de cette disparité, l’Église primitive a donc reconnu qu’il lui fallait un symbole approprié auquel toute assemblée dite « chrétienne » pouvait souscrire.
Le Symbole des Apôtres s’est imposé comme pouvant faire l’affaire. C’était une déclaration courte et précise, résumant les doctrines que tout chrétien pouvait, et devait, comprendre.
« En fait, le Symbole des Apôtres est un genre de résumé narratif de la foi chrétienne, qui nous révèle que même si nous croyons que chaque mot de la Bible représente la parole de Dieu, inspirée et infaillible, nous avons besoin d’un résumé qui nous aide à comprendre quelle est l’essence de l’Évangile. Le Symbole des Apôtres constitue exactement ce genre de résumé. Il est apparu très tôt dans la tradition chrétienne ; il capture ce que les apôtres ont enseigné sur la base de ce que Christ leur a révélé concernant l’essence de la foi. ‘Je crois’. Tout le reste en découle. Et donc, ce qui est important à comprendre, c’est que le Symbole des Apôtres nous aide à dire tout ce qui est nécessaire de dire pour que l’Évangile soit réellement communiqué. » [Dr R. Albert
Mohler, Jr.]
Maintenant qu’on a parlé de l’origine historique du Symbole des Apôtres, on va pouvoir faire un survol de son contenu. Cette vision d’ensemble de ce que croient les chrétiens peut s’avérer tout aussi utile aujourd’hui qu’elle l’était pendant les premiers siècles de l’Église
Au fil du temps, les théologiens ont décrit le contenu du Symbole des Apôtres de diverses manières. Dans cette leçon, nous allons étudier les articles de foi qui constituent le symbole, sous trois angles. D’abord, nous parlerons de la doctrine de Dieu lui-même.
Ensuite, nous parlerons de l’Église. Et troisièmement, nous évoquerons le sujet du salut.
Commençons par la doctrine de Dieu, telle qu’on la trouve dans le Symbole des Apôtres.
« La doctrine de Dieu est absolument essentielle pour tout ce que nous avons à dire en termes de théologie chrétienne, de foi chrétienne, et de vie chrétienne. Tout ce que nous avons et qui nous permet de nous comprendre nous-mêmes, de comprendre le monde, de comprendre notre raison d’être, tout cela procède de qui est Dieu. Toute doctrine chrétienne, que ce soit le salut, l’Église, la fin des temps, tout cela s’enracine dans le Dieu qui existe, le Dieu trinitaire. Toute l’espérance et l’assurance que nous pouvons avoir ici-bas, tout ce que nous croyons au niveau de notre salut et du pardon de nos péchés, tout découle de Dieu qui en a été le planificateur, de Dieu qui a réalisé sa volonté et ses desseins, de Dieu qui mènera toutes choses à leur accomplissement, conformément à son plan. Donc tout dépend de la réponse que nous donnons à cette question : qui est Dieu ? »
[Dr Stephen WELLUM]
Il y a deux aspects importants de la doctrine de Dieu qui apparaissent dans le Symbole des Apôtres. D’abord, le symbole est structuré d’après l’idée que Dieu existe en tant que Trinité. Et deuxièmement, il y a des affirmations au sujet des différentes personnes de Dieu, à savoir le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Regardons tout d’abord la Trinité.
Vous avez remarqué que le Symbole des Apôtres était divisé en trois parties principales, qui commencent chacune par l’expression : « Je crois ». La première partie évoque la croyance en Dieu le Père. La deuxième partie s’attache à la croyance en JésusChrist, son Fils unique, notre Seigneur. Et la troisième partie parle de croire au SaintEsprit, en énumérant plusieurs de ses domaines d’activité.
Il faut préciser que ce ne sont pas toutes les anciennes versions du symbole qui ont l’expression « je crois » en introduction aux articles qui concernent Jésus-Christ. À la place, certaines versions ont simplement le mot « et », qui, dans ce contexte, a la même force que l’expression « je crois ». Mais dans tous les cas, le fait que le symbole soit structuré en fonction des personnes de Dieu a été universellement reconnu par l’Église. C’est une formule trinitaire. Autrement dit, le texte est basé sur la croyance d’après laquelle il y a un seul Dieu, et ce Dieu existe en trois personnes, à savoir les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
C’est la même formule que l’on trouve dans des passages tels que Matthieu, chapitre 28, verset 19, où Jésus confie ce mandat à ses disciples :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28.19)
Tout comme dans le Symbole des Apôtres, le fait que ces trois noms soient mentionnés ensemble dans ce verset, et sur un niveau d’égalité, sous-entend que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu, bien qu’ils soient des personnes distinctes.
Certes, le Symbole des Apôtres ne mentionne pas directement le mot « Trinité », ni n’en explique les spécificités théologiques. Mais souvenons-nous que l’intention du symbole est de résumer des croyances, pas de faire une déclaration de foi complète et détaillée. Et quand ce texte était utilisé dans la liturgie de l’Église, tout le monde dans l’église savait que le fait de mentionner de cette manière les trois personnes de Dieu impliquait le concept de la Trinité.
Alors tous les chrétiens ne comprennent pas forcément le sens exact du mot « Trinité » ; il nous faut donc prendre un petit moment pour l’expliquer. Voici comment on définit habituellement la Trinité :
« Dieu est trois personnes, mais une seule essence. »
Le mot « personne » désigne ici une personnalité distincte et consciente à part entière. Le mot « essence » désigne la nature fondamentale de Dieu, ou sa substance.
Bien sûr, le concept de la Trinité est très difficile à comprendre pour les êtres humains. L’existence et la nature de Dieu dépassent tellement les limites de notre expérience qu’il nous est difficile de concevoir Dieu. Et pourtant, la Trinité représente une des croyances spécifiques les plus importantes du Christianisme. Mais comment une doctrine si complexe a-t-elle pu devenir une telle pierre angulaire de la théologie chrétienne ?
« Et bien la Trinité, c’est quelque chose auquel on aboutit quand on lit la Bible de façon holistique. On découvre que le Père est clairement Dieu, et que le Fils est clairement Dieu, et que l’Esprit est clairement Dieu, chacun en tant que personne distincte. La doctrine de la Trinité nous permet donc de faire la synthèse de ce qui est enseigné dans l’Écriture. » [Dr Erik K. Thoennes]
« La doctrine de la Trinité constitue donc une pierre angulaire de la théologie chrétienne, et je l’accepte, avant tout, parce que c’est une doctrine biblique. Alors il faut faire attention à ce qu’on veut dire par là, car le mot ‘t-r-i-n-i-t-é’ n’apparaît pas dans l’Écriture, mais le concept oui. La somme de l’enseignement biblique, ce que l’Écriture nous dit au sujet de qui est Dieu (c’est-à-dire qu’il est un seul Dieu, que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu, et que l’Esprit est Dieu), tout cela pris dans son ensemble comme la Bible nous le présente, nous impose de croire que Dieu est une trinité de personnes. »
[Dr Robert G. Lister]
Donc quand on dit que Dieu n’est qu’une seule essence, on est en train de défendre la vérité biblique d’après laquelle il n’y a qu’un seul Dieu. Et on est en train d’essayer de rendre compte du fait que trois personnes distinctes sont néanmoins un seul Dieu. Ce terme « essence » désigne ce que chacune de ces trois personnes a parfaitement en commun avec les deux autres, c’est-à-dire toute chose ou toute qualité d’être qui appartient autant au Père qu’au Fils et au Saint-Esprit.
Et quand on dit que Dieu existe en trois personnes, on est en train de défendre la vérité biblique d’après laquelle le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont distincts les uns des autres. Ce sont des individus différents qui communiquent entre eux, qui interagissent, qui ont une relation les uns avec les autres.
Pour beaucoup de raisons, le concept de la Trinité représente un grand mystère. Mais c’est aussi une idée qui récapitule bien les nombreux enseignements de la Bible concernant la nature de notre Dieu merveilleux.
L’idée de la Trinité est très importante en théologie chrétienne, pour de nombreuses raisons. Par exemple, c’est une doctrine qui affirme que Jésus est Dieu, et que Jésus n’est pas simplement le Père sous une forme différente. C’est aussi une doctrine qui explique pourquoi nous sommes résolument monothéistes et pourquoi nous n’adorons qu’un seul Dieu, bien que nous adorions et que nous priions trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. De plus, c’est une doctrine qui nous aide à honorer Dieu dans toutes ses personnes. Et qui nous encourage, parce que la présence et le soutien de n’importe laquelle de ces trois personnes représente la présence et le soutien de Dieu luimême. En fait, la doctrine de la Trinité fonde un si grand nombre d’autres idées chrétiennes qu’il est difficile d’imaginer le christianisme historique sans elle.
Maintenant qu’on a considéré la doctrine de Dieu dans le Symbole des Apôtres sous son aspect de Trinité, on va pouvoir examiner les affirmations qui y sont faites spécifiquement au sujet des différentes personnes de Dieu.
Pour ce qui est du Père, le symbole dit de lui qu’il est tout-puissant, et mentionne un fait historique : c’est qu’il est le créateur du ciel et de la terre. Il est certain que Dieu a beaucoup d’autres attributs que simplement son pouvoir infini et sa souveraineté, et il a fait plus que juste créer le monde. À certains égards, la façon dont le symbole décrit le Père ne distingue même pas le christianisme de certaines autres religions qui croient aussi à un créateur divin et souverain. Mais l’Église primitive a estimé que ces affirmations étaient suffisantes pour montrer que ce qu’une personne croyait au sujet du Père était compatible ou non avec le christianisme. L’Église s’appuyait surtout sur d’autres affirmations du symbole pour distinguer le christianisme des autres religions.
Par exemple, le symbole a beaucoup plus de choses à dire au sujet du Fils, JésusChrist. Bien que le texte ne décrive aucun de ses attributs, il mentionne plusieurs détails concernant sa vie et son ministère terrestres, des détails que les gens qui n’appartenaient pas à l’Église auraient refusé d’admettre.
Le symbole mentionne l’incarnation de Jésus, sa venue sur terre en tant que bébé, et le fait qu’il ait vécu comme un véritable être humain. Le texte parle de ses souffrances, de sa mort, de son ensevelissement, de sa résurrection et de son ascension au ciel. L’Écriture nous apprend que les non-croyants ont nié ces faits historiques depuis le jour où ils ont eu lieu.
Aujourd’hui encore, de nombreux historiens et théologiens libéraux nient la réalité de ces faits, tout comme de nombreuses sectes chrétiennes et de nombreuses fausses religions. Par exemple, l’islam affirme que Jésus était un véritable prophète de Dieu. Mais l’islam prétend qu’il n’a jamais été crucifié, qu’il n’est pas ressuscité, et qu’il n’est pas Dieu.
Le symbole parle aussi de Jésus comme étant celui qui, au dernier jour, jugera toute l’humanité, et qui, par conséquent, condamnera les méchants, mais accordera aux croyants la vie éternelle.
Concernant le Saint-Esprit, le symbole dit qu’il a causé la grossesse de la Vierge Marie, qui a enfanté Jésus. À part cela, le texte ne fait qu’affirmer son existence comme personne distincte au sein de la Trinité. Mais de façon implicite, le symbole associe le Saint-Esprit à l’Église, et à notre expérience du salut dans le présent et dans l’avenir.
Nous aurons l’occasion d’examiner beaucoup plus en détail chaque personne de Dieu dans le cadre des leçons à venir. Mais pour l’instant, il nous faut simplement remarquer que le symbole ne se contente pas seulement d’affirmer le trinitarisme, mais qu’il parle aussi de chaque personne de la Trinité de façon à faire ressortir des éléments qui sont essentiels pour la foi chrétienne. Ce que dit le symbole n’est pas particulièrement détaillé, mais il en dit assez au sujet de Dieu et des personnes de Dieu pour marquer la distinction entre les gens qui professent la foi chrétienne historique, et ceux qui ne la professent pas.
Nous avons donc évoqué les affirmations doctrinales qui concernaient Dieu luimême ; maintenant, nous allons voir la façon dont le Symbole des Apôtres parle de l’Église.
L’ÉGLISE
Le Symbole des Apôtres utilise deux expressions différentes pour décrire l’Église.
D’abord, l’Église est appelée « la sainte Église catholique » (ou « universelle »). Deuxièmement, l’Église est décrite comme étant la communion des saints. Ces deux expressions ont été interprétées de diverses manières, et nous les examinerons plus en détail dans une autre leçon.
Pour l’instant, il nous faut simplement remarquer que l’expression « la sainte Église catholique » ne fait pas référence à l’Église catholique romaine, mais à l’Église dans sa globalité, telle qu’elle existe dans le monde entier.
Ceci étant dit, de nombreux Protestants pourraient s’étonner que l’on parle de « croire en l’Église », quelle qu’en soit la forme. Il serait donc peut-être utile de préciser que lorsque le symbole dit : « Je crois… en l’Église », cela ne veut pas dire que nous plaçons notre foi en l’Église. Cela veut dire plutôt que nous croyons que l’Église est à la fois sainte (ou sanctifiée) et catholique (c’est-à-dire universelle).
Nous disons aussi croire qu’il y a une communion des saints, c’est-à-dire une communion entre les croyants. C’est dans cette perspective que le christianisme historique a insisté sur l’importance de l’Église.
Dans cette leçon, nous allons nous concentrer sur deux aspects seulement de l’Église, qui sont à la base des articles de foi du Symbole des Apôtres. Premièrement, nous considérerons l’appartenance à l’Église. Deuxièmement, nous parlerons de la conservation de la doctrine par l’Église. Commençons par l’appartenance à l’Église.
Quand le symbole dit : « Je crois la sainte Église », il met l’accent sur l’importance d’appartenir à l’Église. Dans l’histoire de l’Église chrétienne, il y a eu évidemment beaucoup de gens qui voulaient avoir Dieu pour Père, Jésus pour Seigneur, et le Saint-Esprit pour défenseur, mais qui ne voulaient pas faire partie de l’Église visible, c’est-à-dire du peuple de Dieu ici-bas. Voici ce que nous lisons dans Hébreux, chapitre 10, verset 25 :
« N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns. » (Hébreux 10.25)
Même au premier siècle, il y avait des gens qui se disaient croyants mais qui ne voulaient pas se joindre à l’église lorsqu’elle se réunissait, négligeant ainsi le culte, l’enseignement, et la communion fraternelle. Mais l’Écriture nous enseigne que l’Église est importante et nécessaire pour les chrétiens.
Évidemment, ceux qui, à l’origine, utilisaient le Symbole des Apôtres n’étaient pas comme ça. Au contraire, ce symbole était justement utilisé, notamment, dans le cadre des cultes de l’Église. On le faisait prononcer par ceux qui venaient à l’Église pour recevoir le baptême. Ces gens-là se joignaient aux fidèles, s’engageaient à leur côté. C’est ce modèle que le symbole nous présente et nous invite à suivre.
Pourtant, de nos jours, nous voyons encore des chrétiens qui évitent l’Église. Peut-être qu’ils n’aiment pas l’idée d’une religion institutionnalisée. Ou peut-être qu’ils ont été maltraités par d’autres chrétiens. Ou peut-être se contentent-ils de lire des livres chrétiens, de regarder des chaînes chrétiennes à la télévision, et de surfer sur des sites chrétiens.
Mais la Bible enseigne aux chrétiens à former une communauté concrète et véritable, et elle insiste sur le fait que cette communauté est extrêmement importante pour tout croyant. La communion spirituelle ne suffit pas, même s’il est vrai que les chrétiens ont une communion spirituelle les uns avec les autres, en Christ et par son Esprit. Mais notre communauté doit ressembler à une famille ou à un « voisinage ». Elle est composée de gens qui interagissent concrètement les uns avec les autres, en personne.
Gardons à l’esprit cette idée de l’appartenance à l’Église, et voyons maintenant la question de la conservation de la doctrine par l’Église et dans l’Église.
« Au début, la récitation, la déclaration et la mémorisation régulières des symboles et des confessions de foi dans le cadre de l’Église avaient un rôle très, très important, surtout dans une société comme celle du premier siècle et même après, pendant les premiers siècles du christianisme, où l’illettrisme était très, très répandu. Il y avait donc très peu de gens qui savaient lire, et même parmi ceux qui savaient lire, il y en avait très peu qui auraient eu la chance de posséder la Bible. Et donc le fait de réciter régulièrement ces symboles en public, pendant le culte, a été très utile, et à servi à fournir des paramètres, ou ce qu’on pourrait appeler la règle de la foi, ou encore une grille normative permettant de savoir comment on était censé comprendre globalement les Écritures. » [Dr Jonathan Pennington]
Comme on l’a dit lorsqu’on a parlé des règles de foi, l’Église n’est pas infaillible. Et le Symbole des Apôtres n’est pas là pour nous inciter à croire tout ce que notre église locale enseigne. Ce que dit le Symbole des Apôtres, c’est simplement que Christ a confié notamment à son Église la responsabilité de protéger et de proclamer l’Évangile, ainsi que d’autres vérités.
Voyez la façon dont Jude, le frère de Jésus, parle de la mission de l’Église, aux versets 3 et 4 de son épître :
« Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes […] impies qui changent en dérèglement la grâce de notre Dieu et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ. » (Jude 3-4) D’après Jude, une des responsabilités de l’Église consiste à défendre la foi, à protéger les vérités et les doctrines qui lui ont été confiées, contre ceux qui mettent en avant des faux enseignements et des pratiques mauvaises.
Malheureusement, il n’est pas difficile de constater qu’il y a beaucoup de fausses doctrines qui circulent dans l’Église aujourd’hui. Il y a aussi des pratiques mauvaises. Pourtant, Dieu n’a jamais retiré à l’Église ce mandat ; il n’a jamais déclaré qu’il y avait un autre groupe ou un individu en particulier qui serait dorénavant chargé de protéger la vraie doctrine. C’est toujours à l’Église qu’il revient de défendre la vérité.
Et l’Église cherche toujours à faire son travail. Parfois nous y arrivons, et parfois pas. Il y a une partie de notre théologie qui est fidèle à l’Écriture, mais une autre partie qui a besoin d’être améliorée, et une autre encore qui a peut-être besoin d’être complètement changée. Et nous serons toujours dans cette situation. Mais en ce qui concerne la leçon présente, l’idée que j’aimerais qu’on retienne est la suivante : nous ne devons pas baisser les bras. Il faut que nous continuions à essayer de conserver la bonne doctrine dans l’Église. Si nous renonçons à cette vocation, nous contredisons un article fondamental de la foi chrétienne historique : « Je crois en l’Église ».
Maintenant que nous avons considéré les articles de foi qui concernaient Dieu et l’Église, nous allons nous intéresser à la troisième catégorie, à savoir les affirmations qui sont faites dans le Symbole des Apôtres au sujet du salut.
LE SALUT
« Le Symbole des Apôtres a beaucoup de choses à dire sur le salut, mais c’est vers la fin. Certains se sont demandé pourquoi ces choses figuraient à la fin plutôt qu’à un autre endroit du symbole. Et bien sûr, le symbole lui-même ne nous donne pas d’explication. Mais si vous regardez bien, pour moi j’ai l’impression que le texte veut avant tout établir qui est Dieu : Père, Fils et Saint-Esprit. Ainsi, on peut être sûr que l’expérience du salut découle de ce Dieu-là et pas d’une quelconque invention des hommes ni d’un système humain. Savoir qui est Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit aboutit à une invitation et à une promesse selon lesquelles nous pouvons être sauvés si nous confessons nos péchés. Donc je pense que ces affirmations se trouvent à la fin pour nous montrer que le fruit de notre relation à Dieu provient de cette racine qui consiste à savoir qui est Dieu en tant que Trinité. » [Dr Steve Harper]
Les trois derniers articles de foi que l’on trouve dans le symbole évoquent plusieurs aspects du salut. Plus précisément, il s’agit du pardon des péchés, de la résurrection de la chair, et de la vie éternelle. Dans le cadre de la théologie systématique traditionnelle, la résurrection et la vie éternelle sont des sujets que l’on traite sous le titre d’« eschatologie », c’est-à-dire la doctrine des choses de la fin. Mais par souci de simplicité, nous allons les traiter simplement dans cette partie consacrée plus généralement au salut.
Tous les chrétiens croient au pardon des péchés grâce à l’œuvre expiatoire de Jésus-Christ. Nous croyons que si nous confessons nos péchés dans la repentance, Dieu ne va pas nous punir en enfer. Et comme l’indique le Symbole des Apôtres, cette croyance a été celle de l’Église depuis le début. Nous connaissons tous des passages des Écritures où il est dit que ceux qui sont pardonnés reçoivent la vie éternelle par Jésus-Christ. Par exemple, Jean, chapitre 3, versets 16 à 18, nous livre ces paroles encourageantes :
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. […] Celui qui croit en lui n’est pas jugé. » (Jean 3.16-18)
La vie éternelle appartient à tout croyant. Dans un certain sens, la vie éternelle commence au moment où nous venons à la foi, car notre âme reçoit une vie nouvelle et ne périra jamais.
Mais la nature de la vie éternelle qui est mise en avant dans le symbole surprend parfois les chrétiens d’aujourd’hui. Le symbole, en effet, parle de la résurrection de la chair. Il arrive que des chrétiens s’imaginent à tort que le texte fait référence ici à la résurrection de Jésus. En réalité, pas du tout ! La résurrection de Jésus est mentionnée plus tôt dans le symbole, lorsqu’il est dit : « Le troisième jour, il est ressuscité des morts ». Cet article de foi n’est pas répété. Lorsque le symbole parle de la résurrection des morts, il fait plutôt référence à l’idée biblique selon laquelle tout homme ressuscitera au jour du jugement, et entrera dans son état éternel, non pas en tant qu’esprit incorporel mais en tant que créature physique et corporelle. C’est là l’enseignement clair de l’Écriture, et cela a été un article de foi dans l’Église depuis des milliers d’années.
Voici ce que Jésus dit dans Jean, chapitre 5, versets 28 et 29 :
« L’heure vient où ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix [celle du Fils]. Ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection et la vie, ceux qui auront pratiqué le mal pour la résurrection et le jugement. » (Jean 5.28-29)
Ce que le symbole affirme au sujet du salut est clairement enseigné dans l’Écriture, et a toujours été reçu et cru par les églises qui sont fidèles à la Bible. Malgré cela, beaucoup de gens aujourd’hui qui prétendent suivre Christ rejettent ces enseignements fondamentaux. Il y a des gens qui nient le fait que nous devons rendre des comptes à Dieu pour nos péchés, et qui affirment que le pardon n’est pas nécessaire. Il y a, dans nos églises, des non-croyants qui affirment qu’il n’y a rien après cette vie, et que s’il y a une vie « éternelle » à avoir, celle-ci se limite au temps que nous passons sur la terre dans notre corps physique. Et il y a beaucoup de gens qui croient à tort que nous allons passer l’éternité au ciel en tant qu’esprits incorporels. Pour ces raisons, les articles de foi que l’on trouve dans le Symbole des Apôtres sont aussi importants et pertinents pour l’Église aujourd’hui qu’ils l’étaient pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne.
Pour résumer, Le Symbole des Apôtres se concentre sur des doctrines qui concernent Dieu, l’Église, et le salut. Nous consacrerons d’autres leçons à étudier plus en détail chacun de ces concepts. Mais pour l’instant, nous voulons simplement retenir cette vision d’ensemble, et cette idée principale : c’est que cette poignée de doctrines est si importante et si fondamentale qu’elle a, en réalité, défini les frontières du christianisme pendant de nombreux siècles.
Jusqu’ici, dans notre étude du Symbole des Apôtres en tant qu’articles de foi, nous avons parlé de l’origine historique du symbole, et nous avons fait un survol de sa théologie. Nous pouvons maintenant passer à la troisième partie : l’importance perpétuelle de ces articles de foi qui nous sont présentés dans le Symbole des Apôtres.
On va considérer l’importance des affirmations doctrinales du Symbole des Apôtres sous trois aspects. D’abord, nous verrons que ces enseignements posent un fondement pour le reste de la théologie chrétienne. Deuxièmement, nous parlerons du fait que ces enseignements sont universellement reconnus par toute l’Église. Et troisièmement, nous évoquerons le caractère unifiant de ces articles de foi. Commençons par voir en quoi les doctrines du Symbole des Apôtres constituent un véritable fondement.
UN FONDEMENT
La plupart des gens savent que les grands bâtiments nécessitent des fondations solides. Les fondations, c’est la base sur laquelle le reste de l’édifice est construit. Les fondations permettent au bâtiment d’être solidement ancré dans le sol, et à toute la structure d’être solide et stable. Dans Éphésiens, chapitre 2, versets 19 à 21, l’Apôtre Paul parle de l’Église comme d’un édifice fondé sur les apôtres et les prophètes. Écoutez ses paroles :
« Vous êtes […] membres de la famille de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle. En lui, tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. » (Éphésiens 2.19-21)
Sans un fondement véritable et solide, l’Église ne peut pas être bâtie d’une manière qui honore Dieu.
Et de façon similaire, la théologie chrétienne doit être fondée sur les bonnes doctrines et sur les bons principes, si elle veut honorer Dieu et servir à son peuple. De la même façon que Jésus est la pierre angulaire de l’Église, ses enseignements sont la pierre angulaire de la théologie. Et de la même façon que les apôtres et les prophètes sont devenus le fondement de l’Église en présentant Christ au monde, le Symbole des Apôtres a un rôle de fondement pour la théologie car il nous présente les enseignements des apôtres tels qu’ils ont été consignés dans l’Écriture.
« Ce qui est beau avec le Symbole des Apôtres, c’est qu’il résume si bien les doctrines essentielles et basiques auxquelles tout chrétien, quelle que soit son appartenance ecclésiastique, doit souscrire. Qui est Dieu, qui est le Seigneur Jésus-Christ, quelle est l’œuvre de l’Esprit et comment tout cela se traduit au niveau du salut et de l’Église, jusqu’au jugement dernier et au retour du Seigneur Jésus-Christ. On ne peut pas vraiment avoir la foi chrétienne sans avoir ces doctrinesclés, qui sont essentielles au christianisme. » [Dr Stephen WELLUM]
Nous allons étudier le rôle de fondement qu’a le Symbole des Apôtres, en deux parties. D’abord, nous verrons qu’il fournit une norme permettant d’éprouver d’autres doctrines. Et deuxièmement, nous verrons qu’il sert de base logique à partir de laquelle nous pouvons parvenir à d’autres doctrines bibliques. Commençons donc par le Symbole des Apôtres en tant que norme théologique.
Le Symbole des Apôtres sert de norme doctrinale parce qu’il présente plusieurs idées qui sont parmi les plus grandes et les plus importantes du christianisme. Ces idées sont enseignées si clairement dans l’Écriture qu’elles devraient être reconnues et acceptées par tout le monde. Comme on l’a dit plus tôt dans cette leçon, ce sont des enseignements essentiels au christianisme. Par conséquent, toute autre doctrine à laquelle nous souscrivons doit être compatible avec ces enseignements. Nous ne pouvons accepter aucune idée qui soit en contradiction avec ces enseignements essentiels.
Avez-vous déjà assisté à un numéro de ventriloque ? Un ventriloque, c’est un acteur qui arrive à parler tout en donnant l’impression qu’il n’est pas en train de parler. Souvent, les ventriloques utilisent des marionnettes dans leurs spectacles, avec lesquelles ils font semblant d’avoir une conversation. Quand le ventriloque est vraiment doué, on peut vraiment avoir l’impression que la marionnette est vivante. Mais si convaincant que soit le numéro, on sait très bien que c’est le ventriloque qui est en train de parler, et pas la marionnette. Pourquoi ?
Et bien la réponse est simple. On sait très bien que les marionnettes ne sont pas vivantes et qu’elles ne parlent pas. Donc quand on voit une marionnette qui a l’air d’être en train de parler, on évalue le phénomène sur la base de ce que l’on sait être vrai. Même si on a vraiment l’impression que la marionnette est en train de parler, la norme à laquelle on se fie dit le contraire. Et donc on refuse de le croire. Il est possible que nous ne soyons même pas en mesure d’expliquer comment il se fait que la marionnette ait l’air d’être vivante et qu’elle parle. Mais nous savons bien, au fond, qu’il doit y avoir une explication rationnelle, une explication conforme à ce que nous considérons comme étant la norme.
De façon similaire, le Symbole des Apôtres présente un résumé de ces croyances fondamentales, celles auxquelles nous sommes tellement attachés que nous ne les modifierons jamais. Nous croyons que l’enseignement de la Bible est tellement clair sur ces points, et que ces points sont si importants, que nous ne pouvons pas les compromettre. Donc quels que soient les autres points de vue que l’on pourrait nous proposer, nous refuserons de croire quoi que ce soit qui remette en question ces enseignements basiques de l’Écriture.
Se référer au symbole en tant que norme nous aide à rester fidèles à l’Écriture, lorsque des faux docteurs très convaincants nous proposent de la mauvaise théologie. Nombre d’entre nous avons déjà rencontré des gens qui sont de si brillants argumentateurs, et qui sont tellement captivants en tant que personnes, que l’on serait enclin à croire tout ce qu’ils disent, même lorsqu’ils se méprennent ou lorsqu’ils mentent. Il est donc utile d’avoir une liste abrégée de ces doctrines fondamentales qui assurent notre ancrage dans l’enseignement de l’Écriture. Et c’est cet ancrage que permet le Symbole des Apôtres.
Par exemple, il y avait plusieurs hérésies importantes auxquelles l’Église primitive a dû répondre pendant les premiers siècles. Une de ces hérésies était le gnosticisme. Le gnosticisme enseignait, entre autres, que le corps physique de l’homme était mauvais et que pour être sauvé, il fallait que l’âme soit libérée du corps. Alors il est certain que tous les chrétiens ne savaient pas forcément comment réfuter cette erreur. Mais ceux qui avaient été formés à connaître les doctrines du Symbole des Apôtres pouvaient rejeter cette hérésie sans hésiter, sachant que l’Écriture enseigne la résurrection de la chair. Autrement dit, d’après l’Écriture, Jésus est venu pour nous sauver tout entiers, ce qui inclut non seulement notre âme mais aussi notre corps.
Nous avons tous déjà été plongés dans la confusion à cause d’une argumentation habile, ou bien nous avons été induits en erreur par des informations qui avaient été erronées ou mal transmises. Il arrive que nous ne soyons pas capables d’expliquer ce qui ne va pas au niveau des arguments ou du raisonnement. Malgré tout, nous pouvons rejeter sans hésiter tout ce qui contredit le Symbole des Apôtres, car nous savons que le symbole est fidèle à l’Écriture.
Évidemment, nous ne voulons certainement pas élever le Symbole des Apôtres, ni aucune autre déclaration de foi, au niveau de l’Écriture. Seule la Bible est absolument sans erreur. Et même les articles de foi contenus dans le Symbole des Apôtres devraient être rejetés s’ils s’avéraient qu’ils étaient contraires à l’Écriture. Mais le Symbole des Apôtres a résisté à l’épreuve du temps depuis les premiers siècles de l’Église. On a montré, à de multiples occasions, qu’il représentait fidèlement l’enseignement de la Bible. Nous devrions donc l’utiliser avec confiance comme norme pour éprouver les nombreuses doctrines que nous rencontrons dans le monde aujourd’hui.
Nous avons donc vu comment le Symbole des Apôtres pouvait être utilisé comme norme doctrinale, et maintenant nous allons pouvoir parler d’un autre aspect qui lui confère un rôle de fondement : son utilisation en tant que base logique pour d’autres points de théologie.
La relation de logique entre plusieurs idées ressemble à la relation qu’il y a entre une rivière et sa source. Du point de vue de la logique, les idées de base représentent l’amont de la rivière. Ces idées sont la source d’autres idées. Et ces idées qui dépendent des premières, du point de vue de la logique, sont comme la rivière qui coule naturellement depuis l’amont vers l’aval. Donc quand on dit qu’une certaine idée sert de base logique pour une autre idée, ce que cela veut dire c’est que l’on peut passer de la première à la seconde grâce à un raisonnement cohérent. Ainsi, une idée de base peut donner lieu à d’autres idées qui lui sont logiquement reliées. Par exemple, le Symbole des Apôtres dit bien peu de choses au sujet de Dieu le Père. Tout ce qui est dit, c’est :
« Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,
Créateur du ciel et de la terre. »
Mais ces doctrines constituent la base logique de beaucoup d’autres choses que nous croyons au sujet du Père. Par exemple, à partir du fait que Dieu est le créateur du ciel et de la terre, il nous faut aussi croire, avec raison, qu’il a autorité sur le ciel et sur la terre, et que la création originelle était bonne, et que l’on peut apprendre certaines choses au sujet de Dieu en observant le monde naturel.
Pour illustrer le fait que ces doctrines de base ont une grande valeur du point de vue de la logique, imaginons un arbre. Le sol, c’est l’Écriture, et la théologie, c’est l’arbre qui en sort. Le tronc de l’arbre, ainsi que ses branches principales, représentent les doctrines les plus basiques. Elles sont fondées sur l’Écriture seule et dépendent de l’Écriture seule. Mais ces branches principales se divisent pour former des branches plus petites et plus nombreuses : ce sont d’autres croyances qui dépendent logiquement des premières. Et maintenant, quand on regarde les feuilles de l’arbre, on a d’autres idées encore qui dépendent des branches plus petites. En se représentant les choses de cette manière, on voit combien il est utile d’avoir le Symbole des Apôtres au départ. Il nous faut connaître les grandes doctrines en premier, pour que l’arbre puisse avoir sa forme générale, tout en étant solidement enraciné dans l’Écriture.
Faire les choses de cette manière est bénéfique pour deux raisons. D’abord, cela nous aide à voir la relation entre les différentes idées qui sont contenues dans notre système théologique. Et deuxièmement, cela nous aide à réfléchir aux doctrines qui sont moins évidentes dans l’Écriture d’une façon qui va tendre à harmoniser ces idées secondaires avec celles qui sont principales et fondamentales
« Les doctrines contenues dans le Symbole des Apôtres résument l’essence de la vérité chrétienne. Le Symbole des Apôtres date du 2e siècle ; il a eu des formes différentes au cours du 2e siècle, et a fini par prendre la forme que nous lui connaissons. Et là vous avez la Trinité :
le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. Vous avez l’incarnation, la mort expiatoire, la résurrection triomphale, et le retour prochain du Seigneur Jésus. Vous avez le pardon des péchés. Vous avez l’Église, qui est la communion de ceux qui sont nés de nouveau en Christ. Et à mon avis, il serait très utile pour la santé de toute église quelle qu’elle soit d’étudier régulièrement le Symbole des Apôtres et de mettre en lumière ces doctrines. » [Dr J. I. Packer]
Maintenant qu’on a vu l’importance du Symbole des Apôtres en tant que fondement, on va considérer le fait que les enseignements qu’il contient ont été universellement reconnus.
UNE RECONNAISSANCE UNIVERSELLE
Pour évaluer la véracité d’un fait, on doit parfois tenir compte de ce que plusieurs témoins ont à dire. Plus il y a de témoins qui s’accordent sur une chose, plus on est enclin à croire cette chose. Et bien cela est vrai aussi en théologie. Quand on cherche à déterminer ce qu’on est censé croire, il est utile de savoir ce que d’autres personnes ont cru dans l’histoire, mais aussi ce que les gens croient aujourd’hui. En ce qui concerne le Symbole des Apôtres, ses affirmations doctrinales ont toujours été reconnues par la plupart des chrétiens dans la plupart des régions du monde.
Nous allons observer la portée universelle des articles de foi du Symbole des Apôtres à travers trois périodes de l’histoire. D’abord, nous verrons que ces croyances sont enracinées dans le Nouveau Testament. Deuxièmement, nous verrons qu’elles ont été affirmées par la grande majorité des chrétiens tout au long de l’histoire de l’Église. Enfin, troisièmement, nous verrons qu’elles continuent d’être représentatives de l’Église
aujourd’hui. Commençons donc par le Nouveau Testament, qui affirme incontestablement ces doctrines.
Depuis les premiers jours de l’Église chrétienne, il y a eu des disputes concernant l’enseignement de Christ et des apôtres. Certaines de ces disputes sont apparues endehors de l’Église, alors que d’autres sont nées en son sein. Par exemple, Paul a souvent écrit contre les chrétiens d’origine juive qui exigeaient que les non-juifs convertis se fassent circoncire, comme on le voit dans Galates, chapitre 5. Et dans 2 Pierre, chapitre 2, Pierre avertit ses lecteurs contre des faux docteurs qui sont dans l’Église. Le Nouveau Testament abonde en exemples où Jésus et les apôtres corrigent certaines idées erronées qui circulaient alors.
Et dans l’Église, les erreurs sont dangereuses lorsque ce sont des doctrines fondamentales qui sont en jeu. C’est la raison pour laquelle Jésus et les auteurs du Nouveau Testament se soucient tellement de corriger les erreurs lorsque celles-ci touchent des éléments fondamentaux de la théologie. Ce qui est remarquable, c’est qu’en corrigeant ces erreurs, ils sont toujours d’accord entre eux. Malgré les nombreux faux enseignements qui circulaient dans l’Église à cette époque, il y a dans le Nouveau Testament lui-même une unité doctrinale constante et manifeste.
« Le fait que l’Église ait établi un canon constitué de ces livres (ce qui, d’ailleurs, a pris des siècles, donc ce n’était pas un processus tout simple et rapide) révèle que l’Église a estimé qu’il y avait là un véritable noyau d’unité. Ce n’est pas une observation que l’on peut facilement écarter, et en fait, les biblistes dans l’Église font le même constat depuis 2000 ans. Et pourtant, bien qu’on puisse parler d’un noyau d’unité entre les différents documents du Nouveau Testament, il faut bien reconnaître qu’il y a aussi des différences de perspective. Je pense que ce qui est important d’observer, c’est que ces différences de perspective ne représentent pas des contradictions entre différentes affirmations doctrinales. On peut avoir plusieurs perspectives différentes, plusieurs accents différents, différents points de vue sur la réalité, plusieurs aspects différents de la réalité. Mais à mon avis en tout cas, il n’y a aucune contradiction manifeste entre les différents
livres du Nouveau Testament. » [Dr David Bauer]
À la lumière de cette unité, il est légitime de dire que quand le Nouveau Testament met en avant les mêmes affirmations doctrinales que celles que l’on trouve dans le Symbole des Apôtres, il le fait avec une portée universelle. Le Nouveau Testament défend clairement la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, tout en insistant sur le fait qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Les Évangiles racontent les faits historiques de la conception de Christ, de sa naissance, de sa vie, de son ministère, de sa mort, de sa résurrection et de son ascension. Et les livres du Nouveau Testament soutiennent entièrement les affirmations du symbole concernant l’Église et le salut.
Nous avons donc vu le Nouveau Testament ; maintenant, voyons comment ces croyances ont universellement caractérisé le christianisme tout au long de l’histoire de l’Église.
Tout comme l’Église à l’époque du Nouveau Testament, l’Église des siècles suivants présentait en son sein des théologies assez variées. Sur un certain nombre de sujets secondaires, il y avait très peu d’unité. Mais pour ce qui est des doctrines essentielles, comme les articles de foi contenus dans le Symbole des Apôtres, ces doctrines étaient reconnues et défendues pratiquement partout. Dans les cas où ces doctrines fondamentales étaient rejetées, l’Église et l’histoire ont globalement mis ces dissidents au rang des sectaires et des faux docteurs.
À titre d’exemple, regardons ce qui s’est passé au ive siècle. Les versions les plus anciennes du Symbole des Apôtres étaient déjà en usage à cette époque. Pendant cette période, il y a eu plusieurs hérésies qui sont apparues et auxquelles l’Église a dû répondre dans le cadre de ses synodes ou de ses conciles. Il y avait des conciles locaux, ou régionaux, mais il y avait aussi des conciles dits « œcuméniques », car ces conciles réunissaient des évêques qui représentaient pratiquement toutes les parties du monde où l’Église était implantée. En l’occurrence, le Concile de Nicée en l’an 325 et celui de Constantinople en l’an 381 furent des conciles œcuméniques où l’on a traité de sujets relatifs à plusieurs articles de foi qui apparaissent dans le Symbole des Apôtres.
Le Symbole de Nicée-Constantinople, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est issu d’un texte qui a d’abord été rédigé au Concile de Nicée en l’an 325, et qui a été ensuite complété au Concile de Constantinople en l’an 381. Ce symbole consiste globalement en un développement et en une explication du Symbole des Apôtres, son but étant de clarifier plusieurs idées qui y sont contenues, afin de corriger certaines interprétations erronées qui en avaient été faites.
Par exemple, l’hérésie que l’on appelle « le gnosticisme » consistait à dire que le Dieu de la Bible, qui avait créé le monde, avait lui-même été créé par un autre dieu. De telles hérésies, comme celle du gnosticisme, ne sont pas explicitement condamnées par le Symbole des Apôtres, donc le Symbole de Nicée-Constantinople a légèrement développé le contenu du Symbole des Apôtres afin d’en rendre plus clair la signification.
En l’occurrence, là où le Symbole des Apôtres dit simplement : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre », le Symbole de Nicée-Constantinople propose cette affirmation un peu plus complète : « Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes choses visibles et invisibles ». Il y a quatre choses à remarquer ici :
D’abord, le Symbole de Nicée-Constantinople se base sur le Symbole des Apôtres. En faisant cela, le Concile de Nicée, qui est un concile œcuménique, révèle que l’Église dans sa globalité souscrivait au Symbole des Apôtres.
Deuxièmement, le Symbole de Nicée-Constantinople commence avec le pronom « nous » au lieu de « je ». Le Symbole des Apôtres avait été conçu pour être utilisé par des individus en guise de profession de foi à l’occasion de leur baptême, mais le Symbole de Nicée-Constantinople déclare que c’est l’Église universelle, dans sa globalité, qui reconnaît ces mêmes doctrines.
Troisièmement, le Symbole de Nicée-Constantinople ajoute la précision « un seul » devant le mot « Dieu », ce qui rend plus explicite ce que le Symbole des Apôtres sous-entendait, à savoir qu’il n’y a qu’un seul Dieu.
Et quatrièmement, le Symbole de Nicée-Constantinople précise que Dieu a tout créé, y compris les réalités invisibles telles que les esprits. C’est une façon d’affirmer clairement que Dieu lui-même n’a pas été créé. Encore une fois, cette idée était sousentendue dans le Symbole des Apôtres, de sorte que le Symbole de Nicée-Constantinople ne fait que clarifier le sujet.
Les conciles et les théologiens ont continué à formuler ce genre d’affirmation ou d’explication au fil des siècles. Parfois, les décisions des conciles n’étaient pas acceptées par toutes les églises. Il pouvait y avoir un concile qui condamnait les positions de certaines églises, puis un autre concile qui condamnait les positions d’autres églises. Mais dans la plupart des cas, les églises qui se trouvaient de part et d’autre de ces controverses souscrivaient quand même aux doctrines de base contenues dans le Symbole des Apôtres.
Pour cette raison, le Symbole des Apôtres a été considéré généralement comme étant la déclaration de foi chrétienne la plus basique et la plus œcuménique. En termes de reconnaissance œcuménique, dans l’histoire, il n’y a eu que le Symbole de NicéeConstantinople qui ait pu rivaliser avec le Symbole des Apôtres. Mais le Symbole de Nicée-Constantinople est loin d’être aussi basique. On y trouve des affirmations théologiques difficiles à comprendre, même pour des théologiens. Voilà pourquoi c’est le Symbole des Apôtres que nous avons choisi comme fondement pour cette étude des doctrines essentielles de la foi chrétienne.
Jusqu’ici, nous avons montré que le Nouveau Testament était en accord avec le Symbole des Apôtres, et nous avons vu que les doctrines du symbole ont été reconnues universellement au fil de l’histoire. Maintenant, nous allons parler du présent, et voir que ces mêmes doctrines sont toujours caractéristiques de l’Église chrétienne aujourd’hui.
À toutes les époques, il y a eu des faux docteurs qui ont rejeté certaines doctrines fondamentales, auxquelles l’Église souscrivait depuis des siècles. Aujourd’hui, nous avons des sectes comme les Témoins de Jéhovah ou les Mormons, dont les adeptes se considèrent comme étant des chrétiens parce qu’ils croient à la Bible et cherchent d’une certaine manière à suivre Christ. Mais ce ne sont pas vraiment des chrétiens, car ils rejettent certains points fondamentaux qui ont caractérisé le christianisme depuis deux mille ans : des points que l’on trouve dans les articles de foi du Symbole des Apôtres. Il y a même des églises qui ne sont pourtant pas considérées comme des sectes, mais qui rejettent également certaines doctrines fondamentales, tout comme certains pasteurs ou enseignants au sein d’églises chrétiennes.
Mais s’il y a tant de gens qui rejettent certaines doctrines du Symbole des Apôtres, comment peut-on dire que ce symbole représente vraiment, de façon universelle, l’Église aujourd’hui ? Et bien la réponse est double. D’une part, la grande majorité des églises qui se disent chrétiennes souscrit à ces doctrines. Ce sont des doctrines qui sont enseignées et crues par des protestants conservateurs de tous genres, y compris des baptistes, des méthodistes, des luthériens, des anglicans, des réformés, etc. Ce sont aussi des points auxquels souscrivent des Églises plus grandes, qui ne sont pas protestantes, comme l’Église catholique romaine et les églises orthodoxes d’Orient.
Mais d’autre part, les églises qui rejettent ces doctrines ne devraient probablement pas porter l’appellation : « chrétiennes ». Peut-être qu’elles disent croire à la Bible et qu’elles prétendent suivre Christ, mais en réalité, elles n’acceptent pas les enseignements de l’Écriture, ni les enseignements historiques de l’Église. Et pour cette raison, ces églises ne sont pas véritablement chrétiennes.
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« Lorsque vous songez à l’importance des doctrines qui sont présentées dans le Symbole des Apôtres, par exemple, ces choses sont tout-à-fait essentielles pour la vie de l’Église et pour notre compréhension de ce qu’est l’Évangile et de ce qu’est notre salut en Christ. Par exemple, les symboles affirment la nature trinitaire de Dieu : Dieu est Père, Dieu est Fils, et Dieu est Esprit-Saint. Donc si on veut être un chrétien, on ne peut pas juste faire comme si la doctrine de la Trinité était un genre d’ornement qu’on ajoute à la foi, un petit ‘plus’ pour lui donner du cachet ! Au contraire, la doctrine de la Trinité consiste à affirmer qui est notre Dieu, véritablement, dans son essence. » [Dr Steve Blakemore]
« Je dirais que les doctrines qui sont contenues dans le Symbole des Apôtres sont essentielles et fondamentales pour le christianisme. Et en effet, si vous vous écartez de ces doctrines, vous vous écartez de la foi chrétienne historique. C’est ce qu’a connu l’Église primitive : ils ont constaté qu’il y avait toutes sortes de façon différentes d’interpréter la Bible, et ils ont dit : ‘C’est comme ça qu’on doit l’interpréter’. C’est comme les rails d’un chemin de fer : ‘Voilà la direction à suivre pour interpréter la Bible’. Si vous allez par là, vous quittez fondamentalement la foi chrétienne. Et donc jusqu’à aujourd’hui, il me semble, le Symbole des Apôtres résume la nature essentielle de la foi biblique authentique. » [Dr Peter Walker]
Puisque les doctrines qui sont résumées dans le Symbole des Apôtres ont un caractère si basique et universel, elles ont pour effet d’unifier les croyants. C’est là quelque chose d’une grande utilité et d’une grande valeur aujourd’hui, étant donné qu’il y a tant de divisions au sein de l’Église moderne.
UN CARACTERE UNIFIANT
Peut-être avez-vous déjà rencontré des chrétiens qui préfèrent ne pas s’intéresser à la théologie parce qu’ils sont convaincus que la doctrine ne sert qu’à diviser les chrétiens. Ils mettent en avant cette résistance à la théologie à travers des slogans comme celui-ci : « Jésus nous unit, mais la doctrine nous divise ! ». Et il y a une part de vérité dans cette affirmation. À toutes les époques, les chrétiens se sont élevés les uns contre les autres, se sont condamnés réciproquement, se sont persécutés les uns les autres, et se sont même fait la guerre à cause de questions doctrinales. Cela n’empêche pas le Nouveau Testament d’exhorter l’Église à rechercher l’unité en termes de doctrine. Par exemple, dans Éphésiens, chapitre 4, versets 11 à 13, nous lisons ceci :
« C’est Jésus qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs […]. Cela en vue […] de l’édification du corps du Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ. » (Éphésiens 4.11-13)
Dans ce passage, l’Apôtre Paul dit de l’Église qu’elle est le corps du Christ. Et il dit que l’Église ne peut pas atteindre sa maturité en Christ sans que nous soyons unis dans la foi et dans la connaissance. Pour cette raison, l’unité doctrinale doit être recherchée par tout chrétien.
Bien sûr, il y a beaucoup d’autres aspects de notre vie chrétienne qui doivent influencer notre étude de la doctrine. Il y a des choses que nous devons faire, comme aimer Dieu et notre prochain, rechercher la sainteté, dépendre de la puissance du SaintEsprit, et méditer sur Dieu et sur sa parole. Quand on se concentre seulement sur la doctrine, tout en ignorant ces autres choses, on risque de se fourvoyer sérieusement. Comme Paul nous le dit sous la forme d’un avertissement, dans 1 Corinthiens, chapitre 13, verset 2 :
« Quand j’aurais […] la science de tous les mystères et toute la connaissance, […] si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. »
(1 Corinthiens 13.2)
Comme l’indique ce verset (et beaucoup d’autres), le fait d’avoir beaucoup de connaissances théologiques est important, mais ce n’est pas la chose la plus importante en matière de foi chrétienne.
Une des façons les plus efficaces d’éviter que les controverses théologiques aient des conséquences néfastes, c’est de mettre en valeur l’unité doctrinale que nous avons avec tous les disciples de Christ dans le monde. Nous avons peut-être le souci du détail en théologie, mais si nous avons en même temps le souci de l’unité, la doctrine peut avoir pour effet de nous unifier plutôt que de nous diviser.
« L’Église de Jésus-Christ se soucie beaucoup, aujourd’hui, de son unité. Il existe tant d’églises différentes, et de points de vue différents, sur le Saint-Esprit, sur les femmes, sur le baptême. Et en même temps, on a l’impression qu’aujourd’hui, au vingt-et-unième siècle, nous cherchons davantage à nous réunir sur la base d’une action, en vue de toucher le monde, plutôt que sur la base de la vérité. Il est très intéressant de voir que notre Seigneur Jésus, et aussi l’Apôtre Paul, quand ils pensent à l’unité des chrétiens (je pense à l’évangile selon Jean, chapitre 17, et aussi à Éphésiens, chapitre 4), et bien ils pensent à l’unité que nous avons du fait que nous avons un Dieu, un Seigneur, un Esprit, une foi, un baptême. Et donc ce sont les vérités, ou encore l’ensemble de la vérité à laquelle nous croyons, qui doivent être le fondement de notre unité en Christ. » [Dr Samuel King]
Dans le monde entier, il y a des centaines de millions de vrais disciples de Christ qui sont fermement attachés aux enseignements bibliques fondamentaux qui sont résumés dans le Symbole des Apôtres. En fait, en ce moment-même, d’innombrables chrétiens font face à la persécution et au martyre à cause de cet attachement. Ils ne sont peut-être pas d’accord avec nous sur un certain nombre de points de théologie. Il se peut même qu’ils rejettent vigoureusement certains points de vue auxquels vous et moi sommes très attachés. Mais malgré nos différences, nous avons en commun ce que le symbole dit sur Dieu, sur l’Église, et sur le salut. Souvenons-nous de la façon dont Jésus a prié pour l’Église, dans Jean, chapitre 17, verset 23 :
« Qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés, comme tu m’as aimé. » (Jean
17.23)
Notez bien que Jésus a dit que l’unité de l’Église serait la preuve qu’il avait été envoyé par le Père. Quand nous nous tenons côte-à-côte avec d’autres disciples de Christ, quand nous mettons l’accent sur ce qui nous unit théologiquement, nous sommes en train de témoigner au monde que l’Évangile est vrai, et notre évangélisation s’en trouve renforcée.
« Une fois qu’on a défini ce qu’est l’Évangile, et une fois qu’on s’est mis d’accord sur ce qui est notre terrain d’entente, je crois qu’il y a une façon de rechercher l’unité et la vérité qui consiste à dire que nous sommes tellement attachés à cette unité que nous avons dans l’Évangile, que nous allons rechercher ensemble l’unité, dans la vie et dans le service, de telle façon que nous n’allons pas demander à l’autre de renoncer à ses convictions. À la place, nous allons même nous réjouir de ces domaines dans lesquels nous ne sommes pas d’accord. Nous pouvons exprimer nos désaccords respectueusement. Nous pouvons le faire intelligemment. Nous pouvons le faire avec amour. Mais nous allons chercher en l’autre les choses qui font notre joie commune, en termes de vérité et de convictions. Et ces choses-là, nous allons les valoriser jusqu’à un certain point, pour que nous puissions nous réjouir de notre unité, et en même temps avoir, de façon consciencieuse et légitime, des convictions théologiques différentes dans certains domaines. » [Dr J. Ligon DUNCAN III]
Le Symbole des Apôtres peut aider les chrétiens, où qu’ils soient, à faire la différence entre les doctrines qui sont essentielles, et celles qui sont secondaires. Appuyons-nous sur ce symbole dans notre vie personnelle et dans la vie de l’Église, et nous verrons que la théologie n’a pas forcément pour effet de nous diviser. Au contraire, nous serons amenés à nous unir avec d’autres serviteurs fidèles du Christ, et de ce fait, nous réaliserons la vision que Jésus lui-même avait pour son Église.
Dans cette leçon, qui a servi d’introduction aux articles de foi du Symbole des Apôtres, nous avons parlé de l’histoire de ce symbole : comment il est apparu et quel était son but. Nous avons fait un survol des doctrines qu’il contient, et qui sont relatives à Dieu, à l’Église, et au salut. Et nous avons évoqué l’importance de ces articles de foi en tant que fondement, et au niveau de leur portée universelle et de leur caractère unifiant.
Le Symbole des Apôtres est un document historique extrêmement important, qui a servi à résumer les doctrines chrétiennes essentielles pendant des centaines et des centaines d’années. Aujourd’hui encore, ce document continue de nous donner un point de départ que nous pouvons avoir en commun avec tous les théologiens chrétiens et avec toutes les dénominations. Dans les leçons suivantes, nous étudierons plus en détail les articles de foi du Symbole des Apôtres, et la façon dont ces articles expriment les vérités de l’Écriture qui sont le socle commun du christianisme dans le monde entier.